Les macroniens divisés à Paris

par REMY Ronald
samedi 31 août 2019

En juin puis juillet dernier, j’avais déjà sommairement expliqué sur Agoravox pourquoi de plus en plus de macroniens n'avaient plus confiance en Benjamin Griveaux. Pour cette raison, on constate maintenant clairement que le solide socle d’électeurs macroniens sur Paris (34 à 38%) est en train de se fracturer à l’occasion de cette élection municipale. Pour 4 grandes raisons :

1) Benjamin Griveaux a déjà agi pendant 12 ans dans les turpitudes du parti socialiste (voir Canard Enchaîné du 17-7-19) et de la « Hollandie ». Pour beaucoup de français, il est l’incarnation de ce qu’ils détestent : la politique politicienne avec ses réseaux semi-mafieux et les « partages de fromages » entre féodaux apparatchiks. Cet opportuniste cassant et méprisant, y compris avec ses propres alliés et son propre camp, est en réalité un habile rescapé PS ayant soigneusement esquivé la vague « dégagiste » dont avait bénéficié à Emmanuel Macron en 2017.

2°) Benjamin Griveaux a ensuite été le porte parole du gouvernement Edouard Philippe ayant trahis l’engagement électoral d’Emanuel Macron de baisser les prélèvements obligatoires. D’où la jacquerie fiscale des Gilets Jaunes soutenue (avant noyautages et manipulations violentes) par 80% des français. Les électeurs en ont assez des promesses mensongères et des bonimenteurs cyniques et arrogants dont Benjamin Griveaux est souvent vu comme un caricatural représentant.

3°) Le parti présidentiel est clairement divisé sur Paris à cause de « l’erreur de casting » Griveaux. Aucun des autres candidats macroniens n’a voulu le rejoindre. Ni lors du meeting officiel de lancement de campagne (dit de "rassemblement") du 18 Juillet. Ni par la suite (à l’exception de la très suspecte nouvelle volte face de Mounir Mahjoubi). Au contraire, puisqu’une dynamique « TSG » (Tout Sauf Griveaux) s’est discrètement mise en place autour du député « débutant » Cédric Villani, avec des sondages électoraux bien plus porteurs.

4°) Mais il n’y a pas que le parcours, le caractère, l’éthique politique variable, le comportement de Benjamin Griveaux et… les mauvais sondages. Il y a aussi qu’après avoir entamé sa campagne électorale six mois avant tous les autres candidats, après ses intenses pourparlers politiciens avec les baronnies politiciennes locales, il n’ait toujours pas un programme digne de ce nom pour Paris ! Et ce n’est pas faute d’avoir tiré nous-mêmes le signal d’alarme sur certains points délicats pour le « Grand Paris », notamment avec l'accueil des Jeux Olympiques.

Quatre faits très concrets et lourds de conséquences que les mauvais conseillers autour d’Emmanuel Macron ont refusé de prendre en compte jusqu’ici. D’où cette dangereuse fracture au sein de LaREM Paris qui en découle.

(NB / Comme à l’époque de l’autre calamiteuse « erreur de casting » Nathalie Loiseau. Son incompétence médiatiquement mise à jour lors de la campagne européenne s’étaient ensuite accompagnée d’inutiles paroles blessantes de sa part envers d’autres délégations. Publiquement, au sein même du Parlement Européen ! Une catastrophe politique et diplomatique pour la France à la veille de la stratégique élection des commissaires européens).

Cette retenue dubitative envers Villani n’existait pas qu’en haut lieu. Elle était partagée aussi par des sympathisants locaux. Exemple : suite à notre distribution de milliers de tracts sur pare-brises (reproduisant le texte de lancement du débat "En Marge" sur le site Agoravox), des passants et des sympathisants LaREM reconnaissaient une plus grande sympathie pour Cédric Villani, par rapport à Griveaux jugé bien moins rassembleur. Cependant, une majorité de ces personnes pensaient que Villani n'irait pas jusqu'au bout pour diverses raisons. Notamment en raisons des moyens matériels et financiers. Et surtout à cause du réseau électoral déjà engrangé par Griveaux, de la pression de l'Etat-Major national de « En Marche » et des conseillers de l'Elysée.

Mais les maladresses cumulées de Griveaux et les démonstrations de soutien que Villani a reçues en provenance de militants LaREM (pas que de l’aile gauche macronienne et pas uniquement du triangle Nation-Bastille-République) ont fait basculé la situation. Ce nouveau contexte a renforcé son intuition et sa conviction. Le tout a aussi été soutenu par deux bons sondages successifs. D’où l'aboutissement logique de sa démarche avec la confirmation officielle de sa candidature (que nous continuons à soutenir sur les réseaux sociaux et par tracts).

Cependant, la fracture au sein de LaREM (que j'avais en fait annoncée depuis un an sans être entendu, bien avant l’émergence des Gilets Jaunes), doit impérativement se résorber. Le plus tôt sera le mieux. L'indispensable rapidité de cette réconciliation (afin d'éviter deux listes antagonistes) peut être accélérée par Emmanuel Macron lui-même. La sagesse "Brigitesque" (faut cesser les c..neries !) incite naturellement à la fusion synergique des 2 listes (avec un poste très honorifique pour Benjamin Griveaux, à l'intérieur ou à l'extérieur du Gouvernement ; si possible sans provocation inutile envers les sympathisants "Gilets Jaunes macroniens" et les « Gilets Jaunes » pacifiques d’autres tendances).

Cédric Villani a parfaitement compris cette difficile équation électorale. Ainsi, pour s’extirper des contraintes politiciennes découlant de la fatale complexe fusion des deux listes, un haut degré d’ouverture à la société civile risque de surprendre nombre de commentateurs expérimentés...

Encore une fois, l’important est qu’avec courage et détermination, il obtienne des notables et baronnies sortantes que le débat politique émerge enfin de la médiocrité. Car c’est bien cette médiocrité qui a incité les citoyens au « dégagisme » électoral en 2017 et 2019. L’important est que les dossiers mis éternellement de côté, voir étouffés depuis des années, émergent enfin dans l’analyse constructive (et ils sont nombreux). Que du sang neuf revigore de manière synergique la créativité et le dynamisme des citoyens. Notre capitale en a besoin. Idem pour tout le pays.

Par delà les étouffantes querelles partisanes et les périlleuses divisions gauloises, notre mathématicien aura aussi beaucoup de travail lorsqu’il traitera l’énorme mille feuille des nombreux sites touristiques franciliens. Car certains lieux ont été gérés de manière honteusement soviétiforme avec des équilibres budgétaires médiocres. Des responsables touristiques locaux se sont avérés piètres gestionnaires et peu qualifiés en matière touristique. Pourquoi ? Pour la simple raison qu’il a été jusqu’ici plus facile de caser discrètement dans les « trous de ces fromages », années après années, en remerciement, les copains de copains issus des campagnes électorales successives…

Par traditionnel soucis de rassemblement, de concordes locales (et nationale), les « Bouledogues de la République » (au sein de « En marge » et des autres partis) préconisent qu’après les municipales, il leur soit donné à tous un an pour présenter eux-mêmes, au Conseil Municipal, au Conseil Régional et à celui du Grand Paris, un programme local de modernisation et de rentabilisation de leurs sites respectifs. Sous peine de redistribution des concessions l’année suivante (car les concessions ne sont pas censée être à vie, surtout lorsque déficitaires et financées par nos taxes et impôts). 

Dès maintenant, la campagne électorale légitimera les futurs budgets systématiquement en hausse de tous les sites touristiques stratégiques capables de « retours sur investissements ». Chacun de ces futurs plans de restructuration et de relance économique qui seront présentés au(x) futur(s) Conseil(s), y compris avec demandes d’aides techniques spécialisées et demandes de formations éco-touristiques dignes de ce nom à tous les niveaux, favorisera l’accueil harmonieuse des touristes, la qualité autofinancée des prestations et l’emplois. Le laisser aller, la pagaille, la thrombose et les mauvaises conséquences d’un « sur tourisme » mal géré doivent être impérativement évitées. Surtout en prévision de l’arrivée massive découlant des prochains Jeux Olympiques.

Avec rationnel mais urgent traitement des autres dossiers compliqués (parfois interministériels) des nombreux escalators à installer, des panneaux de signalisation interactifs multilingues, des intermittents du spectacle, de la SACEM, des ex-futur musiciens et « chanteurs au chapeau », de la relance urgente des pianos-bar, des problèmes d’isolation phonique, de la drogue, de l’apprentissage aboutissant à l’emploi, de la sécurité, etc., le très long et progressif endormissement de Paris et du grand Paris prendra un jour fin.

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