Le Sarko Show
par D. Artus
mardi 6 février 2007
Premier succès pour le candidat Nicolas Sarkozy hier soir pour la première de « J’ai une question à vous poser » sur TF1 : il a réuni plus de 8 millions de téléspectateurs soit 33% de part de marché. Ce n’est pas un résultat historique mais un très bon score, même si ces conseillers avaient un peu stupidement mis la barre à 10 millions, soit un résultat de match de foot de Coupe du monde... Même Julie Lescaut, l’une des séries phares de TF1, n’arrive pas à ces sommets.
Il partira en mars
Un autre l’attaque sur son salaire, augmenté de 70% en un an (11 000 € par mois, comme tous les ministres). « Je considère que compte tenu de mes responsabilités, je ne vole pas cet argent ». Et précise qu’il quittera ses fonctions en mars. Enfin, vient le credo de campagne : « je veux être un président qui fait, qui agit, qui bâtit », mais Nicolas Sarkozy va plus loin : « Je veux être le président de l’ouverture politique. Je ne suis pas l’homme d’un clan. Les gens bien ne se trouvent pas dans ma seule famille politique. Je ne ferai pas de compromis avant (l’élection), je pratiquerai l’ouverture après », explique le ministre de l’Intérieur, un thème nouveau dans sa campagne. Avant de renchérir en affirmant que « la France a besoin de tous les talents », sans vouloir préciser qui serait son Premier ministre.
Analyse
D’abord l’audience : l’émission aurait atteint un pic d’audience de 9,8 millions de téléspectateurs d’après le blog de Morandini qui précise également que 330 000 militants ou sympathisants avaient été encouragé à organiser des soirées conviviales pour voir l’émission.
Le contenu ensuite : Après avoir repris ses thèmes de campagne et répondu à quelques questions en refusant de s’énerver, Nicolas Sarkozy s’est positionné comme un candidat de second tour,
un candidat de rassemblement. Une posture nouvelle, tant jusqu’à
maintenant le président de l’UMP s’était attaché à rassembler son camp.
Vieille antienne politicienne, il faut d’abord gagner le premier tour,
ce que Lionel Jospin avait un peu vite oublié en 2002. Mais Nicolas
Sarkozy doit maintenant se méfier du candidat centriste, François Bayrou,
en progression dans les sondages, puisqu’il est crédité de 13% dans les
derniers baromètres. Donc, même si Nicolas Sarkozy avait déjà parlé de
rassembler les talents les plus divers, il enfonce le clou en piquant
cette idée à François Bayrou. Et entrouvre une porte pour le poste de Premier ministre
qui, bien sûr, fait rêver le tout-Paris politicien, Bayrou comme les
autres. Les campagnes présidentielles sont truffées d’anecdotes de ce
genre, le candidat puissant et bien placé reprenant les idées des
autres pour les faire siennes et ainsi leur couper l’herbe sous le pied
électoral. On verra dimanche ce que dira Ségolène Royal, mais elle
pourrait, elle aussi, être tentée de reprendre quelques propositions du
centriste Bayrou, ou alors des Bové et Besancenot, si son état-major
craint un effondrement au premier tour. Nicolas Sarkozy n’a
d’ailleurs pas fait la moindre allusion à la candidate socialiste,
s’attachant à la règle de non-agression qu’il s’est fixée, pour
lui-même bien sûr...D.A.