Le Sarkozysme, un pourrissement
par vogelsong
mercredi 22 septembre 2010
« Il est innocent, et comme tous les innocents, il se défend mal. » N. Sarkozy à propos d’E. Woerth
Le président de la République explose toutes les limites. Lors de son élection en 2007, la classe politique et médiatique contint les vagues de protestations. Les références en Présidents réellement inaptes manquent. Pour beaucoup la continuité de l’État représentée par son principal personnage prime sur les réticences à voir un homme inculte et visiblement instable accéder à la plus haute fonction. Ils ne sont pas à blâmer. Pensant peut-être que les responsabilités auraient raison de la nature profonde du personnage. Le soir de son élection sur la place de la Concorde il a promis qu’il ne “décevrait pas”. Un engagement tenu, et bien au-delà de ce que l’on put imaginer. Petit exemple, la gestion humaine par le pourrissement du dossier social des retraites.
E. Woerth, un supplice
Mélanger les immondices
Un carnage lent, analysé sous toutes les coutures, qui tiendra sa principale promesse, incommoder le plus grand nombre. Mieux qu’une diversion, il focalise les regards sur les remugles exhalants de la République. Bien épaulé en cela par une cohorte de répétiteurs capables de porter la polémique jusque dans les cloaques de la pensée. En l’occurrence, faire ressurgir les références aux années trente. Deux mois d’invectives “fascisantes”, avec en point d’orgue, le principal intéressé qui crachera “collabo” à une députée de l’opposition en plein hémicycle. On pourra aussi se poser la question du télescopage avec la question des Roms, où encore une fois, les références aux années sombres ressurgissent. Pur hasard, distorsion médiatique ? Puis, le pied de nez d’E. Besson laissant fuiter un possible mariage, avec une Marocaine à Rome, du très raide G. D’Alemanno. Encore une coïncidence phonétique. La conduite d’un pays s’avère être une affaire bien trop sérieuse, compte tenu des intérêts, pour laisser la fortune choisir les thèmes de crispation. La France sous le Sarkozysme traverse une période exceptionnelle, bien que misérable. La politique est l’art du cynisme et de l’opportunisme, le président de la République l’agrémente avec le spectacle méphitique du pourrissement.
Le sarkozysme n’est pas le fascisme, plutôt une forme très avancée de cynisme politique. Il trouve d’ailleurs pleinement sa place dans la démocratie d’opinion. Celle de la France de 2010. Incapable de trouver des contre-pouvoirs à cette nouvelle forme de guerre : larvée, intérieure, sporadique et communicationnelle. Qui vise à saturer les oppositions, et démobiliser les plus tempérés.
Et quoiqu’on en pense, l’édifice tient. Deux millions de manifestants dans la rue en septembre 2010 après trois années de laminage en règle. Inespéré pour le pouvoir, inédit pour un pays qui se targue d’égalitarisme. Deux petits millions à sacrifier 2 jours de travail pour espérer en gagner 730 autres à la fin de leur vie professionnelle, souvent bien remplie. Irrationnel. Preuve que la déliquescence des esprits a gagné beaucoup. Preuve peut être qu’une majorité bouillonne en attendant les échéances électorales. Préférant, en secret, glisser un bulletin putride dans l’urne plutôt que battre le pavé dans la fraternité.