« Les élections, les promesses... et après ? »

par Christophe GAMEIRO
mardi 11 juillet 2017

Bonjour Catherine Fabre (député de la Gironde) et Tanguy Bernard (responsable En Marche du même département),

 

Mon nom est Christophe GAMEIRO, habitant à Bordeaux, adhérent d'En Marche !, qui a voté pour Emmanuel Macron et pour sa représentante dans la 2e circonscription lors des dernières législatives.

Je suis professeur d'Histoire-Géographie, conférencier et journaliste sportif. J'excelle davantage d'habitude dans les tribunes sportives plus que politiques, puisque mes articles sont régulièrement publiés sur le site de la Ligue Nouvelle Aquitaine de Football.

Au mois de janvier dernier, j'ai souhaité m'engager en politique pour la première fois malgré mes 58 ans. J'ai fait acte de candidature dans la 3e circonscription de la Gironde, fondant ainsi l'espoir de défendre vos couleurs aux futures législatives. Comme je m'y attendais, j'ai reçu une réponse négative et convenue de Jean-Paul Delevoye en charge des investitures, qui n'a jamais cherché à me connaître davantage. Ce fut Marik Fetouh, qui fut sans surprise intronisé, en fonction des accords passés avec le Modem, à la fin de l'hiver. De toute évidence, ce parachutage ne fut pas du goût des électeurs, puisque Fetouh fut battu.

Trois semaines avant que ne soient connus les « heureux élus », représentant En Marche !, j'avais fait part à votre mouvement de mon scepticisme sur le choix de candidats largement issus de la « France d'en haut ». Si les élections vous ont donné raison apparemment, mes craintes demeurent. Je redoute que les individus choisis ne soient largement en décalage avec les préoccupations d'une majorité de nos compatriotes, qui ont eu l'impression d'un déclassement ces dernières années.

Les premières mesures prises par ce qui est aujourd'hui un gouvernement, tant par le Congrès de Versailles d'une part, qu'après le discours de politique générale d'Édouard Philippe d'autre part, ne me semblent pas aller dans le bon sens. Je vois dans ces décisions la marque d'une classique politique libérale de droite, qui remet au goût du jour une austérité, remise en cause désormais, par la plupart des pays européens, à l'image du Portugal. Monsieur Macron avait une feuille de route mais cette dernière était, à mon avis, un peu trop calquée sur celle de Bruxelles !

Dès les premières semaines, le gouvernement Philippe a annoncé la couleur. Sa variable d'ajustement, pour passer en dessous d'un endettement inférieur à 3% du PIB, est la fonction publique bien sûr ! Faisons payer à cette dernière, ses effectifs pléthoriques, ses arrêts de travail inopinés et son statut de privilégiée ! C'est oublier un peu vite, que 60% des fonctionnaires ont voté Emmanuel Macron, en qui ils ont vu un espoir, et j'en faisais partie. Mais pour autant d'emblée on a chargé la mule ! Suppression du jour de carence (il faudra aller travailler même si on est grippé !), gel du point d'indice (celui-ci l'a déjà été pendant près de 6 ans), gel envisagé des promotions et bien entendu, réforme des retraites alignées sur celles du privé et qui ferait perdre en moyenne 300 à 400€ par mois de pension aux agents de la fonction publique !! Ces mesures me semblent bien arbitraires, largement idéologiques et ne régleront pas le déficit de l'État, faute d'une refonte des structures et d'une relance de la croissance bien entendu.

L'enseignant que je suis se montre tout aussi dubitatif face aux mesures annoncées dans l'Éducation Nationale et sans doute suivies par le Ministère de l'Agriculture auquel j'appartiens. La rénovation du bac est agitée comme un serpent de mer. On nous ressort le Contrôle continu, que nous connaissons dans les lycées agricoles et auquel je suis personnellement opposé. je suis bien placé pour savoir qu'un enseignant qui corrige ses élèves a tendance tout à fait naturellement à les surnoter. Comment pourrait-il en être autrement, si cette réforme voit le jour ? Quelle crédibilité aurait cet examen, qui a déjà beaucoup perdu de sa superbe ? Je souhaite bien du plaisir à Monsieur Castaner, quand il faudra faire des arbitrages entre matières évaluées en contrôle continu et celles qui le seront en épreuves terminales. Je me souviens des polémiques nées de la disparition de l'Histoire-Géographie en classe de Terminale S et rétablie à juste titre par François Hollande. Les hommes politiques ont la mémoire courte. François Fillon s'y était déjà essayé (bien avant le Penelope gate) et il avait fait l'unanimité contre sa mesure, en précipitant dans la rue les élèves, les profs et les parents ! Notre ministre de l'Éducation nationale est plus prudent. Il est urgent d'attendre... 2021 ! Il sera alors largement temps d'agiter la « patate chaude », mais seulement si les circonstances sont favorables.

En matière d'environnement, c'était un sacré défi que de nommer l'« ayatollah » Nicolas Hulot à son poste. Il n'a point tardé à justifier sa réputation et il faudra rattraper le différentiel entre les prix du Sans plomb et du Gasoil et cela en un an ! Je fais partie des millions de Français qui parcourent plus de 100km par jour pour aller travailler. A raison de dix centimes de plus/litre et en considérant que le prix du carburant est inévitablement condamné à augmenter, je vous laisse imaginer ce que sera ma perte en pouvoir d'achat. Quant aux transporteurs routiers, ils auront eux des mesures plus radicales. Ils feront ce qu'ils font si bien à l'accoutumée... à savoir bloquer les raffineries... et l'économie. Bien entendu on leur donnera satisfaction et on trouvera un artifice pour que les transporteurs français largement concurrencés par leurs voisins européens déjà, ne soient pas pénalisés davantage.

Je ne vois rien de nouveau, en réalité, dans ces premières semaines du gouvernement Macron. Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent selon l'adage bien connu et la « Realpolitik » a tôt fait de reprendre le dessus. On nous a fait croire que le paysage politique avait été bouleversé. Tout cela n'est qu'artifice et la politique demeure largement une affaire de « gens autorisés » comme aurait dit le regretté Coluche. La classe moyenne continuera de payer et les promesses attendront ! Parmi ces dernières, la très démagogique suppression de la taxe d'habitation, pour 80% des Français (en fais-je partie ?) est vouée aux calendes grecques.

La seule certitude que l'on ait, au vu de ces premiers jours c'est bien que le « centre n'est ni de gauche, ni de gauche », comme le rappelait François Mitterand en son temps. Je prédis, sans le souhaiter pour autant, à cette politique un nouvel échec, car aucun des maux de notre société n'est abordé. Pour en revenir à ce que je connais le mieux, où en est la méritocratie chez les profs en particulier ? Quand le chef d'établissement pourra-t-il recruter son équipe, comme le « chef d'entreprise » qu'il est ? Quand rémunérera t-on en partie les enseignants au mérite en fonction de leur réussite aux examens, pondérée par la qualité de l'établissement ? Quand récompensera t-on leur moindre absence (le meilleur moyen de lutter contre les abus) ? Quand valorisera t-on les projets ? En réalité, quand daignera t-on donner un salaire nettement supérieur à ceux qui le méritent avant tout ?

Au lieu de cela et en fonction des premières mesures, une discrimination qui s'adresse à la totalité de la fonction publique et qui ne fait nullement la différence entre celui qui produit des efforts et les autres. J'attendais Emmanuel Macron sur ce registre, puisqu'il l'avait abordé. Je ne vois rien de tel poindre à l'horizon et à titre personnel, je suis largement déçu. D'autres le seront aussi très bientôt, s'il n'y a pas rectification du tir et la chute du mouvement En Marche sera aussi brutale qu'a été son ascension.

Je me tiendrai désormais « à la marge » de l'organisation, mais je saurai aussi reconnaître les points positifs s'il y en avait. J'espère aussi par cette missive trouver un écho favorable auprès de notre néo-député, qui doit porter à l'Assemblée Nationale les réflexions de ses concitoyens et ne pas être seulement un « député godillot ».

Je reste à sa disposition pour la rencontrer éventuellement, si elle en a le temps et l'envie, afin de dissiper les nombreux malentendus nés des décisions de ces premiers jours.

Je vous laisse les coordonnées de mon site internet perso. Vous constaterez en le parcourant qu'il fait montre d'un dynamisme et d'une créativité dont je l'espère tous les députés d'En Marche seront animés pendant toute la législature.

http://perso.numericable.fr/christophe.gameiro/

 

Cordialement,

 

Christophe GAMEIRO

06 23 13 85 56


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