Leçon des régionales pour la présidentielle
par Bernard Mitjavile
mardi 22 décembre 2015
Quelles leçons tirer des régionales pour le FN, les Républicains et la gauche ?
Quelles leçons tirer des régionales pour la présidentielle ?
Pour le FN, il est clair que s'il reste sur sa ligne actuelle, il a une très petite chance de gagner les présidentielles. En effet, quelque soit le cas de figure, il serait confronté dans un deuxième tour à un candidat soutenu par une forme ou une autre de "Front Républicain" qui aurait de très bonnes chances de le battre. Même Marion Maréchal Le Pen, la meilleure candidate du Front National aux régionales, s’est bien fait battre par un vieux routier de la politique comme Christian Estrosi déguisé en résistant, qui était pourtant loin derrière elle au premier tour.
Les divers sondages d’opinion montrent cependant qu’il existe dans le pays une majorité qui veut un contrôle beaucoup plus strict de l’immigration, de la fermeté vis à vis de l'insécurité et de l'Islam et une défense des valeurs traditionnelles chrétiennes. Mais cette même majorité n’est pas favorable au retrait de l’Euro, ni au maintien d'un Etat obèse même si ce dernier est qualifié « d'intelligent et stratège » par Florian Philippot.
Donc, le FN, s’il veut avoir une bonne chance de gagner, doit quitter sa ligne politique actuelle et revenir à ses fondamentaux que sont l’immigration et l’insécurité tout en défendant une politique économique plus pragmatique sans repousser les grandes réformes de réduction du rôle de l'Etat qui sont nécessaires pour cesser de creuser la dette publique.
Mais il n’y a pas que le FN. Si le candidat de la droite classique veut se retrouver au deuxième tour et avoir lui aussi une bonne chance de gagner, il devra sérieusement revoir son programme pour atteindre cette majorité d’électeurs plutôt de sensibilité de droite qui est, comme pour le FN, son cœur de cible. Cela est jouable, ainsi les régionales ont montré que cette majorité soutenait assez facilement un candidat de droite contre un candidat FN, mais ces mêmes électeurs ont été passablement échaudés par la présidence de Nicolas Sarkozy et la manœuvre consistant à siphonner les voix du FN ne pourra fonctionner une deuxième fois.
Aussi ce candidat devra donner de sérieux gages sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité et de la justice ainsi que sur la gestion des finances publiques car là aussi la présidence de N Sarkozy a été loin d'être exemplaire.
Quant à la gauche, sa victoire paraît actuellement improbable. Le bilan du gouvernement actuel sur le front du chômage, des déficits publics, de l’économie en général comme sur celui du terrorisme, de l'insécurité, de la justice ou même de l'éducation est un lourd handicap dans une campagne présidentielle. La gauche n’a pas non plus trop intérêt à se targuer d'avoir fait passer une réforme « sociétale », comme le mariage pour tous car elle l'a fait passer en force malgré les manifestations les plus importantes en nombre depuis celles pour l’école libre qui avaient amené F Mitterrand à reculer.
Mais, il reste encore du temps et on peut supposer la présence d'un candidat qui proposerait des réformes libérales et une réforme de l’Etat du genre de celles proposées par Emmanuel Macron associées à une grande fermeté en matière de sécurité, justice et immigration tout en jouant sur le rejet du Front National dans certains milieux de gauche. Cela provoquerait un certain éclatement des composantes formant la gauche mais la soif du pouvoir est telle qu'elle peut amener à des alliances tactiques.
Au final, quel qu’il soit, le vainqueur sera celui qui tiendra compte des aspirations de cette majorité de Français plutôt à droite qui se dessine après ces régionales."
Bernard Mitjavile