Les propositions clownesques de Mélenchon sur l’Europe
par Relladyant
jeudi 6 juin 2013
S'il est bien un sujet qui met mal à l'aise le Parti de Gauche, c'est la question Européenne. Là où le vrai Chavez décidait souverainement et dans l'interêt de son peuple, de sortir du FMI et de la banque mondiale en 2007 [1], Mélenchon exclut quant à lui cette option pour ce qui est de l'UE, en lui substituant plutôt un ensemble de voeux pieux de "renégociations" ou " viols" des traités. Passage en revue des différentes ambiguités du Parti de Gauche sur ces thèmes.
1- "On va 's’affranchir du traité de Lisbonne'"
Toute organisation sérieuse, à commencer par une Nation, respecte les traités signés, ou les dénonce clairement...
Le droit international, ou notre Constitution, stipulent en effet que "le Président est garant du respect des traités"[2]. Cette proposition du FDG est donc anti-constitutionnelle, en plus d'être risible sur le plan de la diplomatie et de la crédibilité internationale ; qui voudrait s'entendre avec un pays qui décide sciemment de signer ou "s'affranchir" de traités selon ses humeurs ?
2- "On va utiliser le 'Compromis du Luxembourg'"
Rappel : à partir de 1965, de Gaulle suspend la participation de la France à des négociations Européennes proposant de soumettre les décisions importantes à la majorité plutôt que l'unanimité.
Le compromis de Luxembourg, qui est trouvé en réponse à cette politique de la chaise vide, est signé le 30 janvier 1966, et prévoit que : « Lorsque, dans les cas de décisions susceptibles d'être prises à la majorité sur proposition de la Commission, des intérêts très importants d'un ou plusieurs partenaires sont en jeu, les membres du Conseil s'efforceront, dans un délai raisonnable, d'arriver à des solutions qui pourront être adoptées par tous les membres du Conseil, dans le respect de leurs intérêts mutuels et de ceux de la Communauté ».
On le voit, ce principe permet de bloquer des négociations EN COURS. Il est parfaitement nul et non avenu pour décider de revenir sur un demi-siècle de traités signés avec 27 Etats, qui sont signés pour de bon et qui font donc loi. Par contre, d'autres pays membres pourraient en effet s'en servir (cf. le Royaume-Uni) pour bloquer les visées de "l'Europe sociale" que Mélenchon voudrait mais que certains pays pourraient estimer "contraire à leurs intérêts nationaux", cf. section 3 ci-dessous.
Invoquer le "compromis de Luxembourg" pour prétendre "changer l'Europe" est donc vain et ne pourrait être pertinent que dans le cas de discussions à venir.
3- "on va tout renégocier et faire une 'Autre Europe' sociale"
Jean-Luc Mélenchon estime pouvoir faire appliquer ses vues aux 26 autres états Européens, afin de revenir sur plus de 50 ans de Traités pris par plusieurs générations de chefs d'Etats et de Parlements.... Il s'agirait sans doute, diplomatiquement et historiquement, de la plus fabuleuse entreprise politique humaine jamais accomplie, ralliant sans guerre et en si peu de temps, 26 pays à une conception politique, sociale, historique commune !
Chacun a bien vu à quel point la machine Européenne, par sa construction même, rend quasi-impossible toute discussion, tout accord ou toute décision, ne serait-ce que sur des sujets plutôt consensuels (paradis fiscaux, taxe Tobin, interventions militaires...).
Prétendre un instant que la vision Mélenchonienne pourrait se répandre partout en Europe au point de renverser les institutions et traités en vigueur depuis 30 ans, est en contradiction avec la réalité sérieuse des discussions et négociations Européennes qui sont constamment en blocage, et qui le sont par construction Babelienne. Qui plus est, l'Angleterre, ou l'Allemagne, ou le Luxembourg, pourraient souverainement invoquer le « compromis du Luxembourg » pour expliquer à Monsieur Mélenchon que ses vues sur les régulations bancaires, sur a discipline budgétaire, ou sur les paradis fiscaux, violent leurs « intérêts nationaux ». Mélenchon propose-t-il alors d'envoyer les chars pour obtenir le consensus et les signatures ?
Derrière cette vision de l'Europe se cache en fait une vue impérialiste, c'est à dire la négation des spécificités culturelles ou nationales, les mêmes qui ont conduit à placer la Grèce sous la même monnaie que l'Allemagne...
Conclusion
Monsieur Mélenchon est certainement plein de bonnes intentions pour les travailleurs ou les employés. Simplement, il faut croire que l'appartenance à l'Union Européenne a une priorité plus forte dans son esprit puisque son programme social peut, ou s'appliquer hors de l'UE, ou n'exister qu'en espoirs impossibles dans l'UE, et qu'entre ces deux options, ce n'est pas la première qui l'emporte, contrairement au choix des travailleurs du rail Anglais [3] !
[1] Chavez : Venezuela to exit IMF, World Bank
Chavez, who says he wants to steer Venezuela toward socialism, made the announcement a day after telling a meeting of allied leaders that Latin America would be better off without the U.S.-backed World Bank or IMF. He has often blamed their lending policies for perpetuating poverty.
[2]Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traitéshttp://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000571356&dateTexte=vig
[3]http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/que-dites-vous-de-cela-m-melenchon-135858Que dîtes-vous de cela, M. Mélenchon ? Le principal syndicat britannique des transports demande le retrait du Royaume-Uni de l’UE