Les députés votent le verrouillage de la présidentielle
par Laurent Herblay
lundi 28 mars 2016
Imaginons un instant Poutine ou Orban réduire le temps de parole de la plupart des partis de l’opposition pendant les campagnes électorales, ou mettre en place une règle qui pourrait réduire potentiellement le nombre des candidats d’opposition un an avant une élection. Toutes les belles âmes dénonceraient ces dictateurs en herbe. Mais ici, il s’agit du texte que les députés ont voté cette semaine.
Bien sûr, a priori, ce qui a été voté peut sembler un détail, d’ailleurs traité comme tel par les médias qui en ont très peu parlé, signe caractéristique d’un dysfonctionnement de notre démocratie. Comme je l’avais déjà évoqué en décembre, malheureusement, le projet de loi du gouvernement est passé cette semaine, avec à peine quelques poignées de députés qui ont voté pour valider ce projet révoltant. La révoltante règle dite de l’équité, introduite pour la campagne de 2012, est étendue pour toute la période précédant la campagne dite officielle. Selon cette règle, les médias peuvent attribuer des temps de parole proportionnels aux sondages, ce qui aboutit donc à favoriser les grands partis établis, quand la règle d’égalité, voulu par le Général de Gaulle en 1965, assurait une égalité de traitement démocratique.
Quel contraste avec le vrai démocrate qu’était le Général de Gaulle, qui, dans les années 1960, aurait sans doute pu passer outre l’égalité de temps de parole, mais qui respectait trop le peuple et la démocratie pour ne pas se battre à égalité. Avec cette loi, nos dirigeants montrent que le temps qui passe peut provoquer un retour en arrière. Un bien mauvais coup pour notre démocratie.