Les retraités, les riches, les évêques… : la segmentation macroniste
par Michel DROUET
mardi 17 avril 2018
« Les riches n’ont pas besoin d’un Président »
Pas touche aux riches. Ils sont en quelque sorte au-dessus de tout. Ils se débrouillent seuls. Ce n’est pas faux puisque les exemples de soustraction à la règle commune en matière d’impôt par exemple sont nombreux : de la création d’un trust aux Etats Unis pour un chanteur, à la résidence fiscale au Portugal pour un autre, en passant par l’exil fiscal des sportifs eu Suisse ou les sociétés écrans dans des paradis fiscaux pour les banques ou les Milliardaires du luxe, « l’optimisation fiscale » a pour effet immédiat pour les autres français la compensation par leurs impôts la perte fiscale induite par ces bons français fugueurs.
Macron abdique devant les riches à moins qu’il ne soit leur digne représentant. Sous couvert de « premiers de cordée » qui devraient tirer l’économie française vers le haut, on assiste à une vaste entourloupe destinée à étrangler les classes moyennes et à enfoncer un peu plus les classes populaires, derniers de cordée.
A noter que les riches et autres exilés fiscaux ne renoncent jamais à être totalement étrangers, ne serait-ce que pour pouvoir bénéficier de notre fameuse carte verte vitale qui permet de se soigner gratuitement, même lorsqu’on refuse de participer à l’effort national…
Mais bon, vous êtes priés d’aimer les riches puisque ce sont eux qui nous sortiront à coup sûr de la crise….
« Merci les retraités »
C’est sympa de penser à eux et surtout de les remercier pour la CSG, surtout ceux qui touchent des petites pensions et qui se sont retrouvés élevés au rang de privilégiés en raison de l’application du quotient familial pour le prélèvement de ce nouvel impôt.
« Les retraités ont un patrimoine deux fois plus élevé que les trentenaires » : la belle statistique que voilà et qui justifie à elle seule que l’on fasse les poches des retraités ! En fait les retraités d’aujourd’hui ont souvent commencé à travailler avant 20 ans, voire même dès quinze ans. Ils ont profité d’opportunité de promotions et pour certains d’entre eux ils touchent les dividendes de leur travail (contrairement à ceux qui touchent des dividendes sans rien faire).
A côté de cela, beaucoup de trentenaires d’aujourd’hui sont soit entrés dans la vie active il y a peu (à 25 ans environ) ou s’ils y sont entrés plus tôt ont connu l’instabilité et des périodes de chômage et des salaires bas. Il n’est donc pas illogique que les différences de patrimoine soient avérées.
Quelle est la responsabilité des retraités dans tout cela, eux qui pratiquent déjà la solidarité intergénérationnelle et la solidarité tout court ? Aucune, et Macron ferait bien de réfléchir à cet adage : « On (la classe politique, en l’espèce) ne peut pas reprocher aux autres ses propres turpitudes », et surtout les leur faire payer.
En attendant, les retraités sont priés de payer et de fermer leur gueule ou bien comme certain de jouer la culpabilité, reprenant en cela les diatribes des économistes bien-pensants.
« Le lien entre l’église et l’Etat a été abimé… »
Ah, bon ? Rien, dans les faits ne vient conforter cette affirmation présidentielle. On a même l’impression que les catholiques s’invitent très souvent dans le débat public, jusqu’à prendre fait et cause par le biais de certaines officines catholiques pour un candidat à la présidence de la république salariant sa famille sur des fonds publics sans que l’on perçoive l’effectivité des tâches confiées. Où est la morale chrétienne dans cet engagement ?
Pourquoi, par conséquent, caresser dans le sens de la mitre les évêques, sinon pour affirmer mezzo Voce les racines chrétiennes de la France et placer la religion catholique sur un piédestal par rapport aux autres religions, et combattre ainsi leurs propres dérives en s’aliénant ou en instrumentalisant des croyants.
La laïcité est étrangement absente du discours de Macron qui semble préférer la tambouille électorale en renvoyant les retraités ponctionnés, les cheminots pressurisés, les bénéficiaires de minimas sociaux, les fonctionnaires privilégiés au spirituel pour panser leurs plaies temporelles.
Nous n’avons pas besoin de médiation spirituelle pour relativiser le régime drastique auquel une grande partie du pays est soumis. Nous avons besoin de rester lucides en ne nous laissant pas entraîner par les dogmes religieux. Nous n’avons surtout pas besoin que le dialogue interreligieux se mêle du temporel et se fasse à notre détriment.
La petite cuisine électorale de Macron
De par sa formation (ENA, Inspecteur des Finances) et son parcours professionnel dans la banque, M. Macron, pense notre société à l’aune des catégories, des structures et des organisations qui peuvent lui être utiles et le citoyen est le plus souvent absent de la réflexion. Cet environnement est segmenté en fonction d’un bénéfice électoral hypothétique. Le retraité chrétien se sentira écouté à la suite du discours devant les évêques. Le chasseur caressé dans le sens du poil lui aussi, sera le coin enfoncé dans les discours critiques sur l’abandon de la ruralité. Le riche ou le chef d’entreprise se sentiront confortés suite aux cadeaux fiscaux sans contrepartie de créations d’emplois. Les élus pro aéroport de ND des Landes seront ravis de la fermeté gouvernementale vis-à-vis des zadistes et mettront un frein à leur fronde anti Macron. Etc, etc,…
Rien par contre pour les corps intermédiaires, et notamment les syndicats, déjà à l’étiage et que l’on s’empresse d’enfoncer à coups de réformes menées à la hussarde. Quelques plats de lentilles pour les EPADH ou les Hôpitaux et surtout la promesse d’une nouvelle journée de solidarité travaillée pour les salariés afin d’alimenter une caisse pour la vieillesse et la dépendance.
Solidarité ? Ah oui, ce mot qui existait déjà dans « Impôt de solidarité sur la fortune », impôt aujourd’hui supprimé par M. Macron : tout un symbole, celui d’une France à deux vitesses…