Licenciement, répression et régression

par Robert GIL
vendredi 15 février 2013

Goodyear, PSA, Arcelor, Virgin, Sanofi, Candia, Petroplus …, la liste des fermetures d’entreprises et des charrettes de licenciements n’arrête pas de s’allonger. Comme si la destruction des emplois ne suffisait pas, s’y ajoutent le dénigrement et la criminalisation de celles et ceux qui résistent, la menace et le chantage pour tous les salariés. Pour tenter de briser la grève qui dure depuis plusieurs semaines contre la fermeture de leur usine, cinq militants de PSA Aulnay sont convoqués par la police et quatre d’entre eux sont convoqués pour entretien préalable en vue de licenciement. Depuis 6 ans, les salariés de Goodyear se battent tant pour la défense des conditions de travail que contre les suppressions d’emplois.

L’enjeu va bien au-delà des seuls Goodyear et PSA. Il s’agit de faire accepter l’Accord National Interprofessionnel signé par MEDEF-CFDT-CGC-CFTC qui prétend allier sécurisation de l’emploi pour les salariés et compétitivité pour les entreprises. En réalité, cet accord est une attaque majeure contre les droits des salariés. Le point central du texte est la possibilité, si un accord d’entreprise est signé, d’imposer à tout salarié une baisse du salaire ou une augmentation du temps de travail, voire les deux à la fois, sans qu’il ou elle ne puisse refuser sous peine de licenciement. S’y ajoute la mobilité forcée, c’est-à- dire l’impossibilité de refuser d’aller travailler dans un autre site de l’entreprise. Le chantage et les menaces visent à imposer ce recul historique qui va être soumis très rapidement à la ratification par le Parlement. C’est ce qui explique le déchaînement actuel contre les grévistes.

Cet accord n’est en rien gagnant-gagnant. Les seuls gagnants sont les patrons qui obtiennent ce qu’ils réclament depuis des années, la baisse des salaires et la destruction du code du travail. En Grèce ou dans l’État Espagnol, de telles politiques accélèrent le chômage et la précarité. Après avoir repris à son compte les arguments du patronat et de la droite sur la nécessité de baisser le « coût du travail » au nom de la compétitivité, le gouvernement s’apprête à traduire dans la loi l’accord qu’il a lui même suscité.

Comment en sommes nous arrivés là ? Le profit, tout simplement le profit. Ce qui se passe aujourd’hui dans l’automobile ou dans la métallurgie est valable dans tous les autres domaines. Le seul but aujourd’hui convoité c’est le profit personnel à court terme et tous les moyens sont bons pour cette ultime illusion. Ce qui est extraordinairement démentiel, c’est que l’homme l’a placé au-dessus même de la vie, de sa vie et, chaque jour cela se vérifie. Il tue, massacre pour acquérir et posséder. Dans cette martingale infernale, car il n’est jamais rassasié, il court à sa propre perte en détruisant son espèce. C’est tellement énorme de stupidité qu’il ne faut plus parler, à l’heure actuelle, d’évolution mais de régression et de destruction. Un darwinisme bestial a tué le darwinisme social. Il suffit de regarder dans quel état est le monde et les perspectives proposées. Les banquiers continuent à jouer au casino, les mafias économiques et financières contrôlent les États, et les peuples se haïssent au nom d’un drapeau ou d’une religion, pendant que dans l’ombre, des rapiats, avaricieux, mesquins et cousus d’or, nous préparent un conflit mondial des civilisations …, les pauvres et les chômeurs se comptent par centaine de millions et cela empire de jour en jour pendant que les organismes financiers et les grands groupes prennent des bains au champagne…

L’industrie est une question trop sérieuse pour être confiée à des industriels cupides ! Il faut que les ouvriers contrôlent leurs machines et produisent en fonction des besoins de la population et non pas pour des coffres forts jamais remplis. Cela permettrait de faire émerger une véritable démocratie économique. Avec les 172 milliards de niches fiscales inutiles, il y a de quoi créer une coopérative nationale pour soutenir tous les secteurs.

Dans l’industrie, on a supprimé la plupart des grandes entreprises sans tenir compte des emplois directs et surtout induits, et la perte des technologies et des savoirs faire. Ce qui est très grave c’est que notre pays a manqué de vision industrielle depuis 30 ans. Favoriser l’entreprenariat ce n’est pas faire des allègements de cotisations sur les salaires ou des niches fiscales. Cette politique de la réduction des « charges » est une énorme connerie, qui n’a jamais eut aucun effet positif sur l’emploi. Le seul effet a été l’enrichissement d’une minorité et la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux !

Par J. CROIPLUS

http://2ccr.unblog.fr/2013/02/12/licenciement-repression-et-regression/

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