Le dernier rôle de Nicolas Sarkozy ?
par Laurent Herblay
samedi 23 janvier 2016
C’est l’événement politique de ce début d’année : la sortie du livre de Nicolas Sarkozy, « La France pour la vie ». Pour se relancer, il conjugue une forme d’auto-critique et une amorce de programme pour 2017. Que penser de ce nouveau nouveau nouveau nouveau Nicolas Sarkozy ?
D’énormes ficelles de communication
Ce qui est frappant dans cet exercice de communication politique, c’est le caractère finalement très convenu de ce livre. Certes, aucun président sortant n’était allé aussi loin dans l’auto-critique, mais aucun président défait n’était revenu en position de se présenter à nouveau, et le mea culpa est habituel pour ceux qui ont eu un revers. Et comme tous ceux qui ont eu recours à cette figure de style, Nicolas Sarkozy s’excuse à moitié. Les erreurs de son début de mandat ? Il voulait sauver son couple et n’était alors qu’un homme, pas encore un président. Ses échecs ? Il a ouvert trop de chantiers et il n’a pas changé les directeurs d’administration. Mais ces reconnaissances d’erreur sont trop tardives, calibrées, scénarisées et atténuées pour être vraiment sincères. Elles ne sont qu’un énième exercice de communication.
Ce faisant, l’ancien président ne convaincra pas beaucoup plus de monde que ceux qui l’apprécient. Cela peut être suffisant pour gagner des primaires face à Alain Juppé, tant les deux hommes convergent sur le plan des idées, l’un semblant se modérer un peu (sur le mariage pour tous) quand l’autre se droitise sur les questions sécuritaires, cherchant tous deux le centre de leur famille politique plutôt que de vraiment réfléchir. Mais finalement, ce qui frappe, c’est que tout ceci est très convenu, malgré la vraie-fausse surprise de l’auto-critique. Le probable candidat des dits Républicains surfe sur l’écume de son histoire, se laissant pousser par les vents du moment, sans sembler le moins du monde réfléchir aux enjeux du moment. Pas étonnant que les Français souhaitent qu’il honore sa promesse de retrait.
Bien sûr, Nicolas Sarkozy nous vendra demain qu’il a tiré les leçons du passé, qu’il a pris du recul, qu’il a appris dans l’adversité. Mais il ne s’agit que d’une grande comédie d’un homme qui a un besoin de revanche et qui est prêt à presque tout pour être président, sans jamais se soucier de réaliser quoi que ce soit, si ce n’est son propre destin. Attention, les ficelles se voient.