Le socialisme : c’est maintenant

par CN46400
mardi 9 juillet 2013

 Le capitalisme occidental est au bout du rouleau. La question n'est pas de savoir quand il va tomber, c'est qu'est-ce qui va lui succéder ?

 Et dans l'immédiat va-t-il pouvoir, comme le stalinisme, s'effacer en douceur, ou va-t-il tenter de se régénérer pour quelques décennies en procédant à des destruction massives de forces productives qu'il a réussi à convoquer dans la dernière période, mais qui lui échappent inexorablement (Chine, Russie, Brésil). En clair, est-t-il encore capable de déclencher la 3° guerre mondiale, et à la conduire de telle façon qu'il puisse, comme en 45, constituer la principale force survivante ?

 Rien n'est moins sûr, l'expérience irakienne montre que si le camp occidental est capable de poser ses forces à peu près n'importe où, il ne dispose plus assez de soldats, suffisamment motivés, pour être capable d'occuper les contrées adverses (Russie, Chine et AmSud). Or les drones, même les plus perfectionnés, ne peuvent remplacer l'occupation permanente du terrain. Même si, bien sûr, il peut toujours espérer trouver sur place des "Quisling" pour exécuter ses basses besognes, néo-coloniales dans les formes, impérialistes sur le fond.

 Il y a encore vingt ans le capitalisme occidental faisait rêver certains européens, de l'Est essentiellement. Ceux qui, derrière le rideau de fer, privés de la liberté de voyager, l'avaient longuement fantasmé. Tellement fantasmé que 20 ans après la chute du mur de Berlin, il n'en finissent pas, encore, de chercher dans les privatisations les plus aberrantes la pierre philosophale du miracle capitaliste. Ils ont sacrifié jusqu'à la liberté syndicale, y compris le droit de grève (Russie). Ils croyaient que dans l'UE les acquis des travailleurs occidentaux allaient leur être automatiquement appliqués, et sont surpris que c'est l'inverse qui se soit produit. L'alignement qu'ils attendaient par le haut se fait... par le bas.

 Et personne pour leur expliquer que les "avantages" des salariés de l'Ouest, souvent, pouvaient aussi se justifier par la guerre froide qui avait incité les capitalistes occidentaux à assurer à leurs prolétaires un niveau de vie plus attrayant que celui qui prévalait à l'Est. Une fois tombé, le rideau de fer en libérant ceux de l'Est, ne protège plus les travailleurs de l'Ouest de la "concurrence libre et non faussée". Et dans le capitalisme, rappelons-le à ceux qui pourraient l'avoir oublié, la concurrence joue toujours à la baisse ! L'exemple le plus achevé est celui de l'Allemagne où l'annexion de la RDA se solde, quinze ans plus tard, par une baisse drastique des revenu prolétariens à l'Ouest et la disparition des protection collectives qui compensaient tant bien que mal la faiblesse des revenus en RDA. Le tout ponctué par une baisse généralisée de l'espérance de vie en bonne santé.

 En clair, à l'échec final du projet stalinien à l'Est, répond, en écho retard de 20 ans, l'échec du capitalisme mondialisé occidental qui ne laisse entrevoir aux prolétaires occidentaux, suite à une longue stagnation, qu'une baisse généralisée de leur niveau de vie. Les enfants étant obligés, s'ils échappent au chômage devenu massif et structurel, d'envisager un parcours professionnel moins valorisant que celui de leurs parents ! Pour équilibrer les caisses de retraites, on en vient à prolonger, au détriment de l'emploi des jeunes, l'activité des anciens...


 Comment dépasser cette situation ? Deux réponses se disputent les faveurs des prolos-citoyens.
 
 La réponse capitaliste qui prétend sortir de l'impasse par encore plus de profits pour quelques "géniaux créateurs". Comme si leurs capacités étaient fonction de l'étendue de leur comptes en banques. Et ce alors que l'histoire nous montre que les bonds technologiques, qu'on implore, ne surviennent, en fait, que lorsque l'évolution des forces productives les rend possible et surtout, que quand ils arrivent, ils produisent, désormais toujours, dans l'appareil productif occidental, une diminution du nombre des postes de travail. C'est la problématique des "canuts de Lyon" qui refait, 170 ans après, surface. Mais est-on bien sûr que le raisonnement juste de l'époque : mécanisation = baisse des prix=multiplication des débouchés, soit toujours valable, maintenant, chez nous ? Alors qu'on constate l'extension inexorable du chômage avec son cortège implacable de douleurs sociales, et physiques aussi. Comme si les dix points de PIB prélevés, par le capital, dans les poches des prolos depuis vingt ans, au delà des "modernisations", n'avaient, en définitive, servis, qu'à enrichir plus encore les capitalistes, sans aucun bénéfice pour le reste de la société.

 L'échec patent de la réponse capitaliste nourrit une autre recherche. Et si le but de la modernisation, au lieu de créer toujours plus de biens matériels visait plutôt l'accroissement du bien-être des individus et des prolos en priorité (ceux qui doivent travailler pour vivre), de toutes les façons possibles, diminution du temps de travail, santé, éducation, logement, qualité des aliments, environnement etc.. ? Bref, le socialisme revient à l'ordre du jour. A l'empirisme coûteux, et désormais inefficace, du capitalisme, la société humaine occidentale a tout intérêt à substituer le développement raisonné démocratiquement que permet le socialisme. Et la question, brusquement, entre alors dans le champ de la politique. Comment, à la prévalence systématique des solutions capitalistes, substituer l'ardente obligation de la démocratie sociale ?

 Bien sûr, il est illusoire de croire que la mini fraction richissime de la société peut abdiquer volontairement de ses pouvoirs, accumulés depuis des lustres. Mais la crise qui traverse la société qu'elle domine, fragilise sa puissance qui doit être, sinon détruite, du moins fortement diminuée. C'est l'enjeu principal de la bataille politique qui se développe, avec des hauts et des bas depuis le référendum de 2005. Un pas décisif sera avancé lorsque la gauche sera majoritairement convaincue que les pouvoirs du capital peuvent être déconstruits démocratiquement et remplacés par des logiques, démocratiquement élaborées, de développement humain. Revenus maximum et minimum, recollectivisation des activités de réseau, démarchandisation d'activités sociales, circuits courts etc.. autant de sujets qui peuvent, désormais, échapper, totalement ou partiellement, à la logique du profit capitaliste.

 Mais pour le moment, il est dommage que le Front de gauche soit seul sur ce terrain ! C'est pourtant seulement en faisant prévaloir l'humain sur tous les profits spéculatifs que cette crise sera surmontée en Occident. Ici le temps du capital-roi est fini et bien fini, le roi, qui n'a plus rien de concret à proposer, est désespérément nu. Sauf que nous ne sommes pas encore assez nombreux à l'avoir vu, et a en avoir tiré les enseignements qui s'imposent. A savoir que le socialisme (à chacun selon son travail), sorti par la porte en 90, revient, sous une autre forme et dans un autre contexte, par la fenêtre un quart de siècle plus tard !


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