Le rôle trouble des Renseignements généraux dans la campagne présidentielle
par Henry Moreigne
jeudi 25 janvier 2007
Selon Le Canard enchaîné du 24 janvier, le cabinet de Nicolas Sarkozy aurait donné ordre aux Renseignements généraux (RG) d’enquêter sur Bruno Rebelle, nouveau conseiller de Ségolène Royal. Le cabinet de Nicolas Sarkozy dément “formellement”. Le patron du PS, François Hollande, demande “qu’il y ait immédiatement des vérifications”.
L’hebdomadaire satirique, qui s’est construit au fil des années une solide réputation pour la qualité de ses révélations, indique que Bruno Rebelle, une fois nommé conseiller pour l’environnement dans l’équipe Royal, aurait fait l’objet d’une enquête des RG sur demande directe du cabinet du ministre de l’Intérieur. Les investigations auraient été menées par la cellule Environnement de la sous-direction de l’analyse des RG. Trois policiers auraient été affectés à cette mission, qui aurait débouché sur la rédaction d’une note suffisamment exhaustive (trois pages) pour aborder la vie privée de l’intéressé, dont la question de son divorce.
Bruno Rebelle n’est pas un inconnu. Il a démissionné à la fin de l’année du poste de numéro deux de Greenpeace International, après avoir été président de Greenpeace France. Il est devenu une pièce sensible du dispositif de campagne de Ségolène Royal qui souhaite réserver une place importante à l’écologie dans son projet.
Pour le porte-parole du PS, Julien Dray, ces informations "confirment la confusion totale des genres entre fonction ministérielle et candidature à l’élection présidentielle". Pour sa part, interrogé par France Inter, Bruno Rebelle a déclaré : "Ca en dit long sur la méthode Sarkozy. Avec eux tout est possible."
Du côté de l’UMP, on reconnaît seulement avoir constitué une cellule Riposte au sein de l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, composée d’élus et technocrates assignés à observer et à produire des notes d’argumentaires, essentiellement sur Ségolène Royal.
Pourtant, toujours selon Le Canard enchaîné, la section enquête des RG n’arrêterait pas de produire note sur note à l’attention du ministre-candidat. Sur de nouveaux noms et de nouveaux sujets, notamment à l’occasion de chaque déplacement du ministre. Un retour aux bonnes vieilles habitudes des RG, qui les faisaient alors qualifier de "police politique". Leur nouvelle virginité, offerte par leur reconversion d’un temps dans la lutte antiterroriste, semble aujourd’hui partiellement mise entre parenthèses.