Les dérisoires postures de Macron à Aix La Chapelle

par Laurent Herblay
jeudi 17 mai 2018

Le discours de Macron pour la réception du prix Charlemagne par Angela Merkel a ranimé la flamme entre le président et ses média supporters, dont les éditoriaux dégoulinants d’éloges rappellent les heures les plus extravagantes de la campagne présidentielle. Naturellement, tous les angles morts et les postures outrancières de son discours sont passés sous silence…

 

Communion dans la foi union-européiste
 
Le papier du Monde est proprement sidérant de complaisance et de flagornerie. Le titre d’abord : « Les quatre commandements d’Emmanuel Macron pour l’Europe » : le voilà divin à présent ! Le pire est que l’énumération de ses quatre commandements, « n’attendons pas », « n’ayons pas peur », « ne soyons pas faibles », « ne soyons pas divisés » est faite sans la moindre ironie ! Pourtant, en prenant une demi-seconde de recul, la posture communicante grossière ressort comme le nez au milieu du visage. Ce sont des platitudes totalement creuses : qui voudrait donc aujourd’hui attendre, avoir peur, être faible ou divisé ? Un procédé d’apprenti commercial ou communiquant de base.
 
Faut-il rire ou pleurer de la superficialité de ce journal qui se voudrait une référence dans la retranscription de telles postures ? Pour un peu, on pourrait presque croire qu’un esprit alternatif a utilisé le premier degré pour mettre à nu et montrer la vacuité du discours présidentiel. Et d’en rajouter dans l’emphase, en parlant de « majesté de cette salle », de « solennité du moment » et « du contraste saisissant entre la vision » de Macron et celle de Merkel… On peut se demander si les médias chinois savent être aussi élogieux quand ils parlent de Xi Jinping… Macron serait le bon chef d’Etat visionnaire et courageux freiné par l’égoïsme et l’excessive prudence de la chancelière Allemande, Angela Merkel.
 
Pour Macron, « la France a changé, elle n’est plus la même, elle a fait un choix dont je suis dépositaire, celui des réformes » : simplification un peu outrancière… En mai 2017, la France avait le choix entre l’accélération d’un agenda qu’elle ne soutient pas et une Marine Le Pen totalement impréparée, incapable de défendre ses idées, démagogue, entourée pour partie de personnes peu recommandablesLes Français se sont résignés à voter Macron faute de mieux, et un nombre historique a préféré ne pas se prononcer, tant l’alternative ne leur convenait pas. Et depuis, une majorité s’oppose à la politique menée. La force de Macron étant les incarnations déficientes de l’alternative, FN et LFI en tête.
 
Les propositions de Macron sont les vieilles lunes des fédéralistes que la crise de la zone euro des années 2010 a probablement tuées à jamais. Car comment croire que ce que les Allemands avaient déjà refusé par beau temps pourrait être accepté après la tempête des dix dernières années ? Berlin sait que ce serait plus de transfert budgétaire alors que le vieillissement de leur population et les évolutions incertaines des industries où le pays est fort poussent au contraire à la prudence. Le coût est bien plus clair qu’avant 2010. N’oublions pas qu’Angela Merkel avait fermement enterré l’idée des euro-obligations en disant qu’elles ne se feraient « pas de son vivant », rompant avec sa modération usuelle.
 
 
Bref, le Monde peut continuer à rêver d’une Europe plus intégrée, alors même que c’est cette intégration qui cause une bonne partie de nos problèmes, elle ne se fera pas. Mais cela n’empêchera pas certaines évolutions néfastes favorables aux intérêts des grands groupes qui savent faire prendre à ce projet européen le sens qu’ils souhaitent depuis l’Acte Unique.

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