Les contradictions de la Droite Populaire

par Jean Lannes
lundi 22 août 2011

Le 14 juillet 2010, 35 députés UMP se constituaient en collectif, celui de la « Droite populaire ». Au départ uniquement parlementaire, le groupe va muer, six mois plus tard, et devenir la Droite Populaire, ouverte à tous les élus et à tous les Français signataires de la charte fondatrice.

Leur but ? Peser au sein de l’UMP pour un retour au fondamentaux de 2007, bien vite abandonnés par Nicolas Sarkozy. Souvent appelé « la droite dure » ou « décomplexée », ce collectif, fondé entre autres par Lionnel Luca, député de la sixième circonscription des Alpes-Maritimes, Jean-Paul Garraud, député de la XIIIème législature, et Thierry Mariani, désormais ministre des transports, expose dans ladite charte plusieurs de ses valeurs essentielles :

-  Nation, patriotisme et République
-  Liberté d’entreprendre et solidarité nationale
-  Ecole de la République et politique familiale
-  Sécurité (« première des libertés »)
-  Saine gestion des finances publiques


-  Rayonnement de la France et politique internationale

Des valeurs de droite, assumées et défendues par ces 42 députés attachés à ce Nicolas Sarkozy s’étant, en 2007, fait élire sur une campagne marquée à droite. Mais après 4 années de sarkozysme, la réalité est tout autre.

L’évident fossé politique entre la Droite populaire et le sarkozysme

Si ces derniers se trouvent très à l’aise au sein de la politique (ultra)-libérale du président, comment fermer les yeux sur tout le reste ? En effet, depuis son élection, force est de constater que Nicolas Sarkozy a entièrement viré de bord avec une ouverture à gauche critiquée, un penchant au centre, et la ruine de ce qui restait de l’indépendance française.

Désormais province américaine – ou mondialiste -, la France n’est plus que l’ombre d’elle-même. Depuis la chute du Général de Gaulle, on a pu assister à une liquidation du CNR et de l’indépendance française qui vit avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy son aboutissement le plus complet (réintégration à l’OTAN, liquidation du Quai d’Orsay, ratification du Traité de Lisbonne, ouverture à gauche, atlantisme forcené…), comme un dernier clou au cercueil de notre pays.

Sans parler de ses semblants de politique sécuritaire, qui n’a de sécuritaire que le discours (comme à Grenoble). Dans les faits, c’est tout autre chose : immigration massive et incontrôlée pour satisfaire le patronat et favoriser le communautarisme, recul de la République en banlieue, diminution drastique des effectifs de police, impunité des crimes et délits… Des mots, rien que des mots.

« C’est avec des hochets que l’on mène les hommes »

Qu’est-ce qui pousse alors les « durs » de la Droite populaire à soutenir ainsi, dans un aveuglement complet, ce Président dont les actes sont à l’opposé des paroles ? « C’est avec des hochets que l’on mène les hommes » disait Napoléon. Et c’est exactement ce que fait Nicolas Sarkozy.

Dans le dernier livre de Franz-Olivier Giesbert, M. le Président (Flammarion), le journaliste fait remarquer à quel point le chef de l’Etat traite avec peu de reconnaissance ceux qui lui sont le plus fidèle, préférant donner des postes clés et des ministères à ses adversaires afin de les avoir dans la main. Nicolas Sarkozy garde ses ennemis près de lui, mais, contrairement au proverbe, maintient ses amis dans l’ombre. Pour ses « hussards noirs », le Président réserve les miettes, comptant sur leur indéfectible fidélité pour s’en contenter. Et ça marche ! Thierry Mariani, qui commençait à se plaindre d’être souvent « pris pour un con », s’est vu remettre en juin 2011 le portefeuille des transports. Et cet exemple est loin d’être un cas isolé.

Si la politique de Nicolas Sarkozy est aux antipodes, ou presque, des valeurs et principes (affichés) des députés de la Droite populaire, l’ambition, l’opportunisme et aussi un brin de fidélité aveugle semblent entretenir la patience de l’aile droite de l’UMP, prise dans le piège de ses propres aspirations carriéristes.

Sans aucun doute, ceux qui se présentent en premier obstacle au Front National se verraient bien plus à l’aise dans les rangs de Marine Le Pen, ou même de Nicolas Dupont-Aignan, qui a eu, lui, le courage de se détacher de la majorité et de clamer son indépendance. Mis à part sur le plan économique, les convergences d’idées sont certainement bien plus importantes avec le FN ou DLR qu’avec le pouvoir en place.

Mais, les choses en sont autrement. Le pouvoir n’est pas de ce côté et les hochets continuent d’être agités par le Président, en habile politicien, qui se trouve bien satisfait de compter cette naïve « droite dure » parmi les siens, tout en n’ayant pas à appliquer le quart de leurs propositions. Les hommes sont ainsi, la politique l’est tout autant.

Christopher Lings ( Enquête & Débat )


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