Le vote inutile

par PROVOLA
lundi 24 janvier 2011

L'ultime extravagance, pas chère, se payer le luxe de se foutre d'un système de spoliation du débat public, d'une République fictive qui donne un débat au peuple comme on donne la patée au chien. Voilà notre seule liberté.

Je n'ai aucune raison de voter Mélenchon, c'est la raison pour laquelle il est assuré de mon soutien. Il n'a aucune chance d'être élu, c'est déjà sa première qualité, il n'a aucune raison de se plaindre de l'existence, ce qui lui laisse toute légitimité dans la révolte. Il occupe un espace politique en profitant de la déliquescence communiste, j'ai même entendu sur les antennes de la grande propagande qu'il lui était reproché d'être bien sapé. Honnêtement un homme qui se dit de gauche et qui est bien fringué, ça ne passe pas.

Il est arrogant, impulsif, borné alors qu'on attend d'un politique qu'il soit mielleux, posé et universaliste.

Il est pour les services publics, c'est-à-dire pour les trains qui arrivent en retard, pour les hôpitaux qui vous refilent des maladies nosocomilales, pour l'école publique alors que c'est un repère de gosses ne sachant ni lire ni écrire, alors que seules les grandes écoles privées permettent de faire éclore les élites de demain.

Il veut imposer une limitation de l'écart des rémunérations, alors que seuls les très hauts salaires permettront de relancer la consommation des plus fortunés et donc la croissance. Il veut taxer les riches alors qu'il faut éviter de leur faire peur pour les conserver chez nous.

Il veut réduire les inégalités alors qu'on manque de grandes fortunes, il est populiste, il s'adresse aux classes défavorisées qui ne votent plus depuis longtemps. Il est passéiste, il veut préserver les acquis sociaux qui brident l'économie. 

Il n'aime pas les Américains qui nous ont sauvés en 40, il préfère les Chinois qui ont envahi le Tibet, il déteste le Dalaï Lama qui ne lui a rien fait.

Il fustige les médias qui nous diffusent la bonne parole chaque jour et qui sont les garants du pluralisme, il ose défier l'establishment financier, l'oligarchie qui nous donne du boulot, le corporatisme journalistique alors qu'on a besoin de travailler et d'être bien informés par des cracks de la bien-pensance.

Il veut détruire le système qui nous mène tout droit vers le bonheur et qui nous a donné des centres commerciaux, des écrans géants et des belles bagnoles.

Il est de ces bourgeois staliniens qui s'offusquent pour exister, fils spirituel de Mitterrand, il est tout et son contraire, en fait il n'est donc nulle part, proche des thèses de Marine Le Pen, anti-mondialisation, nationaliste, populiste, anti-socio-démocrates, raciste, anti-riches.

Trêve de perfidie, on remet les choses à l'endroit, et ça donne : 

C'est un déferlement de quolibets et d'insultes qui ont accueilli l'annonce de sa candidature, l'acharnement du supplétif du CAC40 Demorand sur l'antenne d'Europe 1 aura été un monument de mauvaise foi, il y a les investissements du groupe Lagardère à préserver et des parts de marché en chute libre. 

Ses anciens potes du PS lui tirent dessus à boulets rouges, Valls, Jean-Paul Huchon, le roi des culottés, le condamné avec sursi, réélu, pour qui :" Son langage est proche de celui de l'extrême droite mais c'est plus grave que Le Pen, il incarne le populisme dextrême gauche "

On le voit, tout le monde à un intérêt quelconque à lui taper dessus, et la gauche qui n'est pas de gauche à plus d'avantages que d'autres, ce qui le rend particulièrement attachant, il ne représente personne, pas de groupe de pression, il est seul, avec quelques indiens d'Argenteuil ou de Montreuil échappés d'une réserve de grands gueulards, il rassemble les communistes qui sont déjà morts, et des écolos transits en peine de vrais combats. Ses dents de travers le rendent illisible dans les shows télé, où la règle est à la bouche impeccable et à la blancheur Colgate, ça s'appelle authenticité, pas de chichi, du rentre dedans, et si ça ne plaît pas tant pis, au moins c'est dit.

Nul besoin d'entrer dans les détails, la critique qui ne le ménage pas ne s'embarrasse pas de détails, on plaque dans les généralités, on flingue dans les apparences, ceux qui mordent ont forcément la dent acérée pour des raisons inavouées, il n'ont aucune envie qu'une boule à la mèche allumée et incontrôlée viennent bousculer le jeux de quilles, figé, des grands équilibres financiers. 


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