Le mariage homosexuel dans le paysage politique

par PreciousOzOz
samedi 2 juillet 2011

Après le rejet de loi pour la légalisation du mariage homosexuel, mardi dernier, au Parlement français, l’heure est au bilan. Que dire ? Sommes-nous une nation rétrograde ? Dans un sondage publié au mois de janvier, 58% des Français se déclaraient pourtant favorables au mariage, et environ une personne sur deux affirme être pour l'adoption des couples homosexuels.

Nos politiques sont-ils en retard sur l’opinion ? En dressant un bref éventail du paysage politique, on pourra peut-être entrevoir qui ou quels sont les obstacles au vote.

A droite, la majorité UMP est contre le projet de loi du député PS Patrick Bloche, « il ne faut pas aller dans le sens du vent ou céder à un effet de mode », estime le député UMP Michel Diefenbacher. Le parti est miné cependant par de fervents partisans tels que Roselyne Bachelot, ministre de la Cohésion sociale ou Jeannette Bougrab, secrétaire d'Etat à la jeunesse. De même, Franck Riester, proche de Jean-François Copé, qui n'avait pas fait mystère de sa position (pour). En somme, que reproche la droite au mariage homosexuel ? Le mariage est une institution sociale qui doit rester réservée aux couples hétérosexuels.

La cohésion du parti est mouvante. La dynamique est une fois encore interrompue et les divisionnistes sont accusés d’ « opportunistes » par Jean Leonetti, le vice-président du groupe UMP.

Les « nouvelles droites » se montrent plus progressives. Si Villepin cherche une visibilité politique en s’estimant pour, le Parti Radical de Jean-Louis Borloo s’exprime favorablement par la voix de son président, d’Yves Jego ou de Laurent Hénart.

Le Centre est lui aussi mitigé. Le Nouveau Centre affiche un seul vote, celui de Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy, qui s’est montré pour tandis que Hervé Morin, président du parti, a expliqué que, selon lui, « le mariage puise ses racines dans la religion, pour faire court. Et je ne veux pas que la possibilité du mariage d'un couple homosexuel amène une partie de la société française à se sentir heurtée et touchée ». Le mouvement démocrate est quant-à lui plus favorable à une union civile plutôt qu’à un « mariage ». Le centre illustre finalement les tiraillements qui peuvent exister dans l’opinion française…

La gauche, émettrice du projet de loi, reste pour et s’exprime choquée – selon le député européen Harlem Désir – que le député UMP M. Vanneste ait déclaré dans les couloirs de l’Assemblée que le mariage entre deux personnes de même sexe était « une aberration anthropologique » car la « société doit assurer sa pérennité ».

La députée socialiste Annick Le Loch résume finalement la position de son parti : « Cela va dans le sens d'une égalité de droit dans une République. Il est logique que l'on accorde les mêmes droits à tous ».

La France, autrefois en avance sur ces questions, comme en 1999 avec la création du PACS, est aujourd'hui à la traîne. Le sujet prend tant d’ampleur qu’il est probable de le voir devenir enjeu des présidentielles 2012. Et si les socialistes semblent déçus de devoir attendre une échéance électorale pour concrétiser la légalisation, ils l’ont d’hors et déjà intégré dans les points clés de leur programme à la présidentielle. Mme Bachelot avait estimé mercredi à propos du mariage homosexuel que « de toute façon, cela se fera », c'est une «  question de mois, d’années ».


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