Le Pen-Dieudonné-Soral, un monstre à trois têtes contre les travailleurs

par Robert GIL
mercredi 11 décembre 2013

 Tous les partis d’extrême-droite ont en commun un socle idéologique qui repose sur trois pieds : le patriotisme, l’autoritarisme et le racisme (avec une place particulière pour l’antisémitisme). Ils sont en revanche divisés sur les religions. Certains s’appuient sur la religion dominante de leur pays pour mieux rejeter « l’étranger ». Et d’autres cherchent à rester prudents sur la question, pour tenter de recruter plus largement. Les plus malins, comme Soral, proposent un bloc politique des chrétiens et des musulmans au nom de valeurs communes dont l’antisémitisme est le ciment.

 Tout le programme du FN tourne autour de la notion de « préférence nationale ». C’est-à-dire qu’il veut affaiblir les travailleurs en les divisant entre « vrais » et « mauvais » Français. Comme si les problèmes de chômage, de logement ou de salaire pouvaient se régler sur le dos des Français issus de l’immigration ou des immigrés ! Comme si c’était dans leurs poches qu’on pourrait trouver l’argent pour « les vrais Français » ! Présenter les immigrés et leurs descendants français comme un danger permet en fait au Front National de masquer la culpabilité des patrons et des grandes fortunes exilées en Suisse. Car l’argent pour les salaires, la Sécu, les retraites, le logement, il existe en effet, mais il est dans les caisses du patronat (français ou pas). Et c’est là qu’il faut aller le prendre pour résoudre les soucis de toutes celles et ceux qui vivent et travaillent ici.

À quoi sert le FN ? À protéger les coffres forts des riches. Il suffit d’écouter Marine Le Pen parler des grèves et des syndicats pour comprendre qu’elle défend les riches et le patronat contre les travailleurs. Sa proposition visant à « simplifier »le Code du Travail qui étoufferait les patrons fait d’ailleurs écho aux exigences du Medef.

Le « patriotisme » économique, c’est l’autre cheval de bataille du FN, sa réponse aux misères bien réelles causées par l’Europe capitaliste et la mondialisation. Là encore, il s’agit d’une réponse qui couvre les intérêts de nos patrons dans leur rivalité avec les patrons « étrangers ». Mais qu’y gagnent les travailleurs ? Le repli sur les frontières est évidement un leurre, un impossible retour en arrière. La seule réponse conforme aux intérêts des travailleurs, c’est la mondialisation des luttes ouvrières, la mondialisation des acquis sociaux que nous avions arrachés par la lutte contre nos patrons français. Plus le salaire d’un ouvrier chinois se rapprochera du nôtre, plus tôt les patrons recommenceront à construire des usines en France. Nous devons donc être solidaires, non pas de nos patrons, mais des travailleurs de tous les pays !

La dernière grande affaire du FN, c’est l’installation d’un pouvoir fort, le culte du chef, le principe supérieur d’obéissance. Tout ce dont rêvent les patrons pour mieux nous exploiter ! Il va sans dire que là encore notre vision de l’émancipation humaine débarrassée de l’exploitation capitaliste est à l’exact opposé de cet État dictatorial que le FN nous propose. Les travailleurs n’ont pas besoin de « chefs » mais de démocratie réelle pour discuter et décider de leur avenir ensemble, au travail comme à la ville.

Parmi les principaux fondateurs du FN, on trouve d’ex-collaborateurs nazis et d’anciens tueurs de l’OAS, des militaires nostalgiques de la France coloniale et des catholiques intégristes. La propagande raciste du FN a l’inconvénient de repousser instinctivement les jeunes issus de l’immigration. C’est ici que Dieudonné et Soral jouent un rôle complémentaire au FN : attirer ces jeunes vers les thèses de l’extrême-droite. Au nom de l’insolence, l’un fait passer les pires provocations racistes pour de bonnes blagues et l’autre joue à l’intellectuel en mélangeant tout et n’importe quoi dans des vidéos sur Internet, hélas très suivies par des jeunes en quête de sens.

Comme le FN, ces deux imposteurs prospèrent sur le désarroi politique des travailleurs qui subissent la mondialisation capitaliste et qui constatent que les gouvernements de droite et de gauche qui se succèdent mènent des politiques identiques. Ils utilisent habilement les réseaux sociaux pour se cacher, masquer leurs faiblesses numériques, multiplier certes leurs délires, mais aussi leurs discours en les adaptant au désarroi, aux troubles de nombreux jeunes, de nombreux travailleurs qui cherchent des réponses aux questions qu’ils se posent sur l’état du monde en général et celui du travail en particulier.

C’est dans les luttes sociales réelles et en proposant un projet de rupture avec ce capitalisme pourrissant qu’il sera possible de stopper l’expansion de l’extrême-droite. Pour celles et ceux qui ont oublié que le fascisme des années 30 a permis d’écraser les révolutions ouvrières qui menaçaient les patrons en Allemagne, en Italie ou en Espagne, l’exemple des milices fascistes « Aube dorée » en Grèce aujourd’hui est suffisamment parlant : l’extrême-droite sert à faire taire les travailleurs et leurs organisations révoltés contre les mesures d’austérité.

http://2ccr.wordpress.com/2013/11/28/le-pen-dieudonne-soral/


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