Les idiots utiles du néocapitalisme mondial
par Bur K
mardi 4 juin 2013
Ce très court billet se veut un prolongement de celui publié récemment par Christian Laurut1. Cet auteur pointait un amalgame déprédateur entre deux valeurs sociétales des modèles politiques régulièrement contestés et combattus par les idéologues des gauches en général : le capitalisme, et le libéralisme.
Christian Laurut nous invitait à une réflexion au-delà de la partie visible de l’iceberg, dans le but de sortir de cette con fusion, éminemment toxique pour les individus et les peuples. Il semble salutaire de sortir de cette dévastatrice méprise entre :
- Le néocapitalisme mondialiste monstrueux, broyeur des libertés, des responsabilités individuelles, des diversités humaines, pourvoyeur d'inégalités, d'exclusions et de divisions sociales pour mieux régner.
- Le libéralisme, pourvoyeur de libertés et de responsabilités individuelles, emprunt d’humanisme respectueux des différences dans la diversité humaine, autant que les valeurs égalitaires en droit et devoir pour assurer la cohésion sociale.
Sur le plan des idéologies politiques, les dirigistes s’opposeraient aux libéraux, pour imposer un idéal d’égalité, prétendu générateur de libertés. Il est donc question de la dialectique liberté-égalité, que j’aborderai davantage sous l’angle de la philosophie de Hegel que celui de la politique et du droit républicain. Pour faire simple, j’emprunte à Loup Rebel son exemple du modèle relationnel entre un maître et son esclave2. Hegel montre que l’inégalité des statuts de l’un et de l’autre est sans rapport avec les libertés respectives de l’un et de l’autre à l’intérieur de la relation : chacun voit sa liberté entamée par sa dépendance à l’autre. « La conscience de soi ne parvient à la satisfaction que dans une autre satisfaction de soi », disait Hegel. C’est, pourrait-on dire, darwinien :
Deux personnes – deux consciences, dit Hegel – s’affrontent dans une lutte de pur prestige. Chacun cherche la reconnaissance, c’est-à-dire veut que l’autre s’incline devant lui, admette sa valeur, renonce à la contester. Le combattant qui a été jusqu’au bout de son désir, sans faiblir, y compris devant la peur de la mort, devient le « maître » de celui qui n’a pas su faire la même preuve de sa liberté. Mais du coup, le maître est doublement lié à son esclave :
- Par le désir de se faire durablement reconnaître comme libre.
- Par la nécessité d’interposer, entre lui et le monde, son serviteur dont le travail lui assure les moyens de se maintenir au-dessus des contingences de la vie.
Ce qui est exposé ici entre deux personnes, deux consciences individuelles, peut s’appliquer à deux groupes de personnes qui s’affrontent pour asservir l’autre. Comme je le disais plus haut, c’est darwinien…
Si on relit ces considérations au célèbre aphorisme de Nietzche – le désir de reconnaissance est un désir d’esclave –, on est obligé de reconnaître, par simple raisonnement logique, que le désir de reconnaissance du maître n’est pas différent de celui de son esclave. Voilà au moins un point d’égalité entre un maître et son esclave : ils sont l’un et l’autre des êtres sensibles, soumis à des désirs communs, des émotions, des sentiments, capables de ressentir la souffrance et la jouissance.
Revenons à la lutte contre le libéralisme :
l'abbé Pierre était-il – sans le savoir – un libéral pur et dur, lui qui n'a jamais participé à la lutte des classes, pas plus qu'à combattre les inégalités ?
Lui qui a consacré sa vie à lutter contre la pauvreté et l'exclusion ?
Va-t-on bientôt nous dire que la communauté d’Emmaüs est une agence du MEDF ?
Les Emmaüs se foutent totalement des idéologies, fussent-elles de droite ou de gauche. Ils revendiquent seulement le droit à vivre dans la dignité, dans la différence, et le respect des particularismes individuels. Autrement dit, la liberté d'exister, sans se soumettre au dictat du formatage d'une quelconque pensée unique.
L'autoroute médiatique est la voix – et la voie – facile pour les bobos lobotomisés, incapables de penser autrement qu'en mode citation des propos d'idéologue, idoles politiques qui – dixit ces bobos – font autorité. Bref, des soumis à « ce qui fait autorité » dans la pensée unique.
L'égalité, dans l'hypothèse improbable de son avènement, ne pourrait qu'être imposée par la volonté législative. En réalité, c'est une utopie des idéologues qui la prônent et la vendent aux faibles pour calmer les sentiments de culpabilité que leur cupidité impose à leur conscience.
L'égalité est incompatible avec la lutte des classes, car elle impliquerait qu'il n'exista plus aucune classe (en Inde on ne parle pas de classe, mais de caste. C'est du pareil au même).
Or, ce sont les mêmes forcenés que l'on retrouve sur les deux fronts :
- front de la lutte des classes,
- front de la lutte contre les inégalités.
Et ceux-là, au non de la défense de leur statut de bobo-classe-moyenne, montent au créneau pour dénoncer toute mesure de lutte contre la pauvreté qui diminuerait les inégalités... entre eux et ceux de la classe en dessous ! Des tartufes, prêts à trouver dans la littérature politique l'idéologue illuminé qui confortera leur position inhumaine.
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
Au bout du chemin de l'antilibéralisme, c'est la victoire assurée du néocapitalisme mondial, et son dirigisme tout puissant et absolu. La suite ? = Disparition des valeurs qui fondent notre civilisation : déni des différences, alignement mondial des citoyens et des peuples, théorie du genre, etc. Et cette victoire sera cautionnée par les États, complices sans le savoir, quand ils se revendiquent de la lutte contre le libéralisme à l’échelle nationale.
Au final, les antilibéraux, États en têtes, sont les idiots utiles du néocapitalisme mondialiste. Ma mentalité de résistant m'impose de lutter contre ces alliances pour une cause dévastatrice, et à me rallier au peloton des libéraux à l’échelle de ma nation : la France. Ce qui me semble le meilleur moyen de résister au totalitarisme mondialiste.
Au risque de subir un lynchage par les susnommés idiots utiles, je remercie AgoraVox et les modérateurs qui ont permis la publication de ma modeste participation à défendre une fois encore des valeurs démocratiques d’une France résistante aux asseaux de la mondialisation.