Macron achève la convergence PS / LR

par Laurent Herblay
mardi 9 juillet 2019

Les résultats de l’élection européenne ont été redoutables pour Les Républicains, désormais coincés dans un espace politique extrêmement restreint, entre LREM et le RN. Mais derrière les querelles et tactiques politiciennes, on peut aussi se demander si ne se parachève pas enfin cette convergence bienvenue entre ceux qui ont dirigé notre pays depuis plus de trente ans.

 

La pensée unique était bien de droite

L’anéantissement politique de LR était prévisible, pour bien des raisons. D’abord, idéologiquement, derrière quelques vraies menues différences, il n’y a plus qu’un papier à feuille de cigarette entre les politiques qui ont été menées par Sarkozy, Hollande et Macron, chaque nouveau président prolongeant la politique de son prédécesseur dans bien des domaines. Le plus effarant est que Hollande lui-même, conseillé par Macron, certes, a débordé la droite par la droite en matière économique, entre baisse massives des taxes sur les entreprises, déconstruction du droit du travail, y compris le dimanche, plaçant de manière incongrue Sarkozy à la gauche socialement du parti prétenduement héritier de Jaurès.

 
Après avoir fait exploser le PS, il était évident que LR serait la prochaine cible de Macron  : son objectif idéal serait d’être seul entre Mélenchon et le Pen pour sécuriser sa ré-élection en 2022. La politique menée depuis deux ans est tellement à droite qu’il ne laisse plus le moindre espace politique à LR, qui a bien du mal à articuler une politique vraiment différente, étant trop souvent réduit à jouer la surenchère économique, sur les déficits, la déconstruction du service public ou les baisses d’impôts. Les manifestations des Gilets Jaunes ont probablement accentué le phénomène en faisant de LREM le parti de l’ordre. C’est ce que les cartes électorales des européennes ont montré clairement.
 
En 2017, s’il avait su attirer une partie de l’électorat de droite, c’est l’électorat « bobo » des métropoles qui s’était probablement le premier entiché de l’ancien ministre de Hollande. La carte électorale de 2019, éclatante à Paris et en proche banlieue, montre à quel point le macronisme penche à droite. La corrélation entre les revenus et le vote atteint un niveau tel qu’il semble être le premier facteur prédictif du vote Macron, qui domine de manière incontestée dans les quartiers de la bourgeoisie argentée, quand Fillon parvenait encore à devancer le futur président il y a deux ans. Au final, LREM a réussi à aspirer la majeure partie du PS et LR sur un socle idéologiquement très marqué à droite.
 
Ce faisant, c’est à une formidable clarification de notre paysage politique que nous assistons. Pour avoir dénoncé depuis plus de 25 ans (et le duo Bérégovoy – Balladur) la trop grande proximité des politiques menées par le PS et les ancêtres de LR, je préfère finalement que la pensée unique ne soit plus incarnée principalement que par un parti, probablement une condition nécessaire pour la battre quand sa double incarnation provoquait alternance sans alternative. Mieux, cette clarification s’effectue également sur la ligne politique de cette « pensée unique » : il s’agit d’une politique de droite inégalitaire, oligarchique, mondialiste et autoritaire. Une ligne largement minoritaire, qui peut être battue.
 
 
L’achèvement de la convergence PS / LR au sein de LREM est désormais hautement probable. Le PS est en coma politique et LR n’est plus qu’un satellite tiraillé par deux corps politiques plus grands qui les aspire. Mais cet état de fait est probablement souhaitable tant il fait correspondre notre paysage politique à la réalité des clivages. La première étape nécessaire avant un vrai changement ?

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