Loi « anti-fake news » : Le vrai visage du comité d’experts du CSA
par Panorama Media
vendredi 27 décembre 2019
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Loi "anti-fake news" : Le vrai visage du comité d'experts du CSA
Rappel
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a rendu public vendredi 12 décembre dans un communiqué de presse la constitution d'une "équipe projet" et d'un "comité d'experts" sur la désinformation en ligne afin de "superviser les dispositifs de lutte contre la manipulation de l’information mis en place par les grandes plateformes de contenus".
Cette décision fait suite à l'adoption de la loi relative à la lutte contre la manipulation de l'information votée à l'Assemblée nationale en novembre 2018. Le CSA est chargé de la lutte contre la diffusion "de fausses informations [délibérées] susceptibles de troubler l’ordre public ou de porter atteinte à la sincérité" du scrutin et s'assure du "suivi de l’obligation pour les opérateurs de plateforme en ligne [comme Facebook et Twitter] de prendre les mesures prévues" par la loi, ce qui comprend notamment la lutte contre les comptes propageant massivement de fausses informations sur les réseaux sociaux.
Le comité d'experts
Le CSA a pris l'initiative de se doter d'un "comité d'experts" sur la lutte contre la désinformation en ligne conduit par Michèle Léridon, journaliste et membre du CSA. Ce comité réunit dix-huit personnes aux compétences diverses pour garantir une approche juridique, économique, scientifique, technologique et éthique. Le groupe composé de professionnels des médias, de journalistes, d'universitaires et de spécialistes du numérique pourra également "formuler des avis et des propositions".
Un comité d'experts aux tendances politiques affichées ?
Le vote de la loi relative à la lutte contre la manipulation de l'information a fait coulé beaucoup d'encre et a été à l'origine de nombreux débats. Si la loi vise "à garantir la sincérité d'un scrutin" dans les trois mois avant le jour de l'élection, aucune définition ne vient cependant encadrer très précisément les contenus ciblés. Beaucoup d'interrogations demeurent donc sur l'application de cette loi et les premières interventions du CSA seront naturellement scrutées.
La composition du récent "comité d'experts" apparaît à ce titre symbolique des débats qui se sont déroulés à l'Assemblée nationale lors du vote de cette loi. Outre les compétences des différents membres de ce comité d'experts, les orientations politiques, affichées ostensiblement par certains, ne contribuent pas à rassurer.
Le comité peut-il réellement revendiquer son expertise "éthique" quand un tiers de ses membres s'expriment ouvertement en faveur ou contre des candidats lors de la campagne présidentielle de 2017 ? La question se pose. S'il est saugrenu d'imaginer un comité composé de membres sans opinions, la pluralité des convictions serait un gage de neutralité.
Nous avons épluché les comptes Twitter de chaque membre du "comité d'experts" durant la campagne présidentielle et législative de 2017 et avons retenu ceux qui se sont exprimés. Il apparaît qu'un tiers de ses membres s'est déclaré en faveur ou contre un candidat.
L'implication de nombreux experts dans le débat politique partisan semble révéler une absence de diversité des idées politiques dans ce comité qui navigue entre la gauche et le centre-gauche.
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Christine Balagué
professeur à l’Institut Mines-Télécom Business School, titulaire de la Chaire Good in Tech ;
a soutenu Emmanuel Macron et a participé au financement de la campagne présidentielle du candidat ; a fait des tweets contre François Fillon et Marine Le Pen.
Julia Cagé,
Assistant Professor en économie à Sciences Po ;
a participé à la campagne de Benoit Hamon, en charge des questions économiques comme son mari, l'économiste Thomas Piketty
Yves Caseau,
directeur des systèmes d’information du Groupe Michelin, membre de l’Académie des technologies ;
a soutenu la candidature d'Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre en 2016 puis En marche
Frédéric Filloux, président-directeur général de Deepnews.ai ;
a soutenu Emmanuel Macron ; il a dénoncé le traitement médiatique de son candidat en incriminant la responsabilité ... du CSA.
"frenchelection @frenchelection2017 Emmanuel Macron incarne une chance historique de moderniser la France. Il pourrait être un grand président"
Divina Frau-Meigs, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Sorbonne nouvelle – Paris III, experte auprès de l’Unesco, du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne ;
a pris position lors du second tour
Boris Jamet-Fournier, responsable du département recherche et innovation de l’Institut national de l’audiovisuel ;
a soutenu Benoit Hamon puis a fait campagne pour le candidat PS Patrick Bloche lors des élections législatives de juin 2017 ; actuellement Adjoint au Maire du IVe arrondissement de Paris chargé de l'urbanisme, des nouveaux usages, de l'innovation, de la participation citoyenne et de la modernisation de l'administration
Lucas Menget, directeur-adjoint de la rédaction de France Info ;