Luc Ferry, porte-parole de Marine Le Pen ?
par Jérôme Ozouf
mardi 28 décembre 2010
Y a t il une lepénisation des esprits ? C’est sur cette question que s’ouvre le débat entre le « philosophe » Luc Ferry et Jacques Julliard, diffusé vendredi 17 décembre sur LCI[1]. Si les résultats des derniers sondages sur les propos de Marine Le Pen laissent perplexes (selon un sondage Ifop réalisé pour France Soir, 39 % des français et 54 % des sympathisants UMP seraient d’accord avec ses récentes déclarations établissant un parallèle entre « occupation » et « prières de rue » des musulmans), la lepénisation de l’esprit de Luc Ferry, pourtant chantre de l’amour et de l’humanisme, ne fait pas de doute. En effet, au cours du débat, celui-ci déclare, comparant cette dernière à Olivier Besancenot « Moi, après tout, je n’ai pas plus contre Marine Le Pen que contre Besancenot. Au fond, c’est pour moi à peu près équivalent. (…)", puis " Moi j’aime mieux Marine Le Pen » et s’adressant à Jacques Julliard « Peut-être que vous aimez mieux Olivier Besancenot, mais moi je crois qu’elle est plus raisonnable et moins dangereuse ». Il justifie ensuite ses propos en affirmant que « Besancenot est contre les élections, et ça, ça ne me va pas. Tandis qu’au moins Marine Le Pen, elle est républicaine, elle est démocrate, elle est pour les élections. ». Le NPA n’a pas tardé à réagir en dénonçant « une comparaison ignoble, participant d’une démarche d’alliance à venir entre la droite et l’extrême-droite » ainsi qu’une « insulte intolérable ».
Afin de bien appréhender la portée des propos de Luc Ferry, il faut rappeler que celui-ci est président du Conseil d’Analyse de la Société, organisme placé auprès du Premier ministre ayant pour mission "d’éclairer les choix politiques du Gouvernement par l’analyse et la confrontation des points de vue, lorsque les décisions à prendre présentent des enjeux liés à des faits de société". Voilà qui nous promet donc des analyses tout à fait éclairantes...Ajoutons que les propos du « philosophe » sont d’autant plus navrants et paradoxaux que celui-ci ne manque jamais une occasion de mettre en garde contre les dérives possibles d’un soi-disant « fascisme vert », n’hésitant pas à établir un parallèle entre mouvements écologistes et régime nazi, ce dernier étant selon Ferry le premier régime de l’histoire de l’humanité a avoir instauré des lois de protection de la nature (voir à ce propos l’émission Global Mag d’Arte, diffusée le 23 septembre 2010[2]). Luc Ferry c'est le point Goldwin atteint en moins de temps qu'il ne faut pour le dire…
C’est oublier, par exemple, que dès 1872, les Etats-Unis ont créé à Yellowstone le premier parc national ainsi que le « National Park Service » en 1916, agence fédérale chargée de gérer les parcs avec l’objectif de « conserver les paysages et les objets naturels et historiques et la vie sauvage qui s'y trouvent, ainsi que de permettre d'en profiter d'une manière qui les préserve dans le même état pour les générations futures »[3].
Si, selon Ferry, la dénonciation du front national ne l’a « jamais empêcher de monter », il n’est cependant pas sûr que la banalisation de ses idées ne lui rende quand même pas un petit peu service.
Jérôme Ozouf