Les résultats de l’élection européenne sont tombés et il faut bien reconnaître que le fait politique majeur est le succès du parti de la famille Le Pen, qui devance largement le PS et l’UMP. Pour quelles raisons ce parti nauséabond a pu atteindre un tel résultat, et quelles implications pour l’avenir ?
Tremblement de terre électoral
Il faut bien reconnaître que
le résultat du FN est objectivement très bon. En effet, les élections européennes n’avaient jamais été son meilleur scrutin puisqu’il n’avait jamais dépassé 11,73%, du fait d’un électorat ayant tendance à davantage s’abstenir et de la présence des listes Villiers de 1994 à 2009. Du coup, le FN faisait généralement moins qu’aux présidentielles (
11,7% en 1989 contre plus de 14% en 1988, 10,5% en 1994 contre plus de 15% en 1995, 5,7% en 1999, avec en plus une liste Mégret à 3,3%, 9,8% en 2004 et 6,3% en 2009). Le score est doublement historique pour le FN, puisqu’il est de loin son meilleur score national et il faut noter qu’il fait mieux que les
17,9% de Marine Le Pen en 2012, alors que le Front de Gauche s’effondre par rapport à la performance de Mélenchon (6% contre 11%).
2014 apparaît comme une réédition amplifiée de 2002 puisque le parti lepéniste devance non seulement le PS mais aussi l’UMP. Le pouvoir ne semble pas réussir aux socialistes, et, à contratrio, les socialistes au pouvoir réussissent bien au FN... Le PS, peu fringant à ces élections, enregistre un échec encore plus cuisant qu’en 1994 et 2009. Ce faisant,
on peut s’interroger sur la curieuse stratégie de du président, qui n’a pas attendu pour changer d’équipe gouvernementale, prenant le risque de l’exposer à un rapide échec cinglant. Ne valait-il pas mieux attendre les élections européennes pour tourner la page des deux premières années du mandat de Hollande,
qui a tout fait pour réduire la campagne. A noter le bon score de Debout la République qui approche les 4% et s’installe dans le paysage politique.
Un contexte extraordinairement favorable
Malgré tout, il faut mettre un bémol au très bon résultat objectif du FN. Le contexte lui était favorable d’une manière assez extraordinaire, du fait de l’alliance inédite de trois facteurs majeurs. D’abord, le pays traverse une crise économique depuis plus de 5 ans, qui a poussé le chômage à un nouveau record historique. La longueur de la crise et la co-responsabilité du PS et de l’UMP favorise forcément le plus gros parti qui n’a pas été associé à cet échec. Ensuite, la majorité au pouvoir a atteint un niveau d’impopularité historique, ce qui pousse à la hausse le vote de protestation. Enfin, l’UMP, c’est une guerre des chefs sanglante, des scandales à répétition et une incapacité à proposer une alternative. On peut considérer qu’il s’agit d’abord d’une victoire par défaut, par-delà les limites du Front National.
Et si on ajoute à cela
le bilan global désastreux de l’UE et la gestion calamiteuse de la crise de la zone euro, il n’est pas illogique que les Français aient voulu exprimer un triple rejet : de l’UE, du PS et de l’UMP. Et malheureusement, le FN a été le réceptacle principal, pas illogiquement, ce ce triple vote sanction. Ce faisant, il a sans doute bénéficié d’une forme de vote utile des électeurs qui en avaient ras le bol de l’UE, du PS et de l’UMP, qui n’ont pas voulu disperser leur vote et préférer le concentrer sur le véhicule le plus puissant aujourd’hui pour marquer les esprits. Ce faisant, le Front National a réalisé hier un véritable hold up sur le vote anti-UE,
en progressant nettement par rapport à 2012.
Dans les prochains jours, je reviendrai plus longuement sur les raisons de ce résultat