Les riches en marche

par Michel DROUET
lundi 2 octobre 2017

Il y a longtemps qu’ils ne s’étaient pas régalé comme ça, les riches. Pensez-donc, avec la baisse de la fiscalité du capital et la refonte de l’ISF et baisse de l’imposition sur les revenus du capital, c’est désormais open bar avec Macron.

On sait désormais ce qu’est un riche aujourd’hui

C’est celui qui dispose d’un capital immobilier de plus de 1,3 Million et d’un portefeuille financier. Fini le débat sous Hollande qui avait déclaré qu’à partir de 4000 euros par mois on était riche. Quand on parle de riche désormais, on s’adresse à une partie très faible des contribuables français qui accumulent les richesses et qui font partie des toujours plus nombreux millionnaires. On estime par exemple qu’en France (qui arrive en 5ème position dans le monde), il y a 579 000 millionnaires (soit moins de 1 % de la population) qui disposent d’un patrimoine d’au moins 850 000 euros, hors résidence principale, objets d’art et de collection et de biens courants.

C’est sur ces 1% que repose la politique gouvernementale de relance, autant dire qu’il y a peu de chance que ça marche, parce que les riches, par définition, ne sont pas partageux et que, plutôt investir dans les entreprises françaises, ils préfèreront goûter le luxe et la volupté sur un yacht immatriculé sous pavillon de complaisance et dans une propriété dans un paradis fiscal.

Le riche, c’est fiscalement un citoyen du monde mais qui a bien entendu le cœur en France dès qu’il s’agit de monnayer son talent ou bien de venir se faire soigner dans les hôpitaux publics avec la carte vitale, un peu comme M. Pagny, par exemple, qui assume parfaitement de faire échapper un partie de ses revenus au fisc en allant résider au Portugal.

Le riche est donc solidaire, mais surtout avec lui et a du mal à se rappeler des systèmes éducatifs, de santé et les infrastructures, financés par les impôts des autres, dont il a profité étant jeune.

De là à dire que le riche est ingrat…

On parle donc désormais des personnes « plus aisées »

Une fois les riches devenus plus riches grâce à quelques cadeaux fiscaux, il faut bien trouver une catégorie de français pour payer les impôts et financer ces largesses. C’est pour cela que M. Macron a inventé la notion de français « plus aisés » ou de « moins pauvres que d’autres ».

C’est ainsi que les pauvres d’aujourd’hui sont moins les retraités que les jeunes, nous dit-il, ce qui nous conduits à constater que la segmentation des catégories (et leur opposition, bien évidemment) est désormais à l’ordre du jour, une fois les riches hors du jeu.

Autant dire que ces segmentations sont complètement ridicules : peut-on comparer un retraité avec 1200 euros de pension mensuelle avec les rejetons des PDG du CAC 40, un fonctionnaire de catégorie C avec un cadre du privé, bien les bénéficiaires des minimas sociaux avec les actifs ou bien l’artisan avec le PDG ? Mais en politique, tout est permis lorsqu’il s’agit de stigmatiser les « gens qui ne sont rien » et faire l’apologie des riches qui sauveront certainement le pays par leurs investissements massifs dans l’économie comme semble le croire M. Macron.

Nous sommes en pleine escroquerie intellectuelle.

On n’oublie pourtant pas le menu fretin

La preuve, toutes ces diminutions de cotisations et autres suppression de la taxe d’habitation qui sont censées redonner du pouvoir d’achat aux plus modestes.

La communication gouvernementale fonctionne bien, mais avec une moitié de cerveau, l’autre moitié ayant oublié d’intégrer dans le petit livret mis à disposition du grand public (https://www.economie.gouv.fr/files/files/PLF2018/bro-pouvoir-achat-bat-web-10h.pdf) le total des exonérations pour les plus riches. C’eut été pourtant un bel exercice de transparence de pouvoir comparer les baisses entre chaque catégorie (salarié, retraité, bénéficiaire de minimas sociaux, salariés au smic, cadre dirigeant d’entreprise, assujetti à l’ISF,…) avec le nombre de français correspondant puisque la segmentation des catégories semble être à l’ordre du jour.

Mais bon, il ne faut tout de même pas rêver.

Qui pour relancer l’économie, alors ?

Lorsqu’on enlève les riches sur lesquels il ne faut pas compter pour relancer l’économie, on constate que le match pour la relance se joue entre les plus aisés des moins aisés et les chefs d’entreprises. Pour ces derniers on peut également segmenter entre les artisans et les PME d’une part et les artistes du patronat (tendance Gattaz) pour lesquels la situation n’est pas la même et qui savent si bien persuader le gouvernement d’allonger des aides pour créer – juré, craché – des emplois qui ne viendront jamais.

Le problème, c’est que cette catégorie de patrons a fortement tendance à se confondre avec la catégorie de riches et que la relance de l’économie par la création d’emplois cède le pas au montant de rémunération des actionnaires et des cadres dirigeants qui font désormais partie de la famille avec leur stock-options.

Fort avec les faibles et faible avec les forts

Telle semble être la devise de ce gouvernement qui se moque du monde dans les grandes largeurs en jetant une pièce dans la main de certains comme les bonnes âmes le font à la sortie de la messe et dépose un lingot dans le coffre des autres.

Cela commence à se voir, même dans la majorité « En Marche » qui nous concoctera quelques amendements à la loi de finances pour taxer quelques Yachts dont les propriétaires inconséquents ont oublié de défiscaliser aux Bermudes.

Juste pour le symbole, mais surtout sans rien toucher à l’équilibre de la loi de finances.

Ni de gauche, ni de droite, on vous disait. Juste du côté du portefeuille.


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