Le libéralisme est étatiste
par Adrien Faure
vendredi 30 novembre 2012
« Il est tout aussi vrai, cependant, que si le capitalisme triomphe, c’est au prix de la schizophrénie de ses partisans. Le triomphe du capitalisme, c’est le triomphe de l’Etat – au service, certes, du capital, mais contre la rhétorique libérale de ses idéologues. Nul projet politique n’est plus attaché à l’Etat que celui du libéralisme. » Pascal Holenweg
Les idéologues libéraux ont l'habitude de nous rabâcher les oreilles avec leurs pulsions anti-étatistes.
Pourtant, si leur démonstration théorique peut avoir un semblant de sens, la réalité dément leur discours.
En effet, les libéraux fondent leur organisation économique sur la propriété privée des moyens de production et sur la liberté économique (des possédants de jouir sans entrave de leur propriété et d'en faire ce qu'ils veulent).
Mais cette propriété privée des moyens de production (du capital économique et financier) signifie simplement qu'une minorité possède les moyens de production (et par conséquent touche les profits réalisés à partir de ces derniers), et qu'une majorité n'en possède pas.
Bref, le libéralisme est fondé sur l'inégalité et l'injustice, sur le vol d'une majorité par une minorité.
La question qui découle de ce mode d'organisation économique est de savoir comment maintenir une telle inégalité ?
Et bien, évidemment, par l’État...
L’État au service de la classe possédante, l’État capitaliste, protège les intérêts de cette classe en préservant son ordre juridique (libéral) par la force et la coercition.
Aucune organisation inégalitaire, inéquitable, injuste, ne peut se maintenir sans domination de classe, et sans que la classe dominante n'emploie l’État à protéger ses intérêts de classe.
Ainsi, les idéologues libéraux sont de véritables maîtres du paradoxe, habiles à manier la langue pour tenter de démontrer toute la nuisance de l’État, alors que leur ordre juridique, dans ses fondements, ne peut se maintenir que par la force de l’État et par la coercition.
Au contraire, le socialisme, en prônant la propriété des travailleurs sur leurs moyens de production, l'organisation de la société décentralisée (le pouvoir aux communes), et l'autogestion (vive la démocratie directe), est véritablement peu étatiste.