Le duel Aubry / Hollande - Le PS va-t-il virer à gauche ?

par L’Oeil qui court
jeudi 13 octobre 2011

L'UMP et les primaires :

En présence du programme d’Arnaud Montebourg, Jean-François Copé évoque le spectre soviétique, pourtant depuis longtemps tombé en désuétude : "C'est ce qu'ont fait les bolcheviks en 1917"a-t-il dit. Ces paroles signent un retour en arrière qui montre le désarroi suscité au sein de l’UMP par le succès des primaires.

Le libéralisme a permis et favorisé la démultiplication de la dette. Il ne connait pas de solutions de sortie. Les mesures préconisées mènent à une dégradation financière, économique et sociale graves pour les couches moyennes et populaires et dramatiques pour les pays pris dans la tourmente.

L’argument de l’effondrement économique attendu si la gauche radicale arrivait au pouvoir oblitère la réalité tissée depuis 10 ans en France mais également aux Etats-Unis et dans toute l’Europe.

Si plusieurs voix s’élèvent dans les rangs de la droite pour qualifier l’initiative intéressante, un document a été distribué 5 jours avant les élections à ses membres indiquant les réponses pré-fabriquées à donner aux journalistes. Il s’agit alors de dénigrer la portée de l’évènement. Les prédictions sont un peu comme la météo. Très peu fiables à 5 jours et les réponses aux journalistes inadaptées et saugrenues.

Vers le deuxième tour :

Le débat télévisé du deuxième tour des primaires s'est déroulé entre Martine Aubry et François Hollande hier soir à 20h35, sur France 2.

Ségolène Royal

Ségolène Royal a annoncé son soutien à François Hollande pour trois raisons :

- « il est arrivé en tête du premier tour et il est légitime d’amplifier cette avance,

- les solutions neuves que je défends seront prises en compte dans le programme du candidat : réforme bancaire, lutte contre les licenciements, moralisation de la vie politique avec le non-cumul des mandats et mutation écologique de l’économie

- J’ai décidé de prendre mes responsabilités pour aider le plus efficacement possible à la victoire de la gauche »

Le choix de Arnaud Montebourg : "Les Français sont libres" :

La position d’Arnaud Montebourg est différente. Il n’estime pas pouvoir garantir que ses positions seront intégrées par l’un ou l’autre candidat. Il publie une lettre adressée aux deux candidats qui « a pour objectif d'éclairer avant dimanche l'opinion finale des 450.000 Françaises et Français qui m'ont fait l'honneur de leur confiance » dit-il.

« Ces femmes et ces hommes sont libres et feront leur choix en conscience. » ajoute-t-il. Il reconnait une majorité civile aux citoyens qui, en connaissance de cause et il s’y emploie, décideront de voter ou de s’abstenir au deuxième tour selon leur propre jugement.

Il semblerait qu’Arnaud Montebourg renonce à ces tractations et alliances souterraines, classiques de la politique. Il semblerait qu’il s’engage sur la voix du respect des engagements pris envers ses électeurs. Il semblerait qu’une promesse de poste négociée vaut moins pour lui que les idées et la parole donnée. Est-ce aussi cela « la Nouvelle France ? »

"La politique doit redevenir plus forte que l'économie et la finance" : 

Arnaud Montebourg s’intéresse dans un premier temps aux facteurs de réduction de la dette et au rétablissement d’une justice financière. «  La politique doit redevenir plus forte que l’économie et la finance » dit-il.

Quel contrôle du système financier ?

- Il suggère une mise sous tutelle publique des banques et la séparation des activités de collecte de dépôt et celle d’affaires,

- Il instaure la notion de solidarité bancaire qui se substitue à la solidarité unilatérale du citoyen.

- Il préconise l’interdiction de la spéculation sur l’épargne et instaure des mesures de lutte contre l’évasion fiscale.

- Il appelle à la création d’une taxation nationale et européenne sur les transactions financières.

- Il mentionne la réforme nécessaire des statuts de la Banque Centrale Européenne, afin de lui permettre le rachat de la dette des Etats.

Le protectionnisme :

Arnaud Montebourg définit ensuite les mesures protectionnistes qu’il préconise. Le troisième homme de la primaire interpelle donc Martine Aubry et François Hollande sur les mesures précises et concrètes qu’ils envisagent de prendre pour protéger l’industrie, les savoir-faire, les emplois de notre pays :

- Un arsenal juridique mettant en place les mesures de la « démondialisation » est à instaurer visant à remettre en ordre l’économie internationale qui s’est affranchie de toute règle.

- Il est impératif de mettre en place des mesures de protection empêchant le départ de nos entreprises à forte valeur technologique.

- Les entreprises qui délocalisent doivent être sévèrement sanctionnées

- Le juste échange est une mesure insuffisante qui a fait la démonstration de son inefficacité.

Un Etat probe et démocrate :

C’est le projet de la sixième République :

- qui donne plus de pouvoir au parlement et un rôle de contrôle des institutions,

- qui réduit l’immunité du président de la république,

- qui instaure le droit de vote aux élections locales des étrangers

- qui crée le référendum d’initiative citoyenne …

L'égalité, un risque pour la droite ?

L’effondrement de pays proches faisant partie de l’Union Européenne, effondrement qui menace la France, impose le constat de l’inefficacité du modèle économique actuellement en vigueur. Le creusement des inégalités fragilise la base des Etats et jette dans l’indigence un nombre croissant de personnes. 80 millions d’Européens perçoivent des revenus inférieurs au seuil de pauvreté (850€ par mois). 3 millions de Français ont besoin des repas des restaus du cœur pour bénéficier d’un repas par jour.

De quel risque parle donc la droite ?


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