Le PS use la grosse ficelle des sondages
par Laurent Herblay
mardi 24 mars 2015
Manuel Valls a donné le ton : pour la majorité, malgré la progression de l’UMP et ses alliés, et celle du FN, le PS aurait bien résisté et bouté le parti lepéniste de la première place un temps promise par les sondages. Et voilà le problème : ces sondages déforment complètement l’interprétation des résultats.
Résultats des élections cantonales de 2011
(source : France Politique)
Et si les sondages avaient été différents ?
Petit retour en arrière : imaginons un instant que pendant toute la campagne des élections cantonales, les sondeurs aient placé l’UMP et le PS au coude à coude autour de 30%, tandis que le FN aurait été donné à 20%, ce que tous les journalistes auraient interprété comme le renforcement de son implantation locale. Avec de tels sondages, les média auraient titré sur le « rebond de la majorité, revenue au coude à coude avec l’opposition, signant l’échec de Nicolas Sarkozy ». Et si le tripartisme continuait à s’enraciner, le parti lepéniste serait rejeté à une position, certes forte, mais éloignée du pouvoir, rassurant les journalistes et les deux principaux partis dominants après les élections européennes.
Avec un tel scénario, les résultats de dimanche soir auraient été accueillis avec stupeur : large victoire de l’UMP, le FN au coude-à-coude avec le PS, qui aurait alors été présenté comme lourdement sanctionné par les électeurs. Les journalistes auraient insisté sur le danger pour François Hollande d’un nouveau 21 avril en 2017. Mais voilà, parce que les sondages donnaient le PS autour ou sous les 20%, loin derrière l’UMP et le FN qui faisaient la course en tête, aujourd’hui, certains décrivent, outre le succès de l’UMP, la bonne résistance du Parti Socialiste, et, bien paradoxalement, pour une élection qui n’est pas celle où il brille le plus habituellement, un relatif échec pour le Front National.
Prendre du recul sur les sondages
Il aurait été intéressant de rappeler, comme le montre le site France Politique de Laurent de Boissieu, qu’en 2011, l’UMP et ses alliés avaient réuni environ 32% des voix, le FN, 15%, le PS 32%, et les Verts 8%. Ce simple rappel montre que l’UMP a donc gagné 4 points, le FN, environ 10 points, alors que le PS en a perdu 4 et les Verts ont vu leur score divisé par 4. Quand on pense que NKM osait soutenir que le FN était déçu par son score… Dans les faits, le FN poursuit son implantation locale et répète son record des européennes, même s’il n’est pas le premier parti de France. L’UMP gagne ce que le PS perd et les Verts subissent une déculottée électorale, ce que personne ne semble avoir noté…
Pour une fois, je suis donc d’accord avec Olivier Duhamel. Il est totalement absurde et superficiel de juger des résultats de cette élection par rapport aux sondages. Il faut le faire par rapport aux élections cantonales de 2011, et là, la conclusion est claire : c’est une défaite historique pour la gauche.