Les outrances effarantes des « Républicains » sur la Grèce

par Laurent Herblay
mercredi 8 juillet 2015

Cela est sans doute un élément de langage, tant les dirigeants des Républicains, à quelques exceptions près, canardent les Grecs et leurs dirigeants. Mais dans cette opération de communication dérisoire, ils cèdent à des outrances et des contradictions plus ridicules les unes que les autres.

 
Le grand n’importe quoi
 
Cela ne vole pas bien haut chez les « Républicains ». Pour Xavier Bertrand, Alexis Tsipras est « un menteur et un démagogue (…) il a dit à son peuple, élisez-moi et tout ira mieux. Ce sera sans doute un des derniers à rouler des mécaniques en politique (…) Ce qu’il a essayé de faire avec les créanciers européens, c’est du vol à main armé, c’est de prendre en otage son peuple pour dire ‘On ne peut pas continuer comme ça, mais il n’a entrepris aucune des réformes  ». Pour Eric Woerth : « On ne va pas céder au chantage permanent de Tsipras (…) la solution efficace, c’est que l’économie grecque accepte de se réformer et que Tsipras accepte que les Européens lui proposent des solutions et qu’il les acceptent  ».
 
Les deux gâchettes de Sarkozy osent dénoncer le manque de réformes de Tsipras, en seulement cinq mois, au bord du défaut ! Ils ont aussi entonné le refrain paresseux sur les méchants grecs, au fonctionnement archaïque, corrompus… Sauf que, comme l’a déniché Alternatives Economiques, les chiffres même de la Commission Européenne montrent que la Grèce est, avec le Portugal, le pays qui a fait le plus gros effort d’ajustement budgétaire de 2010 à 2014, soit 8,3% du PIB (3,1% en France, 2,4% en Allemagne, 2% au Royaume-Uni). En outre, Joseph Stiglitz et Paul Krugman, deux « Prix Nobel d’économie », ont soutenu le « non » et jugé que c’étaient les créanciers qui étaient irresponsables.
 
Déni de démocratie bien peu républicain
 
Mais ce qui ressort des jugements des « Républicains », c’est aussi un déni de démocratie caractérisé. Il est tout de même effarant de qualifier un référendum de « chantage  », surtout dans un parti qui se présente comme un lointain héritier du Général de Gaulle, qui consultait régulièrement les citoyens. Mais pour Eric Woerth, « on ne peut rester dans l’euro avec ses propres conditions, en faisant cavalier seul. Ou alors les 18 autres pays de la zone euro ne comptent pas démocratiquement  ». Mais les traités n’impliquent pas une abdication de toute autonomie des Etats, et même dans ce cas, un peuple pourrait toujours s’en libérer. Et, il est juste démocratique de tenir compte du vote de dimanche.
 
Et que penser de Nicolas Sarkozy, qui se glorifiait il y a peu du fait d’avoir fait pression sur la Grèce pour ne pas tenir un référendum fin 2011 ! Mais fallait-il attendre quoique ce soit de la part du président qui a piétiné le résultat du référendum de 2005 en faisant adopter quasiment le même texte trois ans après  ? D’ailleurs, Marianne a souligné la divergence entre l’ancien président et son ancien conseiller, Henri Guaino, qui fait partie des rares à ne pas flirter avec la grécophobie de ses compagnons, avec Dominique de Villepin, qui a rendu un hommage rafraîchissant à Alexis Tsipras. Outre un manque de respect pour la démocratie et la Grèce, ils montrent aussi que l’UE, c’est la loi du plus fort.
 

Eric Woerth a tort : ce n’est pas la Grèce qui se ment à elle-même. Au contraire, ce sont ces dirigeants européens, qui ont donné leur accord pour des plans dont il n’était pas difficile de prévoir qu’ils seraient des échecs. Et ceci inclut tous ceux qui étaient dans la majorité à l’époque de ces plans…


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