Le stéréotype sexuel

par Pierre de La Coste
mardi 9 septembre 2014

Les attaques, plus stupides qu'ignobles, qui se sont multipliées ces derniers temps sur Internet, ne changent rien à l'affaire. Najat Vallaud Belkacem est avant tout un archétype sexuel, celui-là même que prétend combattre le gouvernement, dés le berceau.

S'attaquer à Najat Vallaud Belkacem est une entreprise risquée : n'est-ce pas d'emblée faire preuve de racisme, de sexisme, de machisme, d'islamophobie, que de critiquer un tant soit peu cette « icône » de la gauche, une femme, jeune, libre, issue de l'immigration ? Il est donc difficile de formuler une évidence, un secret de polichinelle, ce que tout le monde sait mais que personne n'a le droit de dire : Belkacem doit l'essentiel de sa carrière à son apparence physique. Sans ce charme indéniable, ou aguicheur (comme on veut) elle serait toujours conseiller municipal ou régional du côté de Lyon.

Hollande l'a d'abord choisie comme attachée de presse de luxe, dont le sourire ravageur devait masquer l'échec économique et social de la gauche, qu'il pressentait. Mission à demi réussie. Vallaud devient la coqueluche des médias, mais ne sauve ni Hollande ni Ayrault de la dégringolade dans les sondages. Néanmoins, avec l'arrivée de Valls, elle monte en grade, en héritant d'un ministère fourre-tout, mélangeant les droits de la femme, l'intégration et les banlieues. Ce n'est qu'une étape, car Valls II représente une consécration : un grand ministère régalien, politique et emblématique pour la gauche : l'éducation nationale.

Car Najat n'est pas simplement belle et médiatique, elle sait à merveille se saisir de tout ce qui brille, séduit, fait parler : elle fut la passionnaria du mariage homosexuel, attacha son nom à une loi sur les droits des femmes et à divers textes élargissant le « droit » à l'avortement et à la contraception sans contrôle, ou pénalisant les clients de prostituées, défendit bec et ongle l'introduction du « Gender » à l'école, avec les ABCD de l'actualité. Enfin, emblème de l'immigration « chance pour la France », et quoiqu'elle soit elle même aussi peu voilée que possible, elle n'hésite pas à revendiquer ses racines culturelles, parlant en berbère ou en arabe et ponctuant un entretien filmé d'un « Inch'Allah » du meilleur effet.

Cela permet d'éviter de s'interroger sur certaines faiblesses de son CV : côté méritocratie, elle a raté l'entrée à l'ENA ; côté démocratie, elle a préféré ne pas se présenter aux dernières élections législatives, pourtant favorables à la gauche. Surtout, dans l'histoire de la gauche française, ouvrière et populaire, celle de Jaurès et Blum, elle ne connaît que le chapitre « sociétal », le dernier avant la fin.

NVB rend encore un service au couple exécutif : elle focalise les attaques de ses adversaires. Dernièrement, c'est vrai, des propos encore plus ridicules qu'ignobles la concernant ont fleuri sur Internet, notamment une fausse carte d'identité portant le prénom de Claudine. Il suffisait pourtant d'utiliser un fameux moteur de recherche pour voir que l'origine de l'affaire remontait à Ségolène Royal, la bonne copine, qui disait « qu'elle n'en serait pas là si elle s'appelait Claudine ». Néanmoins, cela suffit au chœur des pleureuses indignées pour en faire une « victime ».

Qui est vraiment Najat Vallaud Belkacem ? avant tout un archétype sexuel, celui-là même que prétend combattre le gouvernement, dés le berceau. Celle qui veut interdire aux petites filles de jouer à la poupée ressemble beaucoup à une grande poupée barbie, brune. Le message qu'elle envoie aux femmes est le suivant : soyez belle, utiliser votre charme pour plaire au grand chef, réussissez dans les métiers de com et d'image, saisissez vous de tout ce qui est superficiel et séduisant, et vous gravirez tous les échelons. Tant pis pour les femmes qui n'ont pas la chance d'être dans la prime jeunesse et d'avoir un physique de mannequin. Najat, en leur nom, voit déjà plus haut et plus grand, mais pour elle-même.


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