Le MoDem, pour quoi faire ?

par Benji27
mardi 28 juillet 2009

François Bayrou a subi un échec, mais sa présence sur le spectre politique compte toujours. En 2007, les questions fusaient sur son possible gouvernement, jugé impossible à construire. Aujourd’hui, les interrogations portent sur l’avenir du MoDem. Au-delà de ces supputations politiques, il faut avant tout se demander quelle serait l’utilité d’un gouvernement sous l’égide d’un président démocrate ?

Le centre Français a-t-il un avenir ? La réponse se trouve dans l’impossibilité des rapports constructifs gauche/droite. Car quelle est l’utilité d’un centre ? Etablir un pont entre les deux sensibilités politiques d’un pays, gauche et droite. Et on construit un pont uniquement quand il y a un obstacle à franchir. En France, au niveau politique, quel est-il ? Il se résume aux passes d’armes régulières gauche/droite à l’Assemblée Nationale…
 
En effet, les deux principaux partis (en terme de nombre de parlementaires), PS/UMP, sont incapables de se parler sans s’invectiver. Notons quelques rares exceptions qui font consensus, à l’instar de la peine de mort par exemple. Mais ces singularités sont rares, à tel point qu’on pourrait les qualifier d’anomalies. Le budget est le point d’orgue de cette bipolarisation extrême (et par conséquent inepte) : sans y jeter le moindre coup d’œil, l’opposition (quel que soit le parti ou la couleur, aujourd’hui PS et gauche) sait qu’elle votera contre.
 
La suite… suit. Quand l’opposition a voté contre le budget à l’unanimité, sans réflexion mais avec dogmatisme extrême (le parti au pouvoir a tort, quoi qu’il fasse), c’est-à-dire quand elle a rejeté les grands principes de politique générale établis pour l’année à venir par le gouvernement, ladite opposition vote presque unanimement et systématiquement contre tous les projets de loi présentés par la majorité au pouvoir. Pourquoi ? Parce que précisément ils émanent de la majorité, du parti adverse.
 
On aimerait une responsabilité accrue du rôle qui est le leur de la part des parlementaires. Qu’ils défendent leur camp est une chose, qu’ils suivent bêtement « la ligne du parti » est une ineptie totale. Quel est le but de l’Assemblée Nationale ? Débattre de projets de loi pour les amender ensuite, les voter, pour les accepter ou les rejeter enfin. A quoi sert un débat si le vote est acquis d’avance ? L’Assemblée est devenue un cirque, un théâtre, ou toutes les semaines se joue la même tragédie ; celle d’un pays où les représentants nationaux ne se parlent plus, ne réfléchissent plus, se servent d’un lieu de débats (à priori constructifs, donc destinés à améliorer, peaufiner, perfectionner les projets de loi) pour s’invectiver systématiquement.
 
L’essor actuel du centre Français, de l’UDF, est donc en soi une mauvaise nouvelle. Parce qu’il est la conséquence de l’irresponsabilité, de l’idéologie, des dogmes des parlementaires Français. Il est une bonne nouvelle parce qu’il permettra peut-être de sortir de l’ornière actuelle. Mais le centre ne peut être qu’une solution éphémère ; il faudra qu’un jour gauche et droite Française sachent se parler, construire, abandonnent les dogmes et établissent des ponts sur certains sujets. Si la formation d’un gouvernement composé de modérés de chaque camp comme le souhaite Bayrou s’avère difficile, il aura le mérite de, peut-être, apprendre aux ennemis d’aujourd’hui de se muer en simples adversaires… Et en conséquence de se parler, de construire, de réussir. Pour la France.

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