Le Frexit, par amour de la France (réponse à Tythan et aux autres)

par Laurent Herblay
mardi 2 avril 2019

Le papier de lundi dernier a déclenché une série de réactions à laquelle je ne m’attendais pas. N’ayant pas eu le temps de répondre dans les commentaires, je préfère reprendre la plume dans un nouveau papier pour répondre aux différents points soulevés et mieux expliquer encore pourquoi j’ai pris position pour l’UPR en vue des élections européennes qui se dérouleront fin mai.

 

Un choix politique, devenu évident
 
Le papier de lundi n’est pas venu sur un coup de tête. C’est le fruit d’une longue maturation sur le choix de mon vote, dont l’aboutissement a été suffisamment clair pour que j’en fasse part deux mois avant l’élection, alors que j’avais davantage tardé pour le premier tour de l’élection présidentielle de 2017, choisissant NDA, comme cela a été rappelé. Et bien plus que la douche froide du choix de NDA d’entre-deux tours d’alors, qui, malgré mon désaccord, comportait un vrai courage politique à oser un tel choix, qui aurait pu tout lui faire perdre, c’est le sens politique du vote qui a compté. Si je n’ai pas varié dans mon souhait de mettre à bas l’ordre européen actuel, pour le remplacer, si possible, par de seules coopérations inter-étatiques sans le moindre centre de pouvoir indépendant, j’ai évolué sur la méthode.
 
Je ne peux pas nier avoir cru, un temps, qu’il serait possible pour la France, de quitter immédiatement l’euro, et d’engager un bras de fer avec nos partenaires, sur un temps limité, pour radicalement transformer l’UE et en retirer la moindre once de fédéralisme, en étant prêt à tout quitter au cas où il serait impossible de véritablement la transformer. C’est pour cela que j’avais contribué, en 2008, à la rédaction d’un traité alternatif, repris par NDA en 2009. Cette ligne était la sienne, jusqu’au premier tour de 2017. Depuis, deux complications sont apparues. Il y a deux ans, DLF a bien modéré son discours sur la question européenne, ne faisant plus de la sortie de l’euro un préalable, et tenant un discours de changement de l’UE de l’intérieur. En somme, DLF est devenu bien moins souverainiste.
 
Parallèlement, en travaillant sur la sortie de l’euro de 2010 à 2012, et avant même Tsipras et le Brexit, je suis arrivé à la conclusion que le processus de négociation ne pouvait pas aboutir. C’est pour cette raison que, dès 2012, j’ai publié des papiers critiquant la voie de l’article 50 et pris position pour une sortie unilatérale et rapide. La reddition sans condition de Tsipras en 2015, et le processus effarant du Brexit depuis près de 3 ans maintenant n’ont fait que me renforcer dans la conviction que pour changer, il faut gagner un mandat pour une sortie de l’euro et de l’UE immédiate et unilatérale. Et ma méfiance pour un autre chemin n’a fait que grandir avec des fâcheux précédents.
 
Comment croire une seconde qu’un président élu avec un simple mandat de changement de l’Europe, qui ne voudrait pas sortir de l’euro immédiatement, pourrait réussir, même avec dans sa manche un plan B (un vocable révélateur), que Tsipras n’avait pas réellement ? Bref, la voie défendue par NDA, plus modérée et moins souverainiste qu’il y a deux ans n’est pas crédible pour moi. C’est pour cette raison que je ne peux pas lui apporter mon soutien. Sa position a évolué dans un sens contraire à la mienne, et je doute que le but affiché soit non seulement atteignable de la sorte, mais plus encore véritablement souhaité… Qui plus est, aujourd’hui, il y a une offre politique proche de mes idées.
 
Bien sûr, je ne suis pas d’accord sur tout, notamment l’utilisation de l’article 50. Mais à supposer que l’UPR arrive au pouvoir, je n’aurais pas de doute sur la conclusion du chapitre européen. Si mon choix ne se porte pas sur les Patriotes, c’est parce que l’UPR a fait preuve d’une constance inébranlable depuis longtemps sur ces questions, et que ce parti me semble davantage installé dans notre vie politique. Il me semble logique de lui apporter mon soutien pour ces raisons, même si je ne verrais pas d’un mauvais œil un rapprochement en vue de ces élections européennes, qui me semble la condition sine qua non pour pouvoir envoyer des députés pro-Frexit au parlement européen en 2019.
 
Dans le même temps, NDA a fait de l’union de la droite son principal objectif. Cela me semble une double erreur. D’abord, c’est faire d’un éventuel moyen politicien un objectif alors qu’il n’est qu’un moyen. Et outre le fait d’être irréaliste à mon sens, ce choix est aussi en contradiction avec ce que je souhaite pour la France. Notre pays n’a pas besoin d’un virage à droite. Au contraire, d’un point de vue économique, il faut un coup de barre vers plus d’Etat, de services publics et de redistribution. L’union des droites, ce serait plus de malheur pour les Gilets Jaunes, moins d’argent pour les territoires et toujours plus pour les 1%. Et si les dépenses publiques étaient plus basses sous de Gaulle, c’est parce qu’il y avait peu de chômeurs, bien moins de retraités et un système de santé moins développé. 
 
 
Bref, le choix que je fais aujourd’hui est un choix politique, pour ce qui me semble être, sans le moindre doute, le mieux pour la France. Et fondamentalement, comme je l’explique depuis quelques temps, je crois à une explication des raisons du Frexit, et au fait de demander un mandat sans ambiguité pour le mener. La voie masquée évoquée ne me semble pas recommandable, car pas totalement honnête, ce qui risquerait en outre de compromettre le changement dont nous avons besoin.

Lire l'article complet, et les commentaires