Le PS vire à droite, les démocrates à gauche
par Laurent Herblay
mercredi 24 février 2016
Il y a encore quelques années, il était entendu que la vie politique étasunienne était bien plus à droite que la nôtre. On pouvait penser que les démocrates étaient peu éloignés de notre droite. Mais la percée de Bernie Sanders et la politique menée par le P’S’ remettent en cause les préjugés.
Le grand chassé-croisé idéologique
Le contraste est saisissant. Depuis deux ans, sur les questions économiques, le gouvernement dit socialiste dépasse son prédécesseur de droite par la droite sur bien des sujets : baisse des cotisations sociales de plusieurs dizaines de milliards d’euros, libéralisation du travail du dimanche et maintenant, libéralisation du droit du travail. Le bilan économique des années Hollande est plus à droite que les années Sarkozy. C’est à un véritable chambardement idéologique que le locataire de l’Elysée a présidé depuis un peu plus de deux ans sur les questions économiques. Aux Etats-Unis, il semblerait que le pays fasse le chemin inverse quand on constate le discours que tient, avec succès, le rival de Hillary Clinton pour l’investiture du parti démocrate, qui le place très à gauche sur l’échelle politique du pays.
En effet, alors même que nous nous éloignons petit à petit de notre modèle, le sénateur du Vermont propose ni plus ni moins d’adopter des éléments constitutifs essentiels du modèle social dominant dans les pays de notre continent jusqu’à il y a quelques années, à savoir une santé et une université gratuites ! Quel paradoxe de faire cette proposition alors même que la France accorde une part toujours plus important aux mutuelles pour la santé, et que le prix de l’université ne cesse de monter, comme dans bien des pays. Il est étonnant de voir les pays européens dépassés par la gauche par un des deux principaux candidats démocrates pour l’investiture présidentielle ! Il faut dire que les Etats-Unis sont allés beaucoup plus loin dans la libéralisation, provoquant une envolée des coûts dans les deux domaines.
En fait, et cela est en partie rassurant, cela montre que les ravages d’une libéralisation efreinée finissent par un moment à pousser les citoyens à remettre en cause le diktat néolibéral pour redécouvrir les vertus du service public. Merci à Bernie Sanders d’entretenir cette belle flamme, même s’il ne gagne pas.