Les Républicains entre impasses et renouveau gaulliste

par Laurent Herblay
mardi 8 octobre 2019

Dimanche prochain, les adhérents de LR seront amenés à départager les trois postulants à sa présidence, après la déroute des élections européennes, qui a abouti au départ de Laurent Wauquiez. Des trois postulants, deux marquent une forme de continuité dans la direction qui les a menée à 8% des suffrages, tandis que Julien Aubert entretient une flamme gaulliste trop rare à droite.

 

Attentisme, droitisation ou retour aux sources
 
Bien sûr, je ne milite pas à LR, et n’ai aucune intention de soutenir ce parti qui a trahi notre vote de 2005 en votant le traité de Lisbonne, dont le bilan au pouvoir est si mauvais, et dont les inclinaisons, exprimées en 2017, vont à l’aggravation des politiques menées depuis trois longtemps. La déroute des européennes a eu le mérite d’ouvrir un débat sur la ligne à suivre, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les trois candidats à sa présidence ont le mérite d’incarner des lignes différentes et claires. Certains auraient préféré ne pas les voir s’exprimer, préférant un candidat de synthèse sans ambition pour 2022, qui mettrait seulement le couvercle sur la marmite de débats pourtant nécessaires.
 
Mais cette voie semble proprement suicidaire. Même si la disparition de LR ne m’attristerait pas, le choix de Christian Jacob représenterait probablement un risque important de disparition du parti. Ce n’est pas avec une ligne floue, la réalité du « rassemblement de toutes les sensibilités  », que LR parviendra à exister face à une majorité qui lui a emprunté tant d’idées et de postures, comme sur l’immigration. Bien sûr, les grands barons espèrent de la sorte ne pas se mouiller en vue des élections municipales, pour ne pas subir le destin de Laurent Wauquiez, mais temporiser reviendrait probablement à abandonner le champ politique à la majorité, comme les électeurs l’ont exprimé en 2019
 
Guillaume Larrivé représente un choix différent, un prolongement de la ligne Wauquiez, à droite toute, pour se différencier de LREM. Si ce choix a au moins le mérite de représenter une vraie ligne politique, il est difficile de ne pas y voir également une impasse. LREM est aujourd’hui, sur tous les sujets économiques, bien plus à droite que ne l’était la majorité de 2007 à 2012. On peut penser que se positionner à droite de LREM sur certains sujets revient tout de même à adopter une ligne trop extrême pour les Français d’autant plus que son échec devrait à terme pousser à un mouvement de balancier inverse. Y-a-t-il simplement aujourd’hui un espace politique à droite de Macron, autre que celui du RN  ?
 
C’est pourquoi la ligne proposée par Julien Aubert est, de loin, la seule qui me semble pertinente. Sa réflexion sur la pertinence d’avoir un seul parti me semble très intéressante, tant ces grandes maisons politiques préviennent toute réflexion de fond. Et même si je le trouve trop modéré sur la question européenne, il n’est pas désagréable d’entendre une petite musique plus souverainiste de remise en cause de cette UE qui nous fait tant de mal. Mieux, il vient d’appeler la droite, avec d’autres, « à relever le défi de la fracture sociale  ». Bref, il incarne une ligne plus sociale, plus souverainiste, différente de celle de la majorité sur le fond. Et finalement, c’est ce que l’on demande à une opposition.
 
 
Voilà pourquoi j’espère une belle surprise le 13 octobre. Devant l’impasse actuelle, je crois fermement que les militants LR pourraient décider de renverser la table et refuser la synthèse à la Hollande que représente Christian Jacob, qui serait un véritable cadeau pour Macron. Et la seule voie qui ait du sens aujourd’hui est clairement celle, plus gaulliste, portée par Julien Aubert.

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