Le miracle Hollande ou la réforme silencieuse ?

par Prometheus
vendredi 26 avril 2013

Président normal, transparence, gestion responsable de l'économie. Tout semble indiqué que le Président Hollande suit les pas des pays du Nord et de leur social-démocratie. En un an de présidence nous pouvons voir que son bilan n'est pas si mauvais que ça. Malgré une cote de popularité de 26%, sa ligne politique semble être la bonne. Hollande serait-il en train de sauver la France malgré elle ?

Injuste ? Le serions-nous face à ce président qui se bat pour redresser un pays victime de la crise ?

Une république exemplaire. L'affaire Cahuzac peut nous faire penser que Hollande est comme tous les autres, un pourri. Néanmoins la gestion de cette crise par le Président semble montrer qu'il veut en finir avec la corruption et les profiteurs. Ce que beaucoup tournent en dérision et en fait une véritable révolution. Les politiciens ont enfin publié leur patrimoine. Et pour le publier ils l'ont publié. Alors que dans beaucoup de pays on demande aux politiciens de montrer leurs patrimoines à des commissions. L'électrochoc Cahuzac a rendu les politiciens français prêts à tout pour montrer qu'ils ne sont pas des voleurs mais de vrais serviteurs de l'Etat.

A la recherche des milliards perdus. Le plan budgétaire du gouvernement est responsable. Bien que mis à mal par un manque de recettes dû à la récession. Le gouvernement garde sa ligne de 0 déficit en 2017. De 2011 à 2013 le déficit baissera de 5,3% à 3,7%. De plus le déficit de la sécurité sociale est en recul, 4,1 milliards de de moins que l'année précedente. On retrouve également une révision saine des allocations familiales avec un plafonnement pour les plus riches. Ainsi que pour la retraite avec un discours vérité sur la nécessité de rallonger la durée des cotisations. Tout indique que le Président entend préserver l'état providence en réformant avant qu'il n'implose. Nécessaires réformes, impopulaires réformes mais nous pourrons constater dans quelques années que c'était indispensable d'en passer par là.

De la libéralisation du marché du travail au choc de la simplification. Moins d'état, plus de travail ! En libéralisant l'économie, Hollande montre qu'il n'est pas à la gauche de la gauche mais plutôt dans la sociale démocratie. Imaginez-vous au Canada pour ouvrir une entreprise vous avez 3 démarches à effectuer en France il en faut 27. Moins d'état permet aux entreprises de se développer, de réduire le nombre de fonctionnaire nécessaire à leur suivi. Bref de faire des économies et de dynamiser l'économie. Hollande sera-t-il le premier président à rendre l'état plus efficace ? Enfin son plan pour le marché du travail semble choquant car il remet en cause la sécurité du travail. Mais pour moins de sécurité, les salariés ont gagné plus d'avantage en ce qui concerne les allocations chômages, la formation, et leur participation. Hollande prend conscience du problème de compétitivité de la France et s'y est attaqué avec courage. Il en paie le prix dans les sondages et va très certainement devenir l'homme politique le plus hai des Français.

Dans tous les pays d'Etat-providence il y a eu à un moment un déclic et un courage politique pour instaurer ces réformes de l'économie et du système de protection sociale. Regardez ce qui s'est fait au Canada, au Danemark, en Suède, en Allemagne. Tous ces pays ont été obligés de réformer leur modèle pour qu'il puisse durer. Hollande semble incarner ce changement.

Les similitudes avec la Suède. Göran Person, premier ministrede gauche de 1996 à 2006, était l'homme le plus haït de Suède. Il a libéralisé la poste, les transports en commun, réduit les allocations, augmenter les impôts. Bref sans prendre du recul, on peut dire que cet homme est un salaud ultra-libéral. Mais il a eu le courage de faire prendre conscience à ses concitoyens que leur pays était en faillite et que soit ils perdraient tout soit ils faisaient des changements radicaux. Après trois ans de cette politique austère, la Suède a renoué avec la croissance. La Suède est aujourd'hui le deuxième pays le plus compétitif de la planète, le premier pays en matière de santé, son système de protection sociale est l'un des meilleurs de la planète. Son action était que la restauration des finances publiques était un impératif pour la souveraineté du pays s'il ne voulait pas que des investisseurs internationaux en finançant la dette du pays ne détruisent complètement son modèle social. On retrouve également le concept de "flexisécurité" en Suède. Ce concept qui part du principe qu'il est idiot de vouloir défendre des emplois condamnés à la destruction car le marché en crée de nouveaux. Si on permet de faciliter le licenciement, les entreprises sont donc plus amenées à embaucher car elles savent qu'en cas de mauvaise conjoncture ils ne seront pas pris à la gorge. En contrepartie les salariés ont un filet de sécurité fort avec des prestations chômage plus longues et d'autres avantages.

Un président réformateur mais prudent. Durant la présidence de Sarkozy, beaucoup avaient trouvé ce président trop hyperactif. Il prenait une décision puis le lendemain encore une autre. Les Français avaient un mal fou à définir sa ligne politique et ce qu'il avait décidé pour le pays. Cela ne semble plus être le cas pour le Président Hollande. Méthodiquement, patiemment, lentement, il impose un nouveau modèle à la France. Ce plan c'est de passer d'un Etat providence lourd et conservateur à celui d'une sociale démocratie fluide et responsable. Hollande semble avoir un plan pour la France, et il l'impose en douceur avec une force tranquille. On peut lui reprocher de ne pas assez bien expliquer ce qu'il fait à l'opinion, ou de ne pas assez bien polir son image comme l'aurait fait Sarkozy. De plus il semble vouloir réformer en profondeur le pays sans vouloir le dire. Peut-être par peur des réactions de l'opinion française qui n'accepte pas la réalité et préfère rêver. Mais soyez sûr que son action se verra dans les années qui viennent et que sa politique aura été un tournant dans l'histoire du pays. On peut aussi se dire que sans une inversion de la courbe du chômage les sceptiques continueront à lui casser du sucre sur le dos.


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