Macron bute sur le chômage et le pouvoir d’achat

par Laurent Herblay
mardi 6 novembre 2018

Du haut de son Olympe, Jupiter espérait peut-être que la suppression de la taxe d’habitation et le transfert de cotisations sociales sur la CSG mettrait un peu de beurre dans les épinards des Français, que la poursuite du démantèlement du droit du travail et les baisses d’impôt pour les entreprises finiraient par faire baisser le chômage. Las, après 18 mois, le bilan est proprement calamiteux.

 

L’insoutenable myopie de la France d’en haut
 
Le chiffre est cruel, et en dit long sur le profond divorce du pays d’avec ce président élu par défaut : 84% des Français ne font pas confiance à Macron pour redresser leur pouvoir d’achat, sachant que 72% estiment que leur pouvoir d’achat a diminué depuis son élection, 22% qu’il est resté stable et 6% qu’il a augmenté ! Non seulement la situation se déteriore, mais en outre, presque personne n’espère une amélioration. Bien sûr, les ministres de droite peuvent courir les média pour tenter de défendre leur politique, mais ils sont inaudibles, à force de raconter n’importe quoi. Gérald Darmanin remporte le ponpon en osant déclarer au JDD qu’il est « le contraire du gouvernement des riches  ».
 
Comment accorder le moindre crédit à un ministre qui dit cela alors que toutes les analyses montrent au contraire que les 1% les plus riches sont les grands gagnants des mesures du gouvernement, 10 000 euros par personne, un gain de 6%, quand les classes populaires sont perdantes. Plus fort encore, les 0,01% les plus riches, soit 5 000 personnes ont empoché 1,27 milliards, une économie de plus de 250 000 euros par personne. En ce sens, Darmanin a raison, Macron ce n’est pas le gouvernement des riches, c’est le gouvernement des ultra-riches… La hausse du prix de l’essence a achevé de discréditer un pouvoir dont les Français n’attendaient rien en matière de pouvoir d’achat.
 
Au-delà de la baisse officielle et exceptionnelle du pouvoir d’achat annoncée par l’INSEE au premier semestre, se pose un double problème méthodologique. D’abord, nous raisonnons avec une moyenne qui n’a pas forcément de sens. J’avais souligné qu’aux Etats-Unis, une hausse des plus hauts salaires cachait la baisse de la majorité. Ici, il est clair que l’envolée du prix de l’essence pèse de manière très différente sur les budgets selon le kilométrage fait tous les mois. Ceux qui ont besoin de leur voiture sont extrêmement pénalisés. De même, Marianne évoque les biais méthodologiques de l’INSEE pointés par Philippe Herlin, et le poids étonnamment faible de la voiture dans l’indice, 3%.
 
Et pour couronner le tout, après cinq longues et très couteuses années de politique de l’offre, à base de double déconstruction du droit du travail et de dizaines de milliards de baisse d’impôts pour les entreprises, le bilan en matière d’emploi est calamiteux. Le nombre de chômeurs de catégorie A a progressé de 0,5%, à 3,7 millions au troisième trimestre, quand le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, B et C, a monté de 0,4%, à 5,9 millions. Un Français sur cinq cherche un emploi ! Plus calamiteux encore, le chômage de longue durée ne cesse de progresser, de 1,1% sur le trimestre et 6,4% en un an, à 2,6 millions de personnes sur l’ensemble des catégories A, B et C.
 
 
Les mêmes remèdes produisant les mêmes maux, la folle potion économique du résidant de l’Elysée ne fonctionne pas. La France a perdu dix ans à appliquer les potions oligolibérales. Les sondages d’opinion ne font qu’illustrer le bon sens de la population et ce n’est pas l’agitation des ministres qui y changera quoique ce soit. Malheureusement, nous affronterons la prochaine crise en mauvaise posture.

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