Le complot des chiraquiens
par Roues Libres
mardi 21 novembre 2006
Sarkozy élu, outre le hachage menu, ce sont cinq années sans aucun recours, aucune organisation, aucun abri où s’enterrer. Avec toutes les chances d’un deuxième mandat pour l’intéressé ou une alternance logique. Dix ans d’exclusion. Mettez-vous à la place des chiraquiens cinquantenaires qui d’ici six mois risquent d’en prendre pour dix ans... Ils feront tout pour échapper à l’édouardisation qui les menace et ont déjà préparé leur plan. Craignons le pire. Ils sont devenus ségoliens.
De Villepin, lui, depuis le coup du CPE, s’est mis en plongée périscopique. Il sait bien que sauf miracle, il lui faudra passer son tour, cette fois. Quoique... sait-on jamais, l’histoire est pleine de rebondissements et d’imprévus que les plus clairvoyants ont su même parfois organiser... Pourquoi ne pas convaincre le Prince que lui seul peut renverser le cours des choses et empêcher l’imprécateur libéral de sonner l’heure de la rupture. Paris-Match a fourni l’opportunité d’un premier coup de trompe. La rédaction de Paris-Match a des comptes à régler avec Sarkozy. L’histoire de la page de couverture avec Cécilia et son fiancé jouant "Brève rencontre", Nicolas ne l’avait pas digérée du tout. Grosse migraine, brûlures d’estomac et d’amour propre. D’autant qu’il pensait savoir d’où venait le coup... Il exigea donc une intervention et l’obtint de son ami Arnaud Lagardère, la tête d’Alain Genestar, le patron de Paris-Match, qui ne se prive pas aujourd ’hui de faire savoir qu’il a négocié ses indemnités et de le dire à qui veut l’entendre, couvrant largement les dénégations innocentes de Sarkozy. Personne ne s’étonnera donc de voir ce bel hommage consacré à l’hôte de l’Elysée s’étaler dans les pages du journal pour son numéro 3000. Une semaine à l’ Elysée, par Laurence Masurel. Une manière pour la rédaction de Paris-Match de renvoyer l’ascenceur, en nous montrant un Chirac pétant de forme, premier dans son bureau le matin, dernier le soir à éteindre la lumière. Le président travaille, lui. Et Bernadette nous le confirme, innocente, "son mari est en pleine forme". Le Conseil constitutionnel ce sera pour "dans cinq ans". Tiens, tiens..
Le même Match nous montre également une Michèle Alliot-Marie au milieu de sa constellation de généraux étoilés , le regard altier : "Quand Michèle Alliot-Marie lève les yeux vers les sommets du pouvoir, ce n’est pas pour envisager une ascension par le versant famille et réalités quotidiennes... Elle regarde la paroi la plus abrupte : la voie de l’orgueil et de l’ambition. "
Tout cela nous fait du monde au pied de la montagne de Ségolène qui, vaillante en bonne chef de patrouille de jeannettes, a décidé qu’elle se mettait à l’écoute des Français jusqu’en janvier. Elle a raison, plus elle écoute et moins elle parle, et plus les sondages la propulsent vers les sommets.