Les femmes n’ont pas de reproches à se faire
par Orélien Péréol
samedi 4 novembre 2017
Bien des catégories humaines sont protégées de ce type de portrait négatif, aussi puissamment négatif, par les mots pas d’amalgame et pas de stigmatisation. Amalgame : on n’a pas le droit de faire porter à tous les membres d’un groupe la responsabilité et encore moins la culpabilité de ce que font les autres, surtout en choisissant les pires comportements de certains membres de ce groupe. Les hommes (au sens des mâles) n’ont pas droit à cette protection intellectuelle, sociale, juridique et politique. Stigmatisation : on n’a pas le droit d’aborder une personne nouvelle de ce groupe en lui prêtant a priori les pires caractéristiques des pires membres de ce groupe, ce qui arrive quand on pratique l’amalgame.
Les hommes (au sens des mâles) n’ont pas droit à cette protection intellectuelle, sociale, juridique et politique. C’est même tout le contraire, on ne parle d’eux qu’en termes d’êtres vils, en masse, en vrac. Vous ne trouverez nulle part un discours positif sur la virilité ou sur la masculinité, vous trouverez uniquement des discours qui présentent la vie des femmes en France comme un enfer insoutenable, voulu, organisé, entretenu par les hommes, (les femmes n’y pouvant rien, les femmes ne pouvant que subir). Vous ne trouverez pas les informations sur un homme qui a sauté à l’eau pour sauver une femme, un autre pour un enfant, au péril de leur vie. Et si vous allez au devant de ces informations et les trouvez, vous ne les verrez pas accompagnées de réflexions englobantes du type : « ils sont tous comme ça, ceux qui n’ont pas fait cela n’en ont pas eu l’occasion, sans quoi ils l’auraient fait. » A l’inverse, une bédé de 2014, prétendant lutter contre le sexisme ordinaire, représente les hommes, tous les hommes, en crocodiles. L’auteur évoque le « privilège masculin » dont sont coupables mêmes les hommes qui ne s’en sont pas servis puisque selon lui, ils l’ont quand même, et c’est ça qui compte : « même les types sympas sont montrés en crocodiles, tout comme ils jouissent de certains privilèges, sans même s’en rendre compte. » Maintenant, les hommes sont des porcs dénonçables, du crocodile au porc, on a beaucoup progressé. Je n’ai pas de suggestion à faire pour l’étape suivante, mais vous avez voir.
Donc, la rue en France est un goulag pour les femmes et la méthode mise en œuvre pour corriger cela est la répétition de ce portrait de l’homme en prédateur-dominant, aucun ne faisant exception. Un tel système est autoalimenté, il est autonome de tout le reste. La plainte des femmes augmentera donc, quoi qu’il arrive, quoi que fassent les hommes.
Pour mieux se rendre compte de ce que sont les relations humaines entre les femmes et les hommes, je suggère une étude comparative par pays. Cela ne risque pas de se faire.
J’appelle à un féminisme partagé, c’est-à-dire qui met l’égalité en actes dans le chemin (pour celles et ceux qui veulent, pour les lutteuses/lutteurs) vers l’égalité en actes partout et pour tout le monde.