Les pirates libéraux de Saint Malo
par CHALOT
samedi 22 juin 2013
Il faut lutter pour la défense du code du travail dans la rue et partout et militer en cohérence.
Tous les mois de mai-juin, des conseils municipaux sont saisis de délibérations à propos de l'utilisation des fonds du dispositif « Ville, vie, vacances », créé dans le cadre de la politique de la ville en 1982 pour les opérations « anti été chaud »
L'idée est positive et intéressante puisqu'il s'agit de permettre aux jeunes de milieux défavorisés d' accéder aux séjours de vacances et de construire des projets plutôt que de traîner dans les rues et de se laisser aller à la délinquance pour certains.
Des subventions sont attribuées aux communes , via les services jeunesse pour mener concrètement des actions.
Le Conseil Municipal à majorité divers droite (UMP, MODEM...) de Saint Malo a voté avec le soutien du Front de Gauche (PCF) par 40 voix pour et quatre absentions (PS) le 24 mai dernier une délibération, appelée « résolution 32 » ou « argent de poche ».
Les jeunes de 16 à 18 ans sont invités à s'investir dans la ville en réalisant des travaux d'utilité sociale dans le cadre de missions de 3 heures 30 avec un maximum autorisé de 30 missions.
La presse locale donne des indications précises :
« Il pourra s'agir d'animer un stand pendant les "mercredis des douves", d'encadrer des jeux sur la plage, de mettre en place la restauration avec les comédiens, d'effectuer de l'archivage, des mises sous pli, de participer à "la préparation d'un spectacle"... »
Chaque mission est payée 15 € donc 4, 28 € de l'heure.
La résolution précise que « La ville de Saint-Malo ne sera en aucun cas réputé employeur des jeunes participants au dispositif « "argent de poche". En aucun cas l’indemnisation versée pour la participation à l'activité "argent de poche" ne pourra avoir équivalent de salaire. »
De qui se moque-t-on ?
Il s'agit là d'un travail qui pourrait être effectué par des salariés sous contrat de travail ou par des employés municipaux.
Ces jeunes toucheront 4,28 € de l'heure, alors que le SMIC horaire net est de 7, 33 € ( pour un brut de 9, 48 €)
Comme le dit le communiqué POI ( Parti Ouvrier Indépendant ) :
Sous prétexte d’aider les jeunes à gagner leur argent de poche, que cherche à faire le conseil municipal en votant une telle résolution ? S’agirait-il d’habituer les jeunes à ne pas avoir un salaire mais une indemnité, et à travailler sans avoir de droits ? N’y a t’il pas un rapport avec l'ANI signé par le MEDEF et la CFDT (le 11 janvier 2013) qui vise à détruire le code du travail et les droits ouvriers ?
Comment comprendre le vote pour du PCF/Front de Gauche avec l’UMP et l'abstention du PS, sur une telle résolution ?
Ce que veulent les jeunes, c'est pouvoir étudier et avoir un diplôme.
Ce que veulent les jeunes c'est avoir un vrai travail avec un vrai salaire et non une « indemnité ». La défense des droits de la jeune génération pour un vrai travail et un vrai salaire ne pose-t-elle pas la question de l'unité des travailleurs avec leur organisations pour l'annulation de la résolution n°32 ? »
Je n'ai rien à rajouter à ce communiqué si ce n'est l'expression de mon regret de voir que des élus du Front de Gauche puisse oublier un soir de conseil les principes qu'ils défendent dans la rue.
Jean-François Chalot