Le monarque de la République vous fera savoir...

par Sam La Touch
mercredi 28 août 2013

...s'il fait la guerre en Syrie. Comme à l'accoutumé sous le régime de la Vème République (amené par un coup d'Etat en 1958 ou "putsch démocratique" par le général de Gaulle dans le contexte colonial des "évènements" d'Algérie), le monarque républicain, élu pour cinq ans par les citoyens français, va décider seul dans la bulle de l'Elysée - entouré de ses conseillers militaires - de la guerre française en Syrie. Et, s'il est bien disposé, daignera communiquer sa décision au Parlement. 

C'est en somme ce qu'a déclaré à peu de choses près le "chef de guerre" sur les médias d'Etat qui distillent sa propagande sans guère de critiques.

Hier, le 27 aout lors de la conférence des ambassadeurs il a annoncé : "Ces derniers jours, j'ai multiplié nos consultations avec nos alliés notamment américains et européens comme avec nos partenaires arabes pour envisager toutes les options. Demain, je réunirais un conseil de défense et le Parlement sera informé de la situation dans les meilleurs délais".

En somme Hollande est prêt à engager les forces militaires françaises après en avoir discuté avec ses alliés atlantistes et les monarchies du Golfe sans que le sujet n'ait jamais été une seule fois abordée devant nos représentants au Parlement qui seront informés en temps et en heure. Une autre question se pose suite à cette déclaration : Le pouvoir décisionnaire et consultatif de l'exécutif français se situerait-il à l'extérieur dans le cadre de l'OTAN et non en interne devant l'assemblée nationale contrairement aux autres démocraties parlementaires européennes ? Les Britanniques assisteront au vote de leurs députés concernant l'engagement militaire en Syrie. C'est autre chose que la position infantile dans laquelle on maintient les "veaux" français comme se plaisait à les appeler mon général. Selon la nouvelle procédure instituée par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, lorsqu’une intervention armée est décidée, le gouvernement est tenu d'en informer le Parlement dans un délai de 3 jours. Un débat (facultatif) peut être organisé mais il n’est suivi par aucun vote. Les"veaux" pourront donc poursuivre tranquillement leur sommeil du juste hypnotisé par les lampions humanistes du prétendu pays des droits de l'homme sans savoir qu'on les maintient volontairement dans un quasi-coma concernant la politique étrangère et les décisions touchant à l'exécutif de leur pays pourtant financées par leurs impôts.

Le "chef de guerre" a par ailleurs aussi décidé seul d'accroitre le soutien aux rebelles syriens : "j'ai décidé d'accroître notre soutien militaire à l'opposition syrienne", rappelant que "la France fut la première à reconnaitre la Coalition nationale syrienne comme représentante légitime du peuple syrien". Tout cela toujours sans aucun débat et de vote parlementaire bien sûr. Parlementaires, vous pouvez retourner en vacances, il n'y a rien à voir ! (Assemblée nationale : fermeture pendant les vacances !)

Notre "chef de guerre" est donc prêt à envoyer les troupes faire la guerre en Syrie sur son intime conviction.

"Ces derniers jours, sans attendre le résultat des experts de l'ONU, laborieusement à l'œuvre sur le terrain, François Hollande avait fait connaître sa conviction que les bombardements du 21 août dans les faubourgs de Damas étaient bien chargés de neurotoxiques prohibés par les conventions internationales. Il l'a formulé mardi en déclarant que « tout porte à croire que c'est le régime qui a commis cet acte abject, qui le condamne définitivement aux yeux du monde ». (Le Figaro Hollande se dit "prêt" à punir le régime syrien). Son analyse personnelle évoquant la responsabilité directe du régime d'Assad dans les (supposées) attaques chimiques à Damas ne risque pas d'être infirmée puisque l'ONU n'a pas mandat pour se prononcer sur l'origine de ces attaques chimiques (si elles étaient confirmés) selon le Wall Street Journal : "The [weapons inspection] team must be able to conduct a full, thorough and unimpeded investigation,” said U.N. Secretary-General Ban Ki-moon on Sunday night. However, the team is only mandated to determine if chemical weapons were used, not who used them, Mr. Ban’s spokesman said." (U.S. Talks Tough on Syria, Ramps Up Attack Planning).

"Les inspecteurs de l'ONU doivent être capable de conduire une enquête pleine (complète), minutieuse et libre" a dit le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon dans la nuit de dimanche à lundi. Cependant, l'équipe est seulement mandatée pour déterminer si des armes chimiques ont été utilisées, pas qui les a utilisés" a déclaré le porte-parole de Ban Ki-Moon.

Le "chef de guerre" peut tranquillement faire porter le chapeau à qui bon luisemble et lancer sa guerre dans le giron des forces atlantistes (comme il l'entend ou plus exactement comme l'OTAN l'attend) sans même risquer d'être contredit.


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