Les ficelles de la manipulation

par olivier cabanel
mercredi 18 mai 2016

Nos politiques aiment le pouvoir, c’est bien connu, mais ce qu’ils veulent surtout, c’est le conserver le plus longtemps possible, et que ce soit pour gagner la place, ou la garder, ils pratiquent une manipulation forcenée, expliquée d’abord par Sylvain Timsit, puis reprise par Noam Chomsky.

Il évoque par exemple la stratégie de la distraction : elle consiste à agiter un drapeau rouge sur un sujet précis, afin de détourner l’attention sur les vrais problèmes. lien

Hollande en fait régulièrement la démonstration en multipliant inaugurations, commémorations afin de détourner l’attention.

Chomsky évoque aussi une autre stratégie qui consiste à créer des problèmes, pour finalement offrir des solutions.

Sarközi a parfaitement illustré cette manœuvre avec le discours de Grenoble, un certain 30 juillet 2010 stigmatisant les banlieues. lien 

Et quid des émeutes de banlieues, commencées en 2005 à Clichy-sous-Bois, suite à l’électrocution de deux adolescents, poursuivis par la police, puis plus tard d’une grenade lacrymogène lancée par les forces de l’ordre devant une mosquée, provoquant des émeutes dans la plupart des banlieues de France, et de l’état d’urgence qui a suivi ?

Quoi de mieux pour distraire l’attention des citoyens, plongés dans les affres d’un chômage galopant, en portant l’attention sur « l’insécurité »... ? lien

Ces manœuvres sont elles aussi décrite par Chomsky, qui note qu’il s’agit de faire appel à l’émotionnel plutôt que la réflexion.

Comme l’a constaté la journaliste Sophie Coignard dans les colonnes du « Point », en septembre 2015, «  Valls c’est la pratique d’une gouvernance par l’émotion  », lorsqu’il publie un tweet, montrant la célèbre image d’Aylan Kurdi, allongé mort sur une plage...il s’était à l’époque servi de cette image pour déclarer l’urgence de lancer une politique à la fois humaine et efficace pour faire face à l’afflux des réfugiés qui déferlent sur l’Europe... « Ça fait partie de son travail  »...lien

On a vu par la suite avec quelle « générosité » la France avait finalement accueilli quelques milliers de réfugiés...face au million d’entre eux ayant trouvé un refuge chez nos cousins germaniques. lien

Plus tard, la « pratique émotionnelle » a été a nouveau utilisée par le même Valls, lors des actes terroristes récents : il remet la perpétuité réelle au cœur du débat (lien) et en écho, le chef de l’état doit « veiller plus que jamais à notre unité au plan européen... ». lien

Comme le résume très bien un internaute, sous le pseudo de « reflets » : « les médias ne font plus qu’une chose, raconter l’émotion, la douleur, la souffrance, la peur à nos portes. Pour éviter de parler du fond. Des raisons qui poussent les terroristes à tuer, et de ceux qui les commanditent. Mais surtout de la responsabilité des gouvernements des pays touchés par le terrorisme ». lien

Timsit et Chomsky évoquent aussi l’infantilisation des électeurs, le futur éventuel élu enjoignant les électeurs à « faire leur devoir citoyen », regrettant la désertion des urnes, mais sachant très bien au fond de lui que, si l’électeur déserte les urnes, ce n’est pas par manque de citoyenneté, mais surtout suite à son écœurement face au tableau affligeant que nous offrent nos politiques.

Valls, et d’autres, dénonce l’abandon des urnes et évoque « le devoir, l’exigence, de se rendre aux urnes  ». lien

Il faut croire que tous les électeurs ne sont pas dupes, puisque les abstentionnistes sont finalement devenus le premier parti de France...lien

L’occasion de rappeler le livre de Thomas Amadieu et de Nicolas Framont « les citoyens ont de bonnes raisons de ne pas voter  », (éditions bdl). lien

Intéressant aussi d’écouter ce qu’en pense Etienne Chouard, sur le thème du « pouvoir qui rend fou » il explique pourquoi notre démocratie est illusoire et il pose une question lucide : si la constitution, au lieu de nous servir à nous protéger des éventuels excès de ceux que nous avons mis au pouvoir, sert au contraire à asseoir leur autorité, alors le mot démocratie est vidé de son sens...il ajoute, ce n’est pas à ceux que nous avons élu de rédiger cette constitution, mais c’est à nous qu’il appartient de l’écrire, et ce ne sera pas facile. vidéo

Le blog « Résistance 2017 » décrit parfaitement cette infantilisation des électeurs : « Les 40 dernières années ont été marquées par l’infantilisation de la société française. Les adultes qui avaient autrefois pour devoir de préparer l’avenir de leurs enfants ont abdiqué cette responsabilité (...) Et certains politiques ont tout fait pour que cette infantilisation fonctionne à leur profit, grâce à un populisme bien calculé... ». lien

(traduction : votre cupidité nuit à l’économie dit ce patron a l’employé qui réclame une augmentation)

Il s’agit aussi de maintenir l’électeur dans l’ignorance et la bêtise.

Comment ne pas s’étonner, sur le chapitre de l’énergie, des déclarations contradictoires de Ségolène Royal, récemment en charge de la COP 21, qui, tout en prônant le développement des énergies propres, fait la part belle au nucléaire, par le lancement de sa voiture électro-nucléaire (lien) ou quand elle affirme que Fessenheim, la vieille et délabrée centrale nucléaire, sera fermée...quand le couteux EPR de Flamanville sera en mesure de la remplacer, étrange façon de promouvoir les énergies propres...lien

La logique n’aurait-elle pas voulu que Fessenheim soit plutôt remplacé par des solutions propres ?

Noam Chomsky, en guise de conclusion affirme que ceux qui nous gouvernent pratique la stratégie du différé, encourageant l’électeur à se complaire dans la médiocrité, le poussant à remplacer une logique révolte par sa propre culpabilité, et tentant de connaitre l’électeur mieux qu’il ne se connait.

C’est ce qui reste à prouver, car le mouvement « nuitdebout » est en train de s’étendre...une soixantaine de communes françaises, se sont maintenant impliquées,

 malgré les pressions, malgré les casseurs, casseurs pour lesquels, il est bien probable qu’ils ne soient souvent que des policiers déguisés en manifestants, comme on a pu le constater sur quelques vidéos.

Les exemples se multiplient, comme ici en 2010 à Lyon, ou ici en 2013, lorsqu’ils quittent la manifestation en remettant leurs brassards de policiers, ou encore mieux lorsque des manifestants démasquent les policiers infiltrés, lesquels rejoindront finalement les rangs des policiers. vidéo

Pour revenir aux « nuitdebout », une figure est en train d’émerger, même si l’intéressé s’en défend : Frédéric Lordon, l’un des « économistes atterrés » raconte comment le comité d’organisation l’a «  un peu poussé au cul sur la scène  »...encouragé par les manifestants « c’est pas grave, vas-y »...alors il y va : «  il est possible qu’on soit en train de faire quelques chose  » dit-il, et il porte l’estocade : « Merci, vraiment, El Khomri, Valls, Hollande, d’avoir poussé si loin l’ignominie que nous n’avons plus que le choix de sortir de notre sommeil politique » (...) « tous vous l’ont dit avant moi, il se passe quelques chose ici, quoi ? La politique au sens le plus élevé du terme, et puis peut-être, allez savoir, rêvons un peu, l’histoire qui se remet en mouvement, ce serait idiot de ne pas en être, rejoignez-nous  » (lien) et une militante de conclure : « Lordon va avoir un rôle important dans cette mobilisation, c’est juste qu’il ne le sait pas encore lui-même ». lien

L’avenir nous le dira...en tout cas, malgré les pressions diverses, les déclarations d’un ex-président qui affirme « qu’ils n’ont rien dans le cerveau  », la place de la République est encore investie chaque soir. lien

Le site de nuitdebout est sur ce lien

Comme dit mon vieil ami africain  : « on peut toujours couper les fleurs, mais on ne peut pas arrêter le printemps ».

L’image illustrant l’article vient de hypnose-yvelines78

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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