Les Républicains : changer la forme pour ne rien faire sur le fond
par Laurent Herblay
dimanche 31 mai 2015
Hier, l’UMP est officiellement devenue Les Républicains lors d’un Congrès, où Nicolas Sarkozy s’est exprimé lors d’un discours qui semble marquer le début de la campagne présidentielle, déjà aussi sonné par François Hollande. Mais sous le vernis de la forme, ce qu’il y a n’est pas aussi brillant.
Grosse ficelle de communication
L’ancien président de la République n’a pas négligé les effets de manche en publiant un « Appel à tous les républicains », inspiré dans la forme de l‘appel du 18 juin du Général de Gaulle : il ne fallait pas avoir peur de ne pas rentrer dans le costume du grand homme, et fermer les yeux sur la vraie trahison gaulliste que représente le traité de Lisbonne ! Ce changement de nom répond à un double objectif. D’abord, essayer de distancier cette écurie politique des affaires passées, dont les suites judiciaires risquent d’encombrer les années à venir. Ensuite, elle correspond à la volonté de se positionner sur les questions sociétales et de valeurs, ce qui semble le créneau le plus porteur, entre un FN au fumet toujours xénophobe et un PS ouvert au communautarisme (ce que Sarkozy était il y a 10 ans).
Cette stratégie démontre que, malgré les succès électoraux et les sondages apparemment favorables, les esprits ne sont pas vraiment sereins à droite. Le cap eurolibéral affiché par l’actuelle majorité ne laisse que très peu d’espace politique sur ces questions à Nicolas Sarkozy et le léger mieux du climat économique doit faire craindre à un changement de cap des vents de l’actualité. Du coup, après le débat sur le mariage et celui sur le collège, le choix de porter le combat électoral sur les valeurs peut sembler un pari gagnant pour l’ancienne majorité, qui pourrait se positionner profitablement entre PS et FN. D’où le choix de se nommer Les Républicains, choix que certains ont, et de manière aussi dérisoire que ridicule et un peu totalitaire, voulu interdire, ce que la justice a heureusement refusé.
Changer sans rien changer
Mais le plus ridicule est sans doute le fait que les Républicains choisiront entre deux vieux chevaux sur le retour pour l’élection présidentielle de 2017, deux candidats qui étaient déjà dans les Congrès de la fin des années 1970… Sous le nouveau nom, nous avons la même vieille soupe. Ce faisant, les dirigeants des Républicains prennent les Français pour les imbéciles. Ce n’est pas parce qu’ils changent la devanture que les électeurs penseront qu’il y a quoi que ce soit de nouveau dans le parti dont le président a tellement déçu que les Français lui ont préféré Hollande, et sous le mandat duquel Bernard Tapie a obtenu un arbitrage troublant ou dont la campagne présidentielle a accumulé les fausses factures pour cacher le non respect des plafonds légaux de dépenses de plus de 50%.
D’ailleurs, hier, les discours de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé étaient d’une superficialité effarante. Une critique un peu facile et caricaturale de la gauche, quelques soupçons de surf sur les idées du moment. Ces discours n’étaient que des postures sans véritable réflexion, ni cohérence avec les actions passées. Il était choquant de voir Nicolas Sarkozy oser se placer dans la lignée du Général de Gaulle et vanter la défense de la souveraineté, alors qu’il a commis la trahison la plus grave de l’héritage gaulliste avec la ratification du traité de Lisbonne après le « non » du référendum du 29 mai 2005. Et son discours aurait été plus crédible s’il n’avait pas été au pouvoir de 2002 à 2012. Ce qu’il dénonçait hier faisait si souvent partie de son bilan au pouvoir, notamment sa dénonciation de l’enfant-roi à l’école.
Ce qui ressort de ce Congrès, c’est la même petite soupe politicienne, où des ambiteux habillent leur soif d’accomplissement personnel de grands principes plus nobles qui ne sont que des vêtements d’apparat qu’ils oublient une fois au pouvoir. Les Républicains, c’est la même impasse que l’UMP.