Le réveil du peuple de gauche

par LilianeBaie
lundi 10 avril 2017

C'est quand on est à terre que l'on peut se relever. Et là, nous y sommes, à terre. La démocratie, nos idéaux, nos valeurs : tout est attaqué, transgressé, perverti. La survie économique de notre société est même en danger.

C'est quand on est à terre que l'on peut se relever. Et là, nous y sommes, à terre. La démocratie, nos idéaux, nos valeurs : tout est attaqué, transgressé, perverti. La survie économique de notre société est même en danger. On peut évoquer les conditions de vie de ceux qui ont des revenus modestes, des personnes âgées, des malades et de tous les salariés qui voient leur protection diminuée, et les conditions du passage à la retraite se durcir progressivement.

Mais, finalement, le camarade Fillon, en se maintenant à la candidature à la Présidence de la République malgré sa mise en examen, contre sa promesse et contre la simple décence, donne peut-être au peuple de gauche le dernier coup de pied qui va lui permettre ce sursaut démocratique que nous sommes nombreux à attendre. Rappelons que la camarade Le Pen est aussi mise en examen. Je le note pour ceux qui auraient oublié.

Donc, voilà un candidat qui est soupçonné d'avoir détourné de l'argent de l’État pour ses plus proches, d'avoir fait usage de faux, d'avoir reçu des dons non déclarés et suspects, etc. Et qui ne pense pas que ces accusations peuvent l'empêcher d'être candidat, et donc, éventuellement, président. Ce qui est le plus fort, dans cette histoire, ce n'est pas qu'un personnage politique puisse éventuellement taper dans la caisse, ce n'est pas qu'il se pose en victime (c'est une défense classique : se poser en victime, ou contre-attaquer sur un terrain différent, sont deux défenses perverses très utilisées par qui n'a aucun argument réel à mettre en avant, à rajouter à l'attaque « ad hominem »).

Non, ce qui est frappant c'est que M Fillon n'a manifestement aucune idée de l'indécence de sa position. Et donc qu'il pense que nous, le peuple, nous allons avaler ça !

A force d'avoir accepté tant de manipulations, nous sommes désormais, pour ces gens-là, terrassés. Quoi qu'ils fassent, ils sont certains que cela va passer. Quelle que soit l'énormité du mensonge proféré, ils pensent que nous, abrutis par les chaînes d'infos aux ordres, découragés, voire désespérés, par l'échec des dernières manifestations sociales, déprimés par un management toxique généralisé qui nous fait vivre sous pression constante, créant une auto-dévalorisation et un sentiment d'impuissance, nous allons encore courber l'échine et obéir aux sondages truqués, voter soi-disant utile pour un candidat que l'on ne veut pas, ou décider de ne pas voter. Par dégoût. Par désespoir.

Ils ont tort.

La limite du désespoir, son issue, c'est la révolte.

Vous avez trop, tous, tiré sur la corde. Trop menti, trop triché. Vous avez trop nourri vos amis les banquiers en appauvrissant les citoyens. Vous avez trop vendu une Europe sociale, pour nous imposer une Europe ultralibérale et impérialiste, antidémocratique.

Soyons clairs, vous nous avez trop pris pour des cons, ça ne marche plus.

Je suis allée marcher avec les insoumis samedi 18 mars. Et vous savez quoi ? Nous étions des dizaines de milliers de personnes. Et vous savez quoi, surtout ? Il y avait beaucoup de jeunes. Oui, beaucoup. Concentrés et déterminés. Mais joyeux.

Alors oui, elle va se relever, la France. Son peuple, à nouveau, va résister. Cela commence par la mobilisation de tous ceux qui en ont assez. Si vous hésitez, en pensant que Jean-Luc Mélenchon est quelqu'un qui a un ego démesuré, allez sur sa chaîne YouTube, ou bien lisez "Il est comment Mélenchon, en vrai ?" de Marion Lagardère, qui n'est pas une groupie. Et, si vous pensez que le programme « L'avenir en commun » n'est pas réaliste, regardez, toujours sur YouTube, la présentation de l'aspect économique de son programme, cherchez les témoignages de ceux qui ont choisi de réfléchir à ce programme, des jeunes, souvent(ici, la version en ligne). Suivez l'élaboration progressive, et avec des citoyens motivés, des moyens qu'il veut mettre en œuvre pour définir une Constituante afin de passer dès que possible à une Sixième République. Participez à cette campagne, à ce projet collectif. 

La France insoumise, ce n'est pas Mélenchon, ce n'est pas un parti, c'est un mouvement, qui ne va pas s’arrêter à la Présidentielle.

N'oublions pas en effet les élections législatives qui suivent : quel que soit le président élu, ce qui va être important, c'est d'élire des députés qui vont défendre le projet que l'on souhaite. C'est la seule façon de neutraliser un scrutin qui nous obligerait à choisir entre Charybde et Scylla. Regardez ce qui se passe aux USA : les errances politiques du Président au pouvoir ne cessent d'être entravées par un congrès qui n'est pas aux ordres. Et heureusement.

Projetons de mettre toutes nos forces de citoyens dans l'élection de députés non inféodés aux forces de l'argent et aux grands groupes : à ce pouvoir impérialiste qui avance masqué, et qui, sous prétexte de « pragmatisme économique », et en agitant le leurre d'une lutte contre le chômage, ne cesse de mettre en place des systèmes enrichissant et favorisant les riches, et appauvrissant le reste de la population. Je pense là à certain ex-banquier qui ratisse large pour se faire élire. Et dont on peut penser qu'il va ensuite renvoyer l’ascensceur à tous ses sponsors et amis...

Nous n'avons que peu de temps pour agir, et mettre tout dans la balance pour ne pas nous retrouver dans une alternative impossible : l’extrême-droite ou la droite aux ordres de l'impérialisme économique...

Alors quoi faire ?

Utilisons nos propres force de conviction : si chaque électeur de Jean-Luc Mélenchon convainc un indécis ou quelqu'un qui s'est fourvoyé chez Mme Le Pen, cela doublera le score du candidat de la France Insoumise, et il sera au second tour, et même peut-être en tête au premier...

Essayons de convaincre les Hamonistes, de faire pression sur leur candidat pour qu'il rejoigne Jean-Luc Mélenchon. Expliquez-leur que Benoît Hamon ne pourra pas être élu, puisque les éléphants du PS, libéraux sur le plan économique, ne veulent pas plus de lui comme président qu'ils n'avaient voulu de Ségolène Royal. Ils torpillent sciemment sa campagne, parce que Macron leur correspond beaucoup mieux. Et défendra l'Europe actuelle, destructrice de notre état social, qu'ils aiment servir, et dont ils aiment peut-être se servir.

Enfin, allez réveiller ceux qui lèchent leurs plaies dans leur caverne, en disant qu'on ne les reprendra plus à voter, les déçus du PS, les déçus des magouillages politiques, ceux qui ne sont plus d'accord avec le système électoral. Dites-leur, à ceux-là, que se présente une chance, peut-être la dernière, de changer le mode de scrutin, que la sixième République sera ce que l'on en fera. Que, si l'on ne choisit pas un candidat qui veut s'opposer aux traités européens, on continuera de les subir. Comme la Grèce. Et ne dites pas qu'un homme politique ne peut rien faire, que tout est impliqué, etc. Il y a le Brexit. Il y a des peuples européens qui n'en peuvent plus et qui le disent par leurs votes. Il y a qu'une Europe sans la France, ça n'existe pas.

Nous sommes beaucoup plus puissants que l'on ne nous le fait croire.

La puissance de la réaction impérialiste et financière vient du fait qu'elle utilise des armes psychologiques : la manipulation de masses. Ce n'est pas par hasard que la plupart des médias sont aux mains des grands groupes : l'information est biaisée, tendancieuse, martelée. C'est par ce biais, entre autre, que l'on nous transforme en sujets convaincus de notre impuissance. En consommateurs désabusés mais passifs. C'est la manipulation de l'opinion publique qui nous conduit à voter contre nos convictions, même au premier tour, sous le prétexte d'un "vote utile" qui est l'exact contraire du principe du vote démocratique. Si l'on ne vote pas pour celui que l'on veut comme représentant, sous la pression de discours officiels rendant notre choix de citoyen responsable de l'élection de ceux que l'on ne veut pas, en avançant des résultats de sondages souvent erronés, c'est que l'on se fait simplement, et bêtement, manipulé. Car, qui d'autre est responsable de l'élection de mauvais candidats que ceux qui ont voté pour eux ? Et c'est vrai dans tous les cas : ceux qui voteront pour Marine Le Pen seront responsables de ce qui arrivera si elle parvient au pouvoir, comme ceux qui voteront pour Emmanuel Macron le seront si c'est lui qui est élu.

Alors, tant qu'à faire, autant ne pas se déshonorer en votant pour quelqu'un que l'on n'estime pas digne de l'emploi, non ?

Autant faire confiance à l'intelligence collective de notre peuple qui est en train de se réveiller, autant se battre pour éviter le pire. Et il y a du travail, entre l'évolution ultralibérale de la société, la perte de la souveraineté nationale devant les diktats du capitalisme international, l'effondrement de notre état social, la lutte contre le réchauffement climatique et la destruction en cours de l'équilibre écologique du monde, il y a de bonnes raisons de se mobiliser.

Notre puissance existe, et elle est immense. Mais pour être efficace, elle doit être collective.

Sortons de notre isolement, et, tous ensemble, nous y arriverons !

 

(article déja publié sur Mediapart)


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