Le rapport sur l’insécurité qui accable
par llecuyer
mercredi 6 juin 2007
Le rapport de l’INHES, qui vient d’être divulgué a été commandé par le ministère de l’Intérieur, « fait le constat accablant des relations entre police et population en Seine-saint-Denis » (selon le quotidien La Croix). Il souligne un "décalage" entre la "suractivité permanente" de la police, en matière de lutte contre les stupéfiants ou les clandestins, et les "réalités subies par la population", avec une "hausse considérable des violences" dans ce département, où les vols avec violences ont ainsi crû de 15,95% en 2006 (d’après Le Monde) .
Pour enfoncer le clou, le secrétaire général du Syndicat national des officiers de police (Snop majoritaire) a déclaré, pour sa part : « Il y a des tensions de plus en plus vives en Seine-saint-Denis et les officiers subissent dans ce département des pressions tant au niveau des chiffres, des résultats que de leurs conditions de travail qui se dégradent. »
Noyer le poisson à coups de marteau-piqueur
Pointer du doigt des coupables, c’est
ce qu’a tout de suite fait Patrick Devedjian, ancien conseiller de
Sarkozy et haut cadre de l’UMP, en déclarant suite à la
publication du rapport que le PC a « ancré les
gens dans la misère parce que c’était aussi une manière
pour eux d’asseoir leur pouvoir politique ».
Un jugement très agressif qui
pourrait tenir debout s’il n’était pas inepte : le PC n’a
cessé depuis vingt ans de perdre du pouvoir dans le 93.
« Il n’y a pas besoin d’un rapport pour savoir que l’insécurité règne en Seine-saint-Denis », réagissait le jeune ministre de l’Intérieur. De son côté, J.-P. Raffarin a déclaré que le le climat électoral n’était pas le meilleur climat pour traiter d’un sujet grave (il n’a pas rappelé que l’insécurité avait été un des thèmes brûlants de la précédente élection présidentielle).
Quant au Figaro, il concluait son article sur le rapport INHES par l’abscons « un mythe, en tout cas, s’effondre avec ce rapport : il ne suffit pas comme ce fut fait ces dernières années de mettre dans les banlieues difficiles des policiers à l’image de la population qui y vit pour que ces quartiers aillent mieux. » Peut-être voulait-il dire que les CRS et la BAC sont à l’image de la population du 93.
Blanchir à la blablate
On peut s’attendre à une grande opération de blanchiment. Pour être réussie, elle doit inclure un certain nombre d’affirmations, qu’il serait bienvenu d’éructer avec une assurance non dénuée d’irritation :
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Le ministère de l’Intérieur a pris des mesures pour lutter contre cette violence, il faut laisser le temps à ses mesures de porter leurs fruits ;
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Il est normal que l’insécurité augmente et que cette augmentation cesse dans le futur, non dans le présent ;
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Le rapport a été bien commandité mais il est mal rédigé et mal compris ;
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Ce n’est pas le ministère de l’Intérieur qui est responsable de la police.
(Over)réagir
La ministre de l’Intérieur a réagi rationnellement en décidant d’organiser des réunions entre la police, les mairies et les associations. Pour les policiers, elle a évoqué comme source de progrès « une proximité géographique (...) sur un terrain (avec) la connaissance de ce terrain et la connaissance des personnes qui devait se maintenir dans la durée » (Source La Croix)
François Hollande a plaidé pour "des mesures extrêmement rapides pour la sanction des premiers actes de délinquance". Faut-il y voir un appel du pied pour rejoindre le gouvernement Fillon ? Ou un signe supplémentaire qu’il devrait jeter l’éponge ?
Résumé
Sous la direction de N. Sarkozy, les conditions de travail des policiers se sont dégradées de même que les relations entre la police et les habitants du département le plus défavorisé d’Ile-de-France. L’insécurité avec violence contre les personnes a augmenté. L’ancien ministre de l’Intérieur et son ami l’ancien préfet de police de Paris affichent dans l’ensemble un excellent bilan.
De toutes façons, avez-vous déjà entendu un homme politique reconnaître qu’il avait fait une mauvaise politique ?