Le jaune et le vert
par Jean-Paul Foscarvel
samedi 24 novembre 2018
La contestation est à son comble, le jaune est dans la rue, refusant une taxation sur le pétrole imposé part un vert hors sol.
Le modèle français est en déroute
Depuis quasiment les années soixante, puis soixante-dix malgré la crise du pétrole, à l'époque suite à son augmentation via l'OPEP, le modèle français est basé sur l'automobile.
Pour une partie de la population, la liberté est passée par le petit pavillon, le jardinet et son bac à sable, et bien entendu la sacro-sainte bagnole.
De la maisons au travail, du travail aux loisirs, des loisirs aux commerces, des commerces à la maison, tout passe par le vecteur automobile.
Dans les villes, les centres se vident de leurs anciennes échoppes, remplacées par des agences immobilières, des assurances et des banques, ce qui les rend particulièrement inhospitalières et évacue toute la convivialité.
Dans les zones périphériques, s'étendent à perte de vue les horribles zones commerciales et zones industrielles, mangeant les espaces agricoles, détruisant les lieux autrefois réservés à la nature, pour donner lieu à des cohortes de hangars plus moches les uns que les autres, destinés soit au travail pauvre, soit aux achats de toutes sortes, uniquement accessibles en véhicule automobile.
C'est ce modèle pour lequel la voiture est indispensable qui est et sera remis en cause par les hausses successives de carburants, mais c'est ce modèle que les hommes politiques sont incapables de remettre en cause, tant la construction de ces zones horrifiques reste d'actualité (notamment en région parisienne).
L'échec de la politique de l'offre
Le gouvernement actuel, mais aussi le précédent (puisque c'est Hollande qui a intronisé Macron), ont basé leur stratégie économique sur la politique de l'offre.
Cette politique consiste à réduire les charges et les impôts pour les sociétés, afin de les inviter à investir davantage, considérant que les charges en moins favoriseront un recrutement plus important. La reprise des activités des entreprises entraînera un cercle vertueux et redressera l'économie.
Sauf que le budget global est bloqué par les diktats européens, et que la diminution des impôts par là devra être compensée par ailleurs.
Et cet ailleurs, ce sont les classes moyennes basses, les travailleurs pauvres, les retraités. Ceux qui ont déjà des difficultés à boucler les fins de mois doivent donc financer la politique d'aide aux entreprises dont certaines font déjà des bénéfices importants, les aides servant uniquement aux actionnaires.
Cette politique ne redresse pas l'économie pour plusieurs raisons, notamment par la diminution de la demande intérieure, malgré tout fondamentale, et par l'utilisation de ces aides non pour embaucher ou investir vraiment, mais soit pour augmenter la part de spéculation financière, soit pour augmenter les dividendes des actionnaires.
Résultat : les gens s'appauvrissent et l'économie ne redémarre pas.
La taxe sur les carburants : un coup de génie qui fait flop.
La taxe sur les carburants permettait de résoudre, dans la théorie, l'équation impossible : taxer légitimement les pauvres.
Le prétexte, cependant basé sur une réalité, de la transition écologique permettait de culpabiliser les automobilistes, et l'instauration de la taxe pourrait paraître légitime. Les pollueurs payeront.
Sauf que ces pollueurs, c'est l'ensemble de la population française, hormis les centres des grandes villes, et que tout le modèle français est tel qu'ils n'ont pas le choix.
Nous ne sommes pas aux Pays Bas, où les pistes cyclables parcourent le pays, et les moyens de transport ferroviaires sont de plus en plus chers, inefficaces, et ne concernent que les liaisons Paris -Province. Qu'un lyonnais veuille rejoindre Bordeaux ? Qu'il passe par Paris !
Ce modèle doit certes être modifiée, mais ce n'est pas l'imposition d'une taxe injuste qui va modifier en profondeur les choses, au moment même où les trains intercité (pour ne prendre qu'un exemple) sont régulièrement mis en cause.
La culpabilisation des français moyens qui payent des années de politique aveugle ne passe pas.
Un ras-le-bol général
La politique du gouvernement favorisant les riches au détriment de la population "normale" a fini pas exaspérer les français, et les Gilets jaunes en sont le reflet incandescent.
Les mouvements enflamment les régions et finiront par enflammer l'hyper centre parisien sourd et aveugle.
Les propos réguliers de Macron insultant la population dont il est censé être le représentant est une insulte non seulement vis-à-vis des citoyens qui l'ont élu, mais également vis-à-vis du système démocratique lui-même.
Ce président n'est tout simplement plus légitime.
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PS : C'est un nanti qui le dit !