Le Larzac est dans l’Aveyron !

par Bruno de Larivière
samedi 26 novembre 2011

Un documentaire sur le Larzac fait beaucoup parler de lui. Extrait avec paysages et vieux résistants... La critique encense dans une large unanimité. Je me contenterai de rappeler quelques données.

Quels sont les atouts naturels de l'Aveyron ? Une AGRICULTURE bien peu traditionnelle, avec deux traits caractéristiques : la captation de la terre et la montée en puissance de l'agroalimentaire.


Le nombre d'exploitations est passé de 15.700 en 1988 à 10.700 en 2000. Le nombre d'exploitations de plus de 100 hectares a augmenté de 60 % dans la même période. La variété des activités diminue, au profit de l'élevage de brebis laitières pour les industriels du Roquefort... L'agrotourisme offre une (modeste) porte de sortie.
Dans ce contexte, le sud du département ne tire absolument pas son épingle du jeu. C'est pourtant là que s'étend le camp militaire du Larzac (source : Insee).

Sur quoi se base aujourd'hui l'économie de l'Aveyron ? Un TOURISME de classe moyenne, à faible valeur ajoutée. Le potentiel patrimonial est réduit. Ce qui existe est exploité à fond. Le meilleur exemple est le site de la petite ville de La Cavalerie. Chaque habitant semble transformé en templier pour les touristes. Le parc d'attraction n'est visiblement pas l'objectif recherché par les responsables du parc naturel des Grands Causses ... ?
Le Comité Département du Tourisme de l'Aveyron affiche son objectif : une affluence en hausse. Il constate toutefois que l'activité repose sur l'accueil par des particuliers (gites). Les touristes recherchent la nature. Autant dire que le bénéfice économique est limité : moins de 30 € par jour et par personne. Quand le Comité met en avant le viaduc de Millau, l'arrivée d'une nouvelle autoroute ou encore l'ouverture de l'aéroport 'low cost' de Rodez, on perd de vue la logique environnementaliste (source).

Quel est le bilan démographique ? En terme de CROIT NATUREL, le département de l'Aveyron stagne et vieillit : 278.300 habitants en 1975 contre 275.900 en 2008. Si l'on 'extrait' les trois vallées (Tarn, Aveyron et Lot), la déprise est brutale (source). Le paysage du plateau échantillonne ce qui pourrait devenir le désert français... (image satellite). Ce que l'on observe dans cette partie méridionale du Massif Central renvoie à une problématique plus générale : l'augmentation de la taille moyenne des exploitations ('Le bon sens paysan et la spéculation') en lien ou non avec l'extension des zones urbanisées ('Les villes boulimiques se nourrissent des campagnes anorexiques') résulte d'une logique PRODUCTIVISTE. Houellebecq a récemment cru jeter un pavé dans la mare, après bien d'autres ('Cochon qui rit').

Alors l'armée aurait-elle changé l'économie du sud du département en élargissant le camp militaire du Larzac ? Sans doute pas. Mais que dirait-on aujourd'hui, si l'on fermait d'autres camps, en Champagne ou dans le centre de la Bretagne ? Je gage que le mot emploi reviendrait comme un leitmotiv. Il me paraît en tout cas juste de rappeler ce que le plateau est devenu.

Ce n'est pas parce que les années 1970 (et le Larzac) sont à la mode qu'il faut perdre tout regard critique.

Incrustation : carte postale


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