Les marcheurs Italiens mis KO électoralement

par Laurent Herblay
mercredi 7 mars 2018

Matteo Renzi, c’était un dirigeant jeune, venu de la gauche, s’appuyant parfois sur la droite et sans la moindre trace de progressisme social dans sa politique, salué par toute la presse bien-pensante, qui remporte un triomphe électoral (40,8% des voix en 2014 aux européennes). Dimanche, l’Italie a sèchement renvoyé à ses études le Macron Italien. Bande annonce de notre avenir ?

 

Un vote contre les dirigeants européens
 
Dimanche, le parti de Matteo Renzi n’a recueilli que 18,7% ! En moins de quatre ans, l’enthousiasme passager de l’Italie pour le Parti Démocrate s’est sacrément dissipé, la coalition de droite remportant deux fois plus de suffrages, à 37%, et le Mouvement 5 Etoiles continuant sa progression, en devenant de loin le premier parti transalpin, à 32,6%. Bref, l’application des potions amères eurolibérales (avec, avant nous, un démantèlement du droit du travail) n’a pas convaincu les citoyens, malgré les vents porteurs de la conjoncture, entre légère reprise mondiale, bas prix des matières premières, et taux d’intérêt au plancher, ce qui n’est pas neutre pour le pays le plus endetté de la zone euro.
 
Du coup, le grand frère d’Emmanuel Macron a démissionné de la présidence du Parti Démocrate. Mieux, il faut souligner le caractère anti-système du vote de dimanche. Le premier parti d’Italie est désormais le M5S, qui a désormais une certaine légitimité pour réclamer le pouvoir, alors même que les média dominant l’ont beaucoup critiqué pendant la campagne, le donnant en recul alors qu’il n’a jamais été aussi haut. Dommage qu’il ait abandonné la contestation de l’euro. Au moins, il ne s’agit pas d’un parti eurolibéral. Et au sein de la coalition des droites, c’est la Ligue du Nord qui devance Forza Italia, les Italiens préférant encore une fois la radicalité au centrisme du bras droit que Berlusconi s’était choisi.
 
Ce faisant, après une Grande-Bretagne qui vote le Brexit et apprécie le travaillisme de Corbyn, après les législatives Allemandes, où les grands partis de gouvernement ont fait un score historiquement bas, et une Espagne où Podemos s’impose, l’ordre politique eurolibéral semble bien en recul partout. Ce faisant, on peut penser que la victoire de Macron en 2017 n’était que le chant du dernier cygne eurolibéral, sans opposition assez solide, mais que cela pourrait bien être la dernière. Après tout, les peuples européens semblent finalement s’accorder de plus en plus pour rejeter les politiques eurolibérales. Même en France, le résultat du premier tour n’était pas un franc succès pour elles
 
 
Bien sûr, il est malheureusement probable que la situation ne changera pas beaucoup en Italie. Pour cela, il faudrait quitter l’euro et quitter l’UE. Avec le contrôle de sa monnaie, Rome pourrait suivre le chemin tracé par Shinzo Abe au Japon et régler le problème de dette publique créé par l’euro. Au moins, on peut penser que les Italiens ont fait un pas dans la bonne direction dimanche.

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