Macron, le président carabistouille

par olivier cabanel
lundi 18 juin 2018

Les mois d’exercice du pouvoir du nouveau président font la démonstration cruelle qu’il fait souvent exactement le contraire de ce qu’il avait promis.

Petit résumé de la réalité.

« Carabistouille », ce mot un peu désuet nous a été proposé récemment par Emmanuel Macron.

D’après le Larousse, ce mot, plus courant chez nos voisins outre-Quiévrain que chez nous, a comme synonymes « bêtises, fariboles »...bref, mensonges. lien

« Il ne faut pas raconter de carabistouilles » déclarait-il un certain jeudi 12 avril 2018. lien.

Sauf que finalement, depuis le 1er jour de son élection, il n’a cessé d’en raconter.

La preuve :

Le 23 juin 2017, Macron avait dit au sujet des migrants : « nous devons accueillir les migrants, car c’est notre tradition et notre honneur ».

Près d’un an après, le même détourne pudiquement le regard, alors que l’Aquarius, navire affrété pour sauver de la noyade des migrants, ne peut accoster en Italie, ce pays qui a déjà accueilli en 20 ans un million de migrants, (lien) alors que la France, en une seule année, n’en a accueilli que 1330...sur les 30 000 promis. lien

Encore mieux, au lieu de balayer devant sa porte, Macron n’hésite pas à s’en prendre à l’Italie, traitant le gouvernement de ce pays d’irresponsables cyniques. lien

Pire... les mesures prises par le ministre de l’intérieur est fait de procédures expéditives, des recours non suspensifs, des détentions administratives... ce sont les ingrédients dénoncés par des députés européens que la France a mis dans la loi.

Pour être admis en France, faudra-t-il, à l’instar de ce migrant malien Mamoudou Gassama qui a sauvé un enfant d’une mort certaine, accomplir un acte exceptionnel ?

C’est peut-être l’occasion d’évoquer d’autres migrants devenus célèbres depuis : Alaa El Ghoneimi, ce grand chirurgien, (lien) ou Tobie Nathan, l’écrivain et psychanalyste (lien)...ou même Tran Anh Hung, le cinéaste (lien), sans oublier l’écrivain Alain Mabanckou (lien) ou l’avocat historien Serge Klarsfeld, (lien) celui qui a traqué les ex-assassins nazis... et même Alfredo Arias, le grand metteur en scène. lien

La liste de ces français célèbres qui ont été migrants est longue, si longue qu’elle a fait l’objet d’un livre, celui d’Isabelle Monnin et Doan Bui : « ils sont devenus français » (éditions JC Lattès/2010).

Allons maintenant dans le monde de la santé.

C’est le 4 février 2017 que Macron avait dit : « l’hôpital est la clef de voute de notre système de santé » ...lien

La réalité est tout autre : lors d’une visite dans l’un de ces hôpitaux au bord du burn-out, il a argumenté dans le sens inverse : « mettre des moyens sans faires les choses, qui pour moderniser, accompagner, transformer, avoir parfois du bon sens, c’est pas aider les gens, parce qu’à la fin, c’est vous qui payez, il n’y a pas d’argent magique  ».

Bref, on a compris... pas d’argent pour les hôpitaux, et toujours moins de personnel... il faut se serrer la ceinture, la France doit économiser, et ce sont les hôpitaux qui trinquent... et les patients, par conséquence.

Prenons le cas des sans abri.

C’est le 27 juillet 2017 qu’il avait déclaré : « je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues  ». lien

A la fin de l’année, il y avait encore 3000 femmes ou hommes qui dormaient encore dans les rues de la capitale...et 143 000 dans tout le pays. lien

Personne n’a oublié que le candidat Macron avait promis « l’assurance chômage pour tous », elle a été vidée de sa substance le 2 mars dernier. lien

Au sujet de l’environnement, il avait aussi beaucoup promis.

Le 2 juin 2017 il déclarait : « make our planet great again »...et là c’est un gouffre qui s’est ouvert entre les promesses et la réalité.

Il sera difficile de tenir à 50% la part du nucléaire d’ici 2025 »... affirmait Hulot.

Le même ne voulait pas s’alarmer de la disparition des insectes le 9 novembre 2017.

Alors quelles mesures a pris ce président qui voulait « make our planet great again » ? lien

Il avait lancé une action, en juin 2017, et a dévoilé le nom des gagnants le 11 décembre dernier.

Il s’agissait de « gagner la bataille contre le changement climatique », et il encourageait alors les lauréats twittant : « vous allez nourrir la vitalité dont nous avons besoin ». lien

Il semble bien qu’on soit resté sur notre faim, puisqu’on découvrait dans les colonnes du « Monde  » du 22 novembre 2017 que l’état supprimait les aides au maintien de l’agriculture bio, alors que 15 000 scientifiques poussaient un cri d’alarme sur l’état de la planète le 13 novembre 2017. lien

De plus, le CETA, signé par ce gouvernement, aura un impact défavorable sur l’environnement, d’après une commission d’experts. lien

Et si on parlait retraites ?

C’est lors d’une interview menée tambour battant par Jean-Jacques Bourdin, que le candidat Macron déclarait : «  je ne veux pas moi, faire des économies sur le dos, ni des retraités, ni de celles et ceux qui sont à quelques années de prendre leur retraite (...) je ne toucherais pas leur CSG  ». lien

Ça ne l’a pas empêché de prélever 1,7 point de  CSG sur la retraite de ceux qui dépassait 1200 €.

C’est dans cette même émission qu’il promettait aussi « un 13ème mois pour toutes les femmes et tous les hommes qui travaillent au SMIC »...émission qu’il faut réécouter attentivement, car nombreux sont les sujets abordés, ainsi que les promesses non tenues, les reniements. lien

Allons dans le monde de l’éducation.

C’est le 17 juillet 2017 qu’il avait affirmé : « il n’y aura plus de fermetures de classes dans l’école primaire ». lien

Et « en même temps », c’est le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, qui a annoncé, le 5 mars 2018, la fermeture de 200 à 300 classes en milieu rural. lien

La situation a énervé Guillaume Peltier, vice-président des « Républicains » qui l’a accusé d’avoir menti aux français (lien)...et Christophe Castaner, le délégué de LREM lui a répondu benoitement : « nous étions en juillet, il parlait de la rentrée de septembre », continuant : « la promesse a été tenue, qu’il y ait des classes qui ferment et des classes qui ouvrent, c’est normal...  ». lien

Le vice-président des « Républicains » avait pourtant enfoncé le clou affirmant, d’après les informations qu’il avait obtenu, qu’en réalité 800 classes avaient été fermées dans les écoles rurales de France.

Quant aux impôts, dont Macron avait annoncé la baisse, c’est le contraire qui s’est passé en réalité parce qu’il y a eu de multiples augmentations de charges immédiates : le tabac, le carburant, (diésel, essence, gaz) le stationnement...

Le cabinet d’audit Ernst & Young a comptabilisé pas moins de 8 nouveaux prélèvements dans la loi finances 2018. lien

D’ailleurs l’INSEE a bel et bien constaté une augmentation des prélèvements de 4,8 milliards en 2018. lien

Voici le tableau, contesté par quelques-uns, des nouvelles taxes Macron :

En fait, celui qui était le conseiller économique, puis le ministre de l’économie de l’ex-président a tout bonnement appliqué la même stratégie que ce dernier : « on redresse d’abord les finances, et plus tard on redistribuera »...

Mais qui peut le croire ?

Et puis, il faut savoir quel est le vrai coût du prix du travail dans notre pays : quand un patron donne 150 € à son employé, ce dernier ne va disposer en réalité que 39 € après les prélèvements divers et variés du gouvernement.

Pourtant c’est le 13 juin dernier, lors de son discours au congrès de la mutualité, que Macron, celui que tout le monde, ou presque, appelle maintenant le « président des riches » a étalé le fond de sa pensée évoquant le « pognon de dingue dans les minima sociaux (...) ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres  ».

Mais on pourrait lui rétorquer : « ce qui coûte un pognon de dingue », c’est de se payer un Falcon pour parcourir 110 km (lien) ou de se payer des crèmes anti-âge pour 78 000 euros. lien

Comme l’écrit Guillaume Liégard dans les colonnes de « Regards » : « il (Macron) est totalement contredit par les politiques publiques à l’œuvre. Ne prenons en exemple qu’un seul cas de figure, celui de la médecine scolaire, ou tout au moins ce qu’il en reste. En Seine Saint-Denis, 17 des 49 postes de médecins scolaires n’étaient pas pourvus il y a peu. Pour se faire une idée plus précise du désastre, à Bobigny, préfecture du département, il n’y aurait plus qu’un demi-poste pour 29 écoles, 4 collèges et 3 lycées ».

Macron a aussi déclaré « il faut prévenir la pauvreté et responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté ».

Et le journaliste de commenter : « car bien sûr, s’il y a de la pauvreté, c’est parce que les gens sont irresponsables, ils s’y complaisent mon bon monsieur, des assistés, Jupiter vous le dit ». lien

La Bajon, cette humoriste qui nous propose une vidéo qui manie un cruel second degré, a déjà tout compris. vidéo

C’est surement l’explication de cet œuf qui volait très bas, au dernier salon de l’agriculture. Lien

Comme dit mon vieil ami africain : « les dents ont beau rire, le cœur sait la blessure qu’il porte ».

L’image illustrant l’article vient de communcommune.com

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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