Macron : la même impasse, l’arrogance en plus
par Laurent Herblay
mercredi 10 octobre 2018
Macron a été élu par défaut malgré bien des faiblesses, face à des partis traditionnels démonétisés ayant choisi de mauvais candidats, et des alternatifs trop repoussants. J’avais soutenu, que son élection serait peut-être une bonne opportunité de vrai changement en 2022. Sa descente aux enfers, que le voyage aux Antilles ne corrigera pas, pourrait bien le confirmer.
Le pire de l’ancien monde, encore pire
Les sondages de la rentrée ont sonné le glas de cette présidence. Car ils ne sont pas un mouvement d’humeur momentané, mais une vraie fracture qu’il sera probablement impossible de réparer. Macron n’a gagné du fait de l’extrême faiblesse de ses opposants comme le montraient le détail des votes avec le très faible nombre de votes que lui et sa majorité ont réunis. Beaucoup ont probablement sur-estimé l’adhésion des Français à ce discours. Après tout, diriger la France au centre est une idée des années 1970 et Macron a repris bien des codes du giscardisme. Et sur le fond, il ne fait qu’adhérer à la pensée unique qui domine dans les cercles du pouvoir depuis pas moins de 35 ans.
Ce fils politique de Sarkozy et Hollande ne propose absolument rien de nouveau sur le fond. Nous avons droit aux mêmes politiques dans tellement de domaines : déconstruction du droit du travail, baisse des taxes pour les riches et le monde des affaires, et austérité pour tous les autres. Et sur la forme, c’est aussi la même chanson, avec cette culpabilisation permanente des petits (ces Français qui ne chercheraient pas vraiment à trouver un emploi) et une victimisation des plus forts, le tout habllé dans le langage pseudo moderniste du moment : le discours sur la « start up nation » n’étant pas moins ridicule que Mitterrand disant « cablé » au JT dans les années 1980.
Et ce qui apparaît aujourd’hui, c’est l’inefficacité complète de la politique économique menée par Macron. Passés les effets d’aubaine de la baisse des taux, de l’euro et du pétrole, la croissance recule, le chômage ne baisse presque pas, malgré son niveau très élevé. Bref, les dizaines de milliards dépensés par Hollande l’ont été en vain et les premiers choix du mandat de Macron n’ont rien apporté au pays, se contentant d’être des effets d’aubaine pour les plus riches. Le logiciel est le même que celui qui échoue depuis des décennies, Macron ne faisant que suivre la route oligolibérale en accélérant. Il apparaît pour ce qu’il est : le président qui donne aux riches et prend aux pauvres.
Pire, s’y ajoute un ton profondément détestable. Ce que ses conseillers appellent le « parler-vrai », dans un nouveau parallèle avec Sarkozy, est encore plus vulgaire que celui qu’il avait conseillé dans la commission Attali. Car si ce dernier manquait de retenue, cela était bien moins fréquent, et surtout, ne comportait pas cette arrogance crasse, à nouveau exprimée dans ses conseils pour trouver un travail. Macron, ce n’est pas seulement le président des riches, mais le président qui prend les Français pour des cons fainéants et racistes. Ces coups de communication grossiers qui ne cessent de se retourner contre lui, comme aux Antilles, ne font que rendre cela encore plus insupportable.
Il n’était pas surprenant que la bulle Macron, bien plus petite et fragile que certains ne le croyaient, éclate assez vite. Le parti-pris oligarchique plus poussé que jamais, totalement inefficace, contraste de manière très dure avec l’assurance d’un président décidément bien léger dans sa façon de se comporter, comme il l’a de nouveau montré aux Antilles. Le chant du cygne pour la pensée unique ?