Les vautours planent déjà sur le charnier LR

par Fergus
jeudi 17 mars 2022

Desservie par une mauvaise campagne et la désertion de plusieurs ténors de la droite, Valérie Pécresse voit, semaine après semaine, ses chances de qualification pour le 2e tour de l’élection présidentielle se réduire comme peau de chagrin. Une défaite annoncée qui n’est pas pour déplaire à certains vautours de sa famille politique, prêts à fondre le moment venu sur le cadavre fumant des Républicains pour s’en repaître. Mais d’autres rapaces nécrophages pourraient également s’inviter au festin...

À 26 jours du 1er tour de la présidentielle, le moins que l’on puisse dire est que ça sent le roussi pour la candidate Les Républicains. Mal à l’aise tant dans sa gestuelle que dans son expression orale en meeting, par trop hautaine et technocrate lors de ses interventions dans les médias ponctuées de pathétiques « Moi, je », Pécresse est indiscutablement à la peine dans cette campagne. Et l’on voit mal ce qui pourrait la tirer d’affaire : rien de ce qu’elle entreprend ou de ce qu’elle annonce ne semble « imprimer » dans l’électorat du centre et de la droite qu’elle dispute d’un côté à Macron, de l’autre aux candidats populistes de la droite radicale.

Créditée de 11 à 12 % par les instituts de sondage, Pécresse pointe actuellement entre la 3e et la 5e position selon les instituts, loin de Le Pen, la mieux placée à ce jour pour affronter Macron lors de la finale du 24 avril. Après l’échec en 2017 d’un Fillon plombé par sa cupidité dans l’affaire du Penelopegate, une élimination de la candidate LR dès le 1er tour de la présidentielle cinq ans après la cuisante défaite du Sarthois serait à coup sûr un désastre pour Les Républicains, synonyme probable d’une mise à mort du parti dans sa configuration actuelle. Qu’à cela ne tienne, une telle débâcle offrirait également une opportunité à ceux qui, tapis en embuscade aussi bien au sein de LR qu’hors du parti, comptent bien tirer les marrons du feu.

Du côté des Républicains, c’est évidemment vers Éric Ciotti et Laurent Wauquiez que se tournent les regards. Après avoir obligé la gagnante de la primaire LR à s’aligner très largement sur leur ligne sécuritaire et identitaire pour l’emporter, ces deux-là ont d’ores et déjà fait une croix sur les chances de victoire de la Versaillaise. Et cela sans en ressentir la moindre amertume. Il est vrai que ces duettistes sont on ne peut plus prévisibles : la victoire de Pécresse, ils n’y ont jamais cru, eu égard à sa trop grande proximité idéologique avec un Macron qui, quoi qu’on en dise, a toujours gardé un socle électoral solide. Et si Ciotti a donné le change en se tenant au côté de la candidate LR – tel un prudent agnostique qui va à la messe en se disant « On ne sait jamais... » –, Wauquiez s’est très vite mis en retrait de cette campagne. L’un et l’autre, l’œil rivé sur 2027, ont clairement pour objectif la prochaine présidentielle.

Ils ne sont pas les seuls. Éric Zemmour et Marion Maréchal lorgnent également sur la dépouille des Républicains avec un appétit aiguisé. Il est vrai qu’en 2027, Le Pen étant retraitée et Macron empêché de postuler à un 3e mandat, l’occasion sera belle de tenter de conquérir le Graal élyséen. Ce qui imposera dès les prochains mois de rassembler autour de soi une droite radicale recomposée. Objectif : une fusion des éléments compatibles des Républicains et du Rassemblement national sur des bases libérales, identitaires et catholiques débarrassées des scories extrémistes par trop voyantes. Des ambitions qui pourraient converger dans un premier temps avec celles, idéologiquement proches, de Ciotti et Wauquiez. Mais nul ne peut sérieusement penser qu’elles puissent déboucher sur une unité inoxydable tant elles sont foncièrement porteuses du venin délétère de la rivalité.

Du côté du centre-droit, c’est évidemment la majorité présidentielle de Macron qui – si le sortant est réélu – devrait tirer un avantage substantiel de la prévisible déroute de Pécresse et du non moins prévisible schisme des Républicains. À cet égard, il ne fait aucun doute que des dizaines d’élus et de personnalités LR rallieront, dès les prochaines législatives, cette majorité présidentielle. Par proximité idéologique néolibérale. Mais plus encore pour continuer d’exister et, de cette manière, éviter le sort de nombreux caciques et députés du Parti socialiste qui ne se sont jamais relevés de la bérézina de 2017. Nul doute que là aussi les crocodiles s’agiteront dans les eaux troubles du marigot. Mais gare à ceux qui auraient l’outrecuidance de vouloir disputer le futur leadership de ce bel ensemble à celui qui en rêve à chaque fois qu’il taille sa barbe bicolore : Édouard Philippe.


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