Le retour des croisés

par CHALOT
mercredi 9 janvier 2013

Je le dis et le répète : tous les opposants au mariage pour tous ne sont pas des réactionnaires... C'est un débat qui traverse de nombreux courants de pensée.

Mais il y a deux vérités incontournables :

- les couples homoparentaux composent des familles, comme le montre la photographie de presse prise lors de la manifestation de décembre et jointe à l'article ;

- la manifestation du 13 est organisée par l'Eglise, la droite et l'extrême droite

La manifestation contre le mariage pour tous se prépare activement, côte à côte vont manifester des associations familiales catholiques, des représentants patentés de l'Eglise, la droite et l'extrême droite....

Les personnes qui ont participé à la dernière manifestation hésitent à sauter le pas, on les comprend : les identitiaires, l'action française et tous les groupes de l'extrême droite seront là pour en découdre avec le gouvernement... C'est l'homophobie qui guide ces groupes et rien d'autres.

Certains commentateurs disent que si cette manifestation est un succès le gouvernement devra réviser sa copie...

Rien n'est moins sûr... Les défenseurs du mariage pour tous préparent eux aussi leur manifestation...

Revenons à la manifestation réactionnaire du 13

Il s'agit là d'une manifestation nationale, reposant sur des relais puissants, sur l'argent de l'Eglise et sur le soutien de médias... Il y aura du monde, mais quel monde, quelle France ?

L'Eglise catholique a décidé de prendre toute ses « responsabilités », à n'importe quel prix... Le courrier adressé aux chefs d'établissements par la direction de l'enseignement catholique a fait plus que grincer les dents dans l'institution même.

Le syndicat majoritaire des personnels de l'enseignement privé, lui même se déclare opposé à cette initiative prise par la direction de l'enseignement privé...

Rien ne va plus....

Revenons à la fameuse lettre adressée aux chefs d'établissements :


 

« DANS UNE REPUBLIQUE LAIQUE, LE CNAFAL REFUSE LE DIKTAT DE L’EGLISE CATHOLIQUE

 

Dans un courrier adressé le 12 décembre aux 8300 chefs d’établissements privés, le Secrétaire Général de l’enseignement catholique Eric de Labarre, demande aux responsables de ces établissements d’instaurer un débat avec les élèves à propos du « mariage pour tous », avec l’objectif de se mobiliser pour la manifestation du 13 janvier 2013.

Le CNAFAL s’insurge devant cette procédure. Celle-ci sous prétexte de l’intérêt supérieur de l’enfant, tend à faire adopter par ces jeunes les positions de la religion catholique. Dans l’introduction de son courrier, Eric de Labarre a pris la précaution de préciser que la direction de l’enseignement catholique était opposée au mariage entre personnes de même sexe.

Quelle belle leçon de démocratie pour les jeunes, la conclusion est formulée avant même le débat ! Pour le CNAFAL, l’enfant n’appartient à personne. Il faut lui donner les moyens de tisser sa propre vie et de se déterminer librement par lui-même lorsqu’il sera adulte. C’est-à-dire l’envers d’un conditionnement.

Le communiqué accompagnant le courrier est tout aussi éloquent. Les éternels arguments des opposants au mariage pour tous y sont repris, telle que la prévalence des droits à l’enfant, confondu avec un désir d’enfant légitime, propre aussi bien aux hétérosexuels qu’aux homosexuels. A contrario, rien n’est mentionné sur les nombreux enfants (de 30 000 à 300 000 selon les sources) qui vivent déjà dans des familles homoparentales et dont la sécurité juridique n’est pas garantie en cas de décès du parent reconnu.

De même, il est exposé le droit pour l’enfant d’accéder à ses origines. Le CNAFAL y est depuis longtemps favorable, mais il s’interroge sur le refus actuel de l’église catholique de lever l’anonymat du don.

Le mariage civil est une institution de la République depuis deux siècles ; aucune religion n’est en droit de lui imposer sa propre vision. La République n’oblige pas l’église à marier religieusement les homosexuels.

Le CNAFAL approuve pleinement le rappel à l’ordre du Ministre de l’Education Nationale, Vincent Peillon, mettant en garde sur les risques de dérives et la crainte d’une montée de l’homophobie.

Ce que ne dit pas le représentant épiscopal, c’est que les établissements sous contrat avec l’Etat (loi Debré), coûtent à nos impôts plus de 7 milliards d’euros et le personnel fonctionnarisé est soumis aux mêmes obligations de neutralité que dans le public. C’est donc une rupture de contrat, et le CNAFAL réclame l’abrogation de la loi Debré : on ne peut percevoir des subventions publiques, et en même temps se réclamer du caractère propre de l’enseignement privé confessionnel.

Quand les croisés sont de retour, la République et la laïcité sont en danger. Résistons ! »

Jean-François Chalot


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