Macron est-il à l’origine de la mort politique de François Fillon ? (2)

par LATOUILLE
mercredi 10 novembre 2021

Un des lecteurs du précédent article sur ce sujet, m’indiquait que cette Affaire Fillon est maintenant de l’histoire ancienne. Certes, mais n’est-ce pas de l’histoire que présent tire la sève qui lui permet de se construire ? Dans la mesure où les protagonistes de cette histoire sont toujours actifs dans le monde politique et que le principal d’entre eux, Emmanuel Macron, se présentera devant les électeurs pour un second mandat, il n’est pas inutile de visiter l’histoire de l’Affaire Fillon...

Ce texte est extrait de mon livre : Emmanuel, les Autres et les grenouilles 

Regard d’un quidam sur l’Affaire Fillon paru aux éditions Iggybook

Comme le rappellent les rédacteurs de « Macron-Sarkosy, partenaires particuliers » paru dans Le Monde du 10 octobre 2020, « En politique, il est aisé de passer du statut d’allier ou de complice à celui de concurrent » ; Emmanuel Macron en a fait la démonstration, on peut même dire qu’il possède une véritable expertise en la matière. La liste des « amis » et des « complices » de François Fillon qui ont tourné casaque est longue. Ils l’ont fait sans doute pour de nobles raisons politiques pour certains mus par l’idée de ce qu’il est parfois nécessaire de changer de parti pour défendre ses opinions, ou dans une stratégie de revanche notamment pour n’avoir pas gagner une « primaire » ou dans un esprit de règlement de compte. Ainsi, un individu peu connu du grand public illustre ces pratiques opportunistes ; il s’agit de François Sureau qui a rejoint l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron après avoir était l’avocat de François Fillon donc au courant des affaires notamment financières de ce dernier. François Sureau, haut fonctionnaire puis avocat, fut le premier rédacteur des statuts d’En Marche ; a-t-il joué un double jeu ? C’est ce que pense Patrick Stefanini, ancien directeur de campagne de François Fillon, qui révèle le rôle trouble de l’avocat dans un livre « Déflagration ». Le Monde parle, le 23 janvier 2018, de François Sureau en ces termes : « Pendant la campagne présidentielle, quand il ne parlait pas à Emmanuel Macron, c’était à son concurrent François Fillon, son ami depuis vingt-cinq ans. Malgré les projets sur l’immigration et la sécurité du candidat de la droite – “rien dans son programme ne me convenait”, précise Sureau –, malgré ses alliés bruyants de Sens commun – “ces comploteurs sataniques… susceptibles de rendre athée un croyant comme moi !” – , Sureau ne l’a pas lâché. “Il m’a touché, il était dans une espèce de remords de n’avoir rien fait d’utile quand il était premier ministre.” L’été, l’avocat a participé aux séminaires de François Fillon dans son château de la Sarthe en vue des primaires et de la présidentielle. Il l’a défendu en justice dans la guerre Copé-Fillon, puis à la suite du “Penelopegate”, envoyant en première ligne son ami, collaborateur et disciple, Antonin Lévy. “Sans lui, je n’aurais jamais pris le dossier Fillon”, assure le jeune avocat, fils du philosophe Bernard-Henri Lévy, persuadé que François Sureau n’a fait que défendre ses convictions, sans la moindre arrière-pensée. Que ce soit dans la Sarthe ou aux réunions d’En marche ! » Sans doute François Sureau voulait appliquer l’idée du Cardinal de Retz selon lequel « Il faut savoir changer de parti si on ne veut pas changer d’opinion » ; ils furent nombreux à appliquer ce principe de survie politique comme nous le verrons plus tard.

 

Pour l’instant insistons sur ce cadre situationnel dans lequel il faut analyser l’action d’Emmanuel Macron. Certes, une fois encore, on ne peut pas écrire qu’il fut l’instigateur de la chute de François Fillon. Même en mettant en regard le poids que représentait François Fillon dans la campagne électorale et son fort potentiel à remporter la victoire, au regard des caractéristiques psychologiques apparentes d’Emmanuel Macron : narcissique et avide d’un pouvoir absolu, tel que de nombreux auteurs l’ont décrit, cela ne suffit pas à affirmer l’implication directe d’Emmanuel Macron dans le déclenchement ni dans le développement de l’Affaire Fillon. Toutefois, Emmanuel Macron est un personnage avide de pouvoir comme entraine à la penser cette anecdote avec Alain Minc rapportée par Gérard Davet et Fabrice Lhomme : « Courant 2004, l’homme d’affaires Alain Minc reçoit, comme il en a l’habitude, les inspecteurs des finances les plus brillants tout juste sortis de l’ENA. Dans son bureau, il pose à chacun la question rituelle. « Je leur demande toujours : “Qu’est-ce que vous serez dans trente ans ?” », confie Minc. Il n’a jamais oublié la réponse de l’impétueux diplômé Emmanuel Macron : « Je serai président de la République. » Minc est scotché par l’aplomb du blanc-bec. « Je lui ai conseillé d’aller chez Rothschild, relate-t-il. Je lui ai dit : “Pour faire de la politique, il faut avoir un peu d’argent de côté.” Le seul endroit où on peut gagner de l’argent, c’est la banque d’affaires. » On ne reprochera à personne d’avoir de l’ambition et sans doute sont-ils nombreux de penser ce qu’E. Macron a dit, mais le dire ouvertement et péremptoirement exprime quelque chose de particulier du caractère et de la personnalité du personnage. De la même façon, la manière qu’a E. Macron de jouer les faux modestes et de tromper son auditoire montre à quel point il est un séducteur manipulateur pour lequel les autres ne sont que des objets au service de son projet de vie. Ces minauderies de faux modeste sont nombreuses, retenons celle évoquée dans le livre « L’entreprise Macron » où les auteurs interrogent le scepticisme qui imprégnait les commentaires des politistes après l’élection de 2017 quant à la possibilité pour le nouveau Président et son mouvement d’obtenir la majorité des sièges à l’Assemblée nationale : « Comment un si jeune mouvement peut‑il bien investir en quelques semaines des centaines de candidats sur tout le territoire français ? » [...] « Emmanuel Macron lui‑même n’y croit pas ou feint d’y croire. Il déclare à Angers le 28 février 2017, parlant de lui : “Mais est‑ce que quelqu’un peut penser raisonnablement que, élu président, il aura une majorité présidentielle uniquement avec son parti ? Moi je n’y crois pas. Non seulement ça n’est pas possible, mais ça n’est pas souhaitable, parce que ce serait un hold‑up !” ». Le propos de Jean Christophe Cambadélis, alors premier secrétaire du Parti Socialiste, rapportés par G. Davet et F. Lhomme illustrent bien cette pratique de la séduction : « “On ne se connaît pas, raconte Cambadélis. Je sors de l’ascenseur, il m’accueille, me prend par l’épaule, et vas-y que je te passe une main, une deuxième main, que je t’emmène…” La machine à séduire est en action. Mais… “Tout d’un coup, reprend Cambadélis, il s’assoit, commence à parler. Et je suis frappé par son regard. Extrêmement dur. Les yeux de Thatcher et le déhanché de Jackson. Il avait laissé échapper une partie violente et déterminée. Le regard du tueur.” Et Cambadélis croit connaître sa prochaine victime. À peine Macron sorti du bureau, il appelle Hollande. “C’est quand même bizarre, ton gars, trois fois je lui parle de toi, trois fois il parle de lui ! Moi je te dis, il prépare quelque chose.”  » Ce caractère fait de dureté et de séduction au profit d’une stratégie de conquête d’un pouvoir suprême soutenue par une image qui se veut déifiée, montre une personnalité narcissique qui n’hésite pas à détruire pour arriver à son but. C’est bien ce trait de caractère qu’on retrouve, à propos d’Emmanuel Macron, dans le livre de Marc Endelwed (et dans d’autres) : « Constatant le double jeu d’un Manuel Valls à son égard, le futur président confie à une de ses proches : “Manifestement, il n’a pas compris. On va devoir passer aux balles réelles .”, Depuis son élection les langues se délient un peu. Toujours en off : “Macron séduit les gens, il les utilise, puis les jette” remarque un de ses anciens collègues. “Toute personne qui peut lui faire de l’ombre il la flingue”, “Il est expert pour mettre quelqu’un sur la scène, et lui balancer ensuite une balle dans la tête” s’alarme un autre. » Si une personnalité et ses traits de caractère ne déterminent pas une « culpabilité » mais ils n’en dessinent pas moins un cadre d’analyse des agissements d’une personne, de ses stratégies d’action et de ses objectifs de vie. Ainsi, se pencher sur les traits de personnalité d’Emmanuel Macron permet de poser des hypothèses sur son mode de gouvernance en comprenant mieux pourquoi et comment il s’est appuyé sur telle ou telle personne, sur tel ou tel réseau. Car d’évidence, faute d’être propulsé et soutenu par un parti politique en place, il lui a fallu construire une base de lancement. Celle-ci repose sur un ensemble de réseaux comme de nombreux auteurs l’ont écrit, notamment Marc Endelwed : « Tout s’est joué au cours de la campagne présidentielle. Pour gravir la plus haute marche du pouvoir sans carrière politique, ni même un parti derrière lui, Emmanuel Macron a utilisé les réseaux plus ou moins avouables de la République… Lobbys divers et variés, agents d’influence, communicants rois, “intermédiaires”, barbouzes, barons locaux et loges franc-maçonnes. Tous se sont empressés. Le candidat puis le président les a accueillis avec un large sourire, utilisés, parfois manipulés et ensuite souvent oubliés. » Faut-il penser qu’Emmanuel Macron aurait une image de soi qui, comme pour Donald Trump, exclurait toute dimension d’échec et qu’il ne considèrerait les “autres” qu’en tant qu’ils peuvent être utiles à l’accomplissement de son projet, fusse en les détruisant ? Son père dit de lui (le Magazine du Monde du 2 janvier 2021) : « Emmanuel est capable de tirer de chacun ce qui peut lui rendre service à lui  ». On retrouve des propos analogues dans le livre de Jean-Pierre Jouyet lorsqu’il le raconte sa déconvenue (page 46) lorsqu’il raconte comment Emmanuel Macron, dès après qu’il a été élu, a cessé de répondre à ses messages : « ... en dépit de notre passé commun et du fait que je l’aie soutenu. Cette affection s’est transformée au mieux en indifférence... Dès avant son élection, mes textos, jadis accueillis avec enthousiasme, ne reçoivent plus aucune réponse... Tous mes camarades de l’Inspection des Finances m’ont expliqué que je n’avais rien compris à sa personnalité. Ce que m’ont confirmé de nombreux chefs d’entreprise, mais aussi ses amis de longue date ... ou Marc Ferraci, qui fut son témoin de mariage. ... Tous m’ont dit peu ou prou la même chose : “Jupiter” utilise toutes les armes de sa séduction pour valoriser son propre ego (démesuré diront certains). » Face à un tel personnage qu’elle est alors la place et le sort de celui qui peut être une entrave sur la route du développement de son projet personnel ?

 

On ne peut donc pas écrire qu’E Macron a organisé la chute de François Fillon mais on peut poser quelques hypothèses d’analyse d’une situation inédite dans notre République qui a bouleversé le système démocratique. Emmanuel Macron n’est certainement pas à l’origine du premier article du Canard Enchainé, même si vraisemblablement il pouvait avoir à sa disposition les informations qui ont nourri cet article, mais il était certainement informé de la façon dont les informations, par la suite, parvenaient aux journalistes. On ne peut pas écrire qu’il fut à l’origine de la propagation des informations ni même qu’il suscita qui que ce soit de les divulguer, mais il est impossible qu’il n’ait pas été tenu informé du processus de communication régulière d’informations vers les journalistes. Emmanuel Macron est un homme de réseaux sur lesquels il a fait reposer la construction de sa stratégie de conquête du pouvoir tout en les méprisant et son entourage grenouillait de personnages bien informés des écarts de conduite des politiciens que ce soient des députés avides de reconversion politique, de fonctionnaires ou d’anciens membres de son cabinet quand il était ministre de l’Économie ou de communicants en quête d’assurance pour leur avenir.

 

Ces réseaux n’ont rien de la pureté d’une rosière comme le montre, par exemple, l’article de Médiapart publié le 3 août 2020. Grâce auquel on peut se rendre compte de la façon dont sont tissés les réseaux et les liens entre les politiciens et les communicants, et au-delà d’eux comment ces réseaux incorporent certains membres de la « société civile ». Ainsi, l’article « Le communicant de Le Drian conseillait aussi l’oligarque Rybolovlev » illustre ces collusions avec, par exemple, « Ancienne communicante de DSK, Hommel est, comme Sacha Mandel, une ancienne d’Euro RSCG (devenu Havas), l’agence de communication au cœur du fiasco de l’affaire Cahuzac qui reste très en vue en macronie. Hommel a ensuite fondé sa propre agence, Majorelle, que Sacha Mandel rejoindra immédiatement en quittant le ministère au 1er juillet 2015. », et comment les communicants sont proches des médias : « Sacha Mandel contacte plusieurs journalistes pour leur évoquer le sujet. Le jour du placement en garde à vue de l’associé d’Yves Bouvier, le 12 mai, il annonce à Tetiana Bersheda avoir pris attache avec l’Agence France-Presse, Le Figaro et Le Monde. “Le Figaro est briefé. La journaliste, spécialiste du marché de l’art, écrira son article demain pour une édition jeudi ou vendredi. Je vois Le Monde demain, de manière plus détaillée. Le Point m’a également contacté. Je vais pouvoir observer leur angle, et le nourrir dans notre sens”, se félicite-t-il une heure plus tard, dans un SMS adressé à Mme Bersheda. Il finalisera le soir même une “synthèse de l’activité de notre sujet sur les réseaux sociaux”. »

 

Dire à ce stade de l’analyse que dans l’Affaire Fillon il y aurait eu une « petite main politique » ou un membre de la haute fonction publique (un inspecteur du trésor par exemple) connus par l’entourage d’Emmanuel Macron et mus par le pouvoir de l’époque, en charge de glisser une information aux journalistes serait audacieux, mais pas improbable. Il y a tellement d’informations, plus ou moins complètes, qui fusent entre deux coupes de champagnes et trois toasts. Si ce n’était pas cela, la toile serait tout autre : un ministre (comme ce fut le cas dans l’affaire du Carrefour du Développement) ou un fonctionnaire (de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Politique, par exemple) aurait contacté la Procureure du PNF et nous aurions alors été dans une dénonciation normale telle que prévue par le Code pénal ; le Canard Enchaîné n’aurait diffusé l’information qu’après l’annonce par un ministre ou après la saisine du PNF. Dans l’Affaire Fillon, dès que le PNF eut ouvert une enquête préliminaire des fuites ont alimenté la presse et les procès-verbaux d’enquête et d’auditions ont amplement été portés à la connaissance des journalistes. Qui informe les journalistes ? Qui des policiers de l’OFCLC et des magistrats du PNF s’est autorisé ou a été autorisé à passer outre le secret professionnel et le secret de l’instruction ? Y-avait-il quelqu’un, dans un ministère, qui orientait la diffusion des informations ? On ne peut rien exclure quant aux possibles sources d’information, comme l’indique Pauline Revenaz, soutenue par les propos de Bruno Jeudy, le nombre de personnes qui, à l’Assemblée nationale, ont accès aux bulletins de salaires des assistants parlementaires, pour autant celles-ci frayent-elles régulièrement avec les journalistes ?

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Le quidam, par ailleurs citoyen et électeur, est donc livré au jeu des conjectures, au mieux des hypothèses. À qui profite le crime ? Comme l’ont écrit Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Hollande semble, du moins l’affirme-t-il, s’est tenu à l’écart de cette affaire. Alors qu’il avait annoncé dès la fin 2016, qu’il ne se présenterait pas à l’élection quel intérêt avait-il dans la chute de François Fillon ?

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Sans doute faut-il regarder du côté du parti auquel appartenait François Fillon : Les Républicains (LR). Thomas Legrand, dans les émissions « La veste », montre aussi la fragilité de la base électorale de F. Fillon dans cette primaire, une base qui s’est effritée rapidement dès après le deuxième tour de la primaire. Mais, plus que cela, sans doute inhérent à toute élection primaire ouverte, l’éditorialiste évoque, bien qu’un peu trop discrètement, qu’au sein même du parti Les Républicains, cette base électorale n’était pas aussi solide qu’on pouvait le croire, notamment au niveau des « têtes » du parti. Les sondages effectués après la victoire de F. Fillon à la primaire n’ont cessé de montrer l’effritement de sa cote de popularité avant même l’article du Canard Enchaîné. Toutefois ce fut bien cet article qui marqua un tournant chez certains adhérents de LR, mais surtout chez les sympathisants, et qui incontestablement installa de la perplexité dans l’entourage proche de François Fillon ; ce fut l’époque du doute, puis celle du soupçon et enfin la débandade. C’est sans doute l’ouverture d’une instruction, le 24 février 2017, qui marqua le début de l’époque du soupçon : François Fillon était-il encore un candidat admissible ? Sa mise en examen le 14 mars sonna le glas et les rats quittèrent le navire.

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Dans un parti, LR comme les autres, les amitiés ne sont que de façade pour la très grande majorité d’entre elles, les jalousies sont à foison et tout le monde a quelque chose à dire à propos de tel ou tel. Donc, sans qu’il y ait de divulgation volontaire d’information, chacun est en situation psychologique de dire des choses à un journaliste. Les journalistes le savent et maîtrisent bien la technique de la discussion libre et à bâton rompu dans ces espaces communicationnels qu’ils appellent les « off ». Dans ces espaces en dehors du cadre institutionnel les politiciens se livrent et livrent moultes renseignements comme une pelote qui se déroule. En outre dans l’Affaire Fillon il y eut un effet de stupéfaction : celui que tous voyaient comme une sorte de parangon de vertu, celui qui se voulait être un chevalier blanc, apparaissait tout à coup maculé de taches. La déception que certains, surtout chez les amis de François Fillon a pu générer des confidences. Donc rien que des comportements « naturels » chez des politiciens qui auront été les sources informatives des journalistes. Cependant, il y a lieu de s’interroger sur la participation active de certains membres dirigeants de LR dans la chute de François Fillon.

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Thierry Solère, qui fut porte-parole de F. Fillon jusqu’au 3 mars, a été dans la même vague et acquiesce aux mêmes arguments, mais moins à l’aise que d’autres à l’idée d’assurer la promotion du candidat, il annonçait que sans observer un certain devoir de réserve, il se tiendrait à l’écart de la campagne, d’autant disait il que « je vais me faire opérer de la cheville, je serai en convalescence. » Paradoxal ou intrigant pour quelqu’un qui se rapprochait d’un mouvement baptisé « En Marche ». Thierry Solère est devenu un solide soutien d’Emmanuel Macron : conseiller spécial, il a fondé un groupe de députés exclus de LR et d’autres : AGIR, qui forme un soutien fort à la politique d’Emanuel Macron.

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Le deuxième personnage qui interroge c’est Bruno Lemaire. Alors qu’en 2014 il avait 30% de voix des militants face à Nicolas Sarkosy pour la présidence du parti, il obtint moins de 3% des suffrages se plaçant à la cinquième place des postulants à l’investiture. On le savait opposant sinon aux caciques du parti du moins avec la ligne politique du parti qu’il semblait trouver trop peu libérale et insuffisamment novatrice ; il se voulait l’homme du renouveau (tient, ça rappelle quelqu’un). Malgré tout, malgré la déculottée de la primaire, il s’engagea dans la campagne de François Fillon en tant que délégué aux affaires européennes. Quel effet l’article du Canard Enchaîné a t il produit sur lui ? Ce n’est que le 28 février qu’il quitte le navire comme le relate Pauline Moullot dans Libération le 18 mai : « Quant à Le Maire, il est celui qui a donné le coup d’envoi de notre compteur des lâcheurs, ces élus lâchant Fillon, dont il restera le plus “gros morceau”. Alors qu’il relayait encore des messages de soutien à Fillon le 28 février, il démissionne de sa campagne le 1er mars.  » À partir de là Bruno Le Maire s’est fait discret, disparaissant quasiment des écrans radars médiatiques. Toutefois le 8 avril il acceptait de répondre à une interview dans le journal régional Paris Normandie où il assumait son départ de la campagne électorale pour être en accord avec ses valeurs. Puis, ce n’est qu’au lendemain du premier tour de l’élection présidentiel qu’il réapparaît sur la scène médiatique pour, surprise, appeler à voter pour Emanuel Macron. En matière de trahison on ne fait pas mieux ; mais en était-ce une puisqu’il disait que François Fillon et son Affaire représentaient pour lui un cas de conscience. On peut concevoir avec aisance la position morale de Bruno Le Maire, dont son épouse fut son attachée parlementaire, mais que n’a-t-il pas dit dès le 28 février qu’il quittait le parti, ou pourquoi comme Georges Fenech ne s’est-il pas abstenu de voter pour François Fillon sans pour autant appeler à voter pour Emmanuel Macron ?

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Le troisième cas, si l’expression m’est permise, c’est Gérald Darmanin qui trouvait Fillon « insuffisamment populaire », il lui reprochait de vouloir une politique trop dure à l’endroit des plus humbles dont il se sentait lui le représentant en tant qu’il était maire de Tourcoing. Cependant celui qui était secrétaire général adjoint du parti LR soutenait le candidat, par exemple, lorsqu’il déclarait devant Ruth Elkrief, BFMTV, s’étonner de la rapidité de l'ouverture de l'enquête judiciaire et d’interroger : « À qui profite le crime ? (...) Un journal qui, le matin, porte une accusation et l'après-midi, une ouverture d'enquête, ça va très très vite. Il m'a semblé que pour des hommes politiques du côté du gouvernement, on a mis bien du temps avant d'ouvrir des enquêtes ». Puis tout change après que François Fillon ait annoncé, le 1er mars, sa probable mise en examen. Le 2 mars, Gérald Darmanin, secrétaire général adjoint de LR, président des Républicains du nord et maire de Tourcoing, lâche François Fillon dans un message lapidaire sur Twitter : « Jusqu’à présent ce sont les socialistes qui faisaient monter le Front National, maintenant c’est nous. J’ai honte de ma droite. » [...] Il attend les résultats du premier tour pour démissionner de son poste de secrétaire général adjoint des Républicains, quel opportunisme ! Lui aussi abandonne César pour rejoindre Jupiter.

 

« Traîtres » ou « otages », les membres du parti LR qui ont rejoint Macron, dont trois sont devenus ministres Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, n’ont sans doute jamais vraiment soutenu le candidat de la droite à la présidentielle. On les retrouve sur la frise chronologique de l’Affaire Fillon entre un lâchage immédiat ou plus tardif et une lointaine position d’observation d’une campagne autant de positions politiques qui surprennent en une telle occasion. Ils étaient comme un joueur d’une équipe sportive qui aurait décidé de ne pas se joindre à son équipe dans laquelle ils ne voulaient pas se mouiller le jour d’une compétition, avant de rejoindre l’équipe adverse dès les premiers signes de fléchissement de leur équipe. Qu’ils se soient démarqués de la campagne, qu’ils l’aient observée de très loin, pourquoi pas mais qu’ils se soient démarqués par leur absence autour du candidat avant de se précipiter chez le candidat adverse dès que celui-ci a été élu pose des questions d’ordre moral, mais aussi d’ordre stratégique, une stratégie individuelle de conquête pour une ambition personnelle : qu’elle a été leur implication active et volontaire dans le développement de l’Affaire Fillon.

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À cette litanie de qui aura été le plus traite, le plus faux cul nous pouvons ajouter un certain nombre des actuels députés et ministres d’E. Macron qui ont servi le pouvoir socialistes, qui parfois furent militants du Parti Socialiste. Passons sur les cas des plus ternes comme Stanislas Guerini dont le journal Le Postillon brosse un portrait peu élogieux, Benjamin Griveaux, Christophe Castaner qui n’a pas toujours été « un vertueux » ..., passons Richard Ferrand et Jean-Yves le Drian pour voir le cas plus surprenant de Florence Parly et Elisabeth Borne. Dans son livre Jean-Pierre Jouyet évoque la période pendant laquelle il avait accepté la proposition de Nicolas Sarkosy de prendre en charge la fonction de secrétaire d’État aux Affaires Européennes. Ainsi, Florence Parly (p63) qui fut son adjointe au cabinet de Lionel Jospin avant de devenir secrétaire d’État au Budget qui n’a pas rencontré J.P. Jouyet depuis plusieurs années se trouve invitée à un repas auquel il assiste et à la grande surprise de l’hôtesse : « Elle [F. Parly] acceptera peut-être de vous parler mais son mari ne veut pas monter à cet étage tant que vous y serez. ». « À la même époque, Élisabeth borne, actuel numéro 7 du gouvernement de Jean Castex ou Florence Parly occupe la 5e rang, changeait quant à elle de trottoir quand elle m'apercevait dans la rue ... Ces deux grandes consciences de gauche qui me battait froid avec tant de morgue n'ont pas hésité à me solliciter quand j'étais secrétaire général de l'Élysée. Elles étaient à la recherche de postes (toujours bien rémunéré en ce qui concerne la première). ... Dans ce Petit Paris des ambitions, le contorsionnisme fait partie des disciplines homologuées ».

 

Aujourd’hui, dans ce « Petit Paris » à ce système médiatico politique vient s’ajouter la présence de communicants » auprès des politiciens et des ministres. Ce sont le plus souvent d’anciens employés d’agence de communication, d’officines de sondages d’opinion ou de service de communication de grandes entreprises, quand ils ne sont que diplômés sans avoir jamais travaillé en agence ils possèdent comme les premiers un solide réseau auprès de ceux qui sont chargés de porter l’information vers le public : les journalistes. Or, ce sont ces communicants qui écrivent les communiqués de presse envoyés aux médias, et chacun peut constater aujourd’hui que, ne serait-ce que pour des questions économiques, les médias préfèrent diffuser les communiqués de presse que d’investir dans des enquêtes de terrain, onéreuses en temps et en argent, et dans des analyses contradictoires. C’est comme ça que les chroniqueurs érigés en experts ont remplacé les scientifiques sur les plateaux de télévisions, l’émission C’dans l’air sur France 5 en est une illustration où les chercheurs ont quasiment disparus du plateau laissant place aux éditorialistes et aux représentants de cabinets d’expertise ou de think thank ; de la même façon la star du show business fait aujourd’hui office d’expert en tout : politique, sociologie, psychologie, médecine....

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Dans l’analyse de la façon dont a pu se constituer et se développer médiatiquement l’Affaire Fillon on ne peut pas faire l’impasse, notamment en ce qui concerne Emmanuel Macron, sur les relations que les politiciens entretiennent avec ce que l’on appelle les communicants, les spin doctors, ici plus particulièrement sur l’Agence Havas dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a fait un nombre important de carrières politiques et accompagné jusqu’au pouvoir puis dans leur gestion des affaires de nombreux politiciens et qu’elle est remarquablement présente, directement ou par d’anciens employés, dans l’environnement d’Emmanuel Macron. Pour autant il ne semble pas que l’Agence Havas ait eu une action directe dans la campagne d’Emmanuelle Macron, mais on ne peut pas omettre de s’étonner du nombre de collaborateurs issus ou passés par l’Agence Havas. Un inventaire à la Prévert suffira à montrer l’ampleur du phénomène, le lecteur voudra bien excuser le caractère peut être fastidieux de cette énumération toutefois nécessaire et éclairante pour les hypothèses que je propose. Nathalie Baudon qui a travaillé chez Euro RSCG est remplacée par Anne-Sophie Bradelle (mars 2020) au poste de conseillère presse de l’Élysée pour les questions internationales, elle a accompagné des candidats et des partis politiques en campagne électorale, comme Alpha Condé en 2010 en Guinée ou Thomas Boni Yayi en 2011au Bénin. Elle a aussi conseillé le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Mais surtout il faut relever qu’Anne Sophie Bradelle est la compagne du secrétaire d'État chargé de la Protection de l'Enfance Adrien Taquet lui-même passé par Havas avant de fonder sa propre agence, Jésus et Gabriel « à laquelle le ministre de l'Économie a bizarrement confié la communication de son mouvement En marche ! » écrivait Le Point le 16 novembre 2016. En juillet 2020 Mayada Boulos, directrice générale adjointe de l’agence Havas Paris, est nommée conseillère communication à Matignon auprès du nouveau premier ministre Jean Castex ; £e monde relate la prise de fonction de Mme Boulos : « Cette nomination vient encore renforcer les liens entre la macronie et la puissante agence de communication, dirigée par Stéphane Fouks, ». Le même journal écrit le 7 juillet 2020 : « Dans les ministères, de très nombreux conseillers ont également été formés chez Havas, comme Ségolène Redon, responsable de la communication du ministre de la santé, Olivier Véran, ou Edouard Montchamp, communicant de la secrétaire d’État Christel Dubos. » Catherine Doumid qui a été directrice associée chez Havas Paris et qui fut nommée, en 2017, conseillère communication, presse et opinion au cabinet du ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, en 2019 elle prend en charge les relations extérieures de Radio France, en particulier des relations institutionnelles et internationales du groupe. Nathalie Mercier qui a travaillé de 1995 à début 2005, auprès de Bernard Sananes, Stéphane Fouks et Laurent Habib chez Euro RSCG, était conseillère communication de Nicolas Hulot ; lorsqu’elle quitta son poste Nicolas Hulot fit appel à une pointure de la gestion de crise politique : Stéphane Schmaltz qui a travaillé au sein d'Euro RSCG et fut vice-président d’Havas Paris et conseiller de Vincent Bolloré, avant de fonder le cabinet de conseil Le Pouvoir des Idées qui a rejoint le groupe BVA. Anne Descamps, ancienne de l’agence Havas, était conseillère presse et communication au cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie (août 2014 à août 2016), puis elle a été responsable du développement et de la communication de La République en marche (LREM) avant d’être nommée à la tête de la communication du comité d’organisation des JO de 2024. Fermons le festival par Marlène Schiappa (ministre) qui fut une employée éphémère de Havas en 2005 jusqu’à la naissance de sa première fille en 2006, et Mounir Mahjoubi (ancien ministre) a été pendant deux ans directeur général adjoint de BETC Digital une filiale de Havas. Au-delà de cette liste édifiante sur la prégnance des communicants, notamment aujourd’hui, de l’Agence Havas il faut s’interroger sur le rôle qu’on put jouer quatre personnages de l’Agence Havas dans l’ascension puis l’installation d’Emmanuel Macron : Yannick Bolloré, Jacques Séguéla, Stéphane Fouks, Ismaël Emélien.

 

Yannick Bolloré, président-directeur général du groupe Havas, a assisté au premier rassemblement d'Emmanuel Macron, organisé le 12 juillet 2016 à la Maison de la mutualité. Médiapart, dans son édition du 14 juillet 2016, rapporte que selon de bonnes sources au sein d’Havas « la présence [de Yannick Bolloré] au meeting obéissait à un motif purement personnel : Emmanuel Macron n’aurait pas enrôlé l’agence pour l’aider dans sa communication. Yannick Bolloré serait venu par intérêt personnel. » Existe t il réellement une frontière étanche entre l’intérêt privé manifesté par de la curiosité et l’intérêt professionnel ? Comme par hasard, mais il est des hasards heureux, depuis 2017, l’agence est revenue en grâce dans les cercles du pouvoir alors que François Hollande, qui s’en méfiait, avait recommandé aux membres du gouvernement d’éviter autant que possible de s’entourer de conseillers passés par cette agence influente. Les recommandations de François Hollande n’empêchèrent pas quelques sous-marins ou quelques taupes d’infiltrer des ministères comme nous l’avons vu pour Sacha Mandel au ministère de la défense et Marion Bougeard après de Manuel Valls. Il y avait aussi un certain Ismaël Emélien qui occupait la fonction de conseiller en communication du ministre de l’Économie : un certain Emmanuel Macron.

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On a vu dès juin 2017 les ministères, qu’il s’agisse du ministre ou des conseillers, se teinter aux couleurs de l’Agence Havas.

 

Faut-il voir dans ces nominations, tellement nombreuses, un retour d’ascenseur ? Il ne viendrait à l’idée de personne que l’Agence Havas soit intervenue directement, in personae, dans l’Affaire Fillon, mais le déferlement d’informations, distillées au jour le jour à partir de la parution de l’article du Canard Enchaîné le 25 janvier 2017, interroge la relation triangulaire qui existe entre les politiciens, les communicants et les journalistes. Les politiciens et communicants dont nous venons de voir les relations quasi intimes, se sont souvent croisés sur les mêmes bancs de l’université comme I. Emélien et Stanislas Guérini. Cette intimité, dont on ne saurait évacuer la qualité de la dimension amicale, amène à de fréquentes rencontres informelles au cours desquelles on discute de tout, de rien, des uns et des autres ne négligeant jamais de chercher à rendre service ou de lancer quelques piques contre tel ou tel. Nous pouvons écrire le même schéma concernant les relations entre journalistes et communicants sans oublier que ceux-ci apportent aux organes de presse à travers la publicité la manne financière dont ils ont besoin. Une entreprise comme Havas a besoin pour s’assurer un confortable portefeuille de clients importants, notamment ceux du CAC40, de pouvoir leur garantir sa capacité d’influence dans le monde politique comme nous l’avons vu « Pour Stéphane Fouks, à la tête de la plus grosse agence de communication d’influence française, rien n’est plus précieux que ses relais politiques, qu’il peut vendre ensuite à ses nombreux clients du CAC 40 (LVMH, Orange, BNP…). » (Dans Les Jours, 31 janviers 2017). Les officines de communication sont d’autant plus efficaces qu’elles ont dans leur escarcelle un catalogue important de politiciens importants et de tout bord, mieux encore si elles peuvent montrer l’existence de relations avec des politiciens en position de décideurs ; il est donc essentiel pour elles de pouvoir infiltrer les partis politiques et surtout les ministères ce qui en outre leur ouvre de nombreuses possibilités de marchés juteux comme l’organisation de la soirée à Las Vegas pour mettre en valeur Emmanuel Macron.

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Mais, on s’aventurera en terrain plus sûr en évoquant un travail et une guerre de communicants, armés par « des inconnus », qui sont plus armés ou compétents pour faire du lien, transmettre des informations, entre les politiciens et les journalistes.

 

Quels ont été la place et le rôle d’Emanuel Macron dans cette manœuvre ? Personne ne pensera qu’il aura ourdi quoique ce soit pour abattre Fillon, mais il n’a, comme Sarkosy, rien fait pour calmer le jeu et rendre un peu de sérénité sinon à la Démocratie du moins à cette campagne électorale. N’omettons pas de nous souvenir qu’Emmanuel Macron est un homme ambitieux avide de pouvoir et imprégné de stratégie communicationnelle qui agit dans la droite ligne de la théorie énoncée par Edward Barnays dans son livre Propaganda pour qui la politique est devenue un objet marketing comme un paquet de lessive, et que désormais elle est loin de la promotion d’idées visant à l’amélioration du bien commun et du bienêtre des populations. Ainsi, Stéphane Fouks, vice-président d’Havas Group, déclarait au Parisien le 20 août 2017 : « Emmanuel Macron a une écriture moderne adaptée à son époque, en l'espace de deux mois, il a su produire une dizaine d'images de son action qui restent gravées dans les mémoires des gens : la soirée du Louvre, la remontée des Champs-Élysées seul sur le Command car, la poignée de main avec Trump [...] il est présent tout le temps car il est seul à produire des images et du son. » S’intéresse-t-on aux idées moins qu’à la communication ? Là n’est pas la question dans ce livre, la question ici a été d’essayer de comprendre comment et pourquoi l’Affaire Fillon est advenue, comment et pourquoi elle a été ainsi feuilletonnée, et qui pouvait être à la manœuvre.

 

Ce chapitre qui s’achève ne montre et ne prouve en rien la culpabilité de qui que ce soit dans le déclenchement et la conduite d’une stratégie volontaire qui visait à abattre le candidat François Fillon. Toutefois il ouvre sur des hypothèses et des axes de réflexion à propos du fonctionnement du « microcosme politique » auquel les citoyens confient le destin du pays. Il renforce l’ensemble du livre dans une lecture d’un monde politique qui s’est élargie au monde des affaires et à celui de la presse -l’un est l’autre étant d’ailleurs de plus en plus mêlés- et qui s’est éloigné du « monde des citoyens ». Là où les citoyens attendaient du politique, au sens de Paul Ricoeur, qui s’occupe de bienêtre et de bien commun, ils n’ont qu’une image marketing d’un prêt-à-penser auquel ils sont sommés de se soumettre.

 

Nous ne saurons vraisemblablement jamais qui a écrit cette sinistre pièce du théâtre politique sans doute inspirée par un banal règlement de compte politique et mise en scène par une toute aussi banale pratique journalistique. Mais l’histoire retiendra qu’ils ont été nombreux, quelle que soit leur profession, à amener leur pelletée de sable dans la construction nauséabonde de cette « Affaire ». Il reste à s’interroger sur ce qu’en ont compris les électeurs et comment ils ont réagi. Où était la morale, qu’ont fait les citoyens, qu’est devenue la démocratie ?


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